Paris- Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, va fêter le Nouvel An avec les militaires de l’opération Barkhane qui traquent les groupes jihadistes au Sahel afin de contenir la menace terroriste aux portes de l’Europe.
"Barkhane est de loin le théâtre le plus intense pour les opérations françaises et le Sahel le foyer terroriste le plus menaçant pour l’Europe",
souligne-t-on dans l’entourage du ministre, même si la France est aussi
engagée dans des opérations aériennes contre le groupe Etat islamique en Irak.
M. Le Drian va réveillonner mercredi à N’Djamena avec les forces françaises
stationnées au camp Kosseï, qui abrite le poste de commandement de Barkhane.
Il poursuivra jeudi et vendredi sa tournée du dispositif Barkhane,
notamment à Niamey où sont stationnés des moyens de renseignement (drones
Reaper et Harfang) et à Gao, pilier terrestre pour les opérations au Mali.
Plus de 3.000 militaires français sont déployés sur cinq pays de la bande
sahélo-saharienne - Mauritanie, Mali, Tchad, Niger et Burkina-Faso - où ils
combattent les groupes islamo-mafieux qui se jouent des frontières et
déstabilisent la région.
Les forces armées nationales du "G5" participent également aux actions de
Barkhane, la France souhaitant que les pays de la région s’impliquent plus
directement dans leur sécurité et coopèrent plus étroitement entre eux face
aux nouvelles menaces terroristes.
L’opération Barkhane (baptisée du nom d’une dune), qui a fusionné en août
2014 différents moyens militaires français préexistants (Serval au Mali et
Epervier au Tchad), "est un concept nouveau, du contreterrorisme qui associe
tous les pays de la zone sahélienne avec des opérations militaires
conjointes", insiste Jean-Yves Le Drian.
En un an, 200 jihadistes ont été tués dans le cadre de Serval puis
Barkhane, dont une douzaine de responsables, parmi lesquels le bras droit au
Mali de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, l’un des principaux chefs d’Al-Qaïda au
Maghreb islamique.
- Le bourbier libyen -
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Mais Barkhane est aussi confrontée à de nouveaux défis au nord, avec le
développement de foyers jihadistes en Libye, et au sud où le groupe islamiste
armé nigérian Boko Haram déborde sur le Cameroun et le Niger.
Pour tenter de stopper les flux de jihadistes qui ont trouvé refuge dans le
sud de la Libye à la faveur de l’anarchie politique ambiante et essaiment de
là vers le nord du Mali et du Niger, l’armée française a installé un poste
avancé à Madama, à une centaine de kilomètres de la frontière libyenne, dans
l’extrême-nord nigérien.
De plus en plus inquiets face au bourbier libyen, où les combats font rage
entre forces gouvernementales et milices islamistes, plusieurs chefs d’Etat de
la région, dont le Tchadien Idriss Deby, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta et
le Nigérien Mahamadou Issoufou, réclament une intervention militaire
internationale dans ce pays.
Mais la communauté internationale préfère s’en tenir pour l’heure à la
recherche d’une solution politique, sous l’égide des Nations unies, qui paraît
toutefois de plus en plus hypothétique devant la violence des affrontements.
Le ministre français de la Défense, qui ne cesse de tirer la sonnette
d’alarme sur la situation en Libye, aura l’occasion de s’entretenir de cette
question avec les président tchadien, nigérien et malien lors de sa tournée du
Nouvel An.
"En 2015, l’Union africaine, les Nations unies et les pays voisins devront
se saisir de cette question sécuritaire brûlante", a-t-il anticipé dans le
Journal du Dimanche.
M. Le Drian se rendra notamment mercredi dans le fief d’Idriss Deby à Am
Djaress (nord-est du Tchad) à l’occasion de la fête des armées tchadiennes.
Le 31 décembre 2013, il avait fêté le Nouvel An à Gao, d’où les jihadistes
avaient été chassés quelques mois plus tôt par l’armée française, et le 31
décembre 2012 en Afghanistan d’où les Français se retiraient.
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