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Kassoum Moctar : Pourquoi est-il en prison ?
Publié le vendredi 2 janvier 2015   |  Actuniger.com


Kassoum
© Autre presse par DR
Kassoum Moctar, président du conseil de ville de Maradi


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Des informations, les unes plus folles que les autres, circulent ces derniers temps tant Maradi, Niamey et ailleurs au Niger, à propos de la destitution puis de l’incarcération à la prison civile de Kollo de Kassoum Moctar, l’ex Maire central de Maradi et Président du tout nouveau parti CPR - INGANTCHI. Des « rumeurs » qui profitent du mutisme de la Justice, emmurée dans son traditionnel secret d’instruction.

Aujourd’hui les questions que se posent les maradawa et les nigériens qui suivent attentivement ce feuilleton, sont les suivantes ? Kassoum Moctar est-il véritablement victime d’un complot en vue de neutraliser, voire « liquider » son leadership naissant ? Qu’est-ce que la HALCIA, la Justice et les pouvoirs publics lui reprochent-ils exactement ?

La théorie du complot

Commençons par la toute dernière des nouvelles, celle qui fait actuellement le buzz dans les fadas de Maradi. Elle annonce la libération très prochaine de Kassoum Moctar. Ses partisans sont catégoriques là-dessus : Leur Président sortira de prison dans, tout au plus, deux semaines. Il aurait pu être libéré depuis longtemps, d’après eux, ce qui a retardé les choses, c’était l’absence hors du Niger du juge chargé du dossier. A présent que celui-ci est de retour, il ne tardera pas à prononcer la relaxe ou la remise en liberté provisoire en faveur de leur jeune leader. Car le dossier est vide, estiment-ils.

Auparavant, ces inconditionnels ont propagé dans les médias d’autres informations accusant nommément des ressortissants de la région de Maradi comme étant à la base d’un complot visant à l’élimination politique de l’ex maire de Maradi. La première des personnes citées est Cheffou Amadou Président du RSD, parti dont Kassoum Moctar était membre jusqu’à sa destitution. Au tout début du feuilleton, ses partisans n’ont pas hésité à pourfendre « le Vieux » Cheffou Amadou qu’ils ont accusé d’être à l’instigation de la chute de leur « jeune » leader. Juste parce que ce dernier est « populaire » et qu’il menaçait sérieusement le leadership de son ainé au sein du RSD. Toujours dans la catégorie des « vieux comploteurs » les partisans de Kassoum citent volontiers les noms de Elh Watchi, président régional du RSD, Kalla Hankouraou coordonnateur régional PNDS, Elh Oumarou Laouali Gago leader des commerçants de Maradi, tous accusés d’avoir instigué ou de se rejouir de la chute du « petit ».

Dans la catégorie des « grands frères », c’est un autre « ressortissant » de Maradi qui est accusé par les partisans de Kassoum Moctar, d’être à l’origine de son arrestation. Ibrahim Yacouba, actuel DIRCABA à la Présidence de la République, aurait été à la manœuvre qui a abouti à l’incarcération de « l’enfant prodige », soutiennent ses partisans. Les raisons avancées sont encore plus scabreuses. Il se raconte ici à Maradi qu’au quartier Bouzou Dan Zambadi (NDLR : Ibrahim Yacouba et Kassoum Moctar sont tous les deux natifs du quartier BDZ), Ibrahim Yacouba n’a aucun partisan et que, même sa propre famille est « pro Kassoum ». En effet, au moins deux membres de sa fratrie sont reconnus comme étant les plus proches amis et soutiens zélés de Kassoum Moctar et que ceux-ci, d’après, ont catégoriquement refusé d’adhérer au PNDS comme le leur a intimé le « grand frère ». Une « défaite » qu’Ibrahim Yacouba aurait mal digérée, considèrent les partisans de Kassoum Moctar.

Comme on le voit, la communication de Kassoum Moctar puise allègrement dans les bonnes vieilles recettes, celles de la théorie du complot, de la victimisation, de l’exploitation du légendaire conflit des générations. Et il semble que ça marche. En atteste les déclarations de soutiens en sa faveur qui fusent de partout.

Un dossier judiciaire épais

« La prédation que Le Petit a organisé à Maradi en 3 ans, aucun responsable n’a pu le faire de toute l’histoire récente du Niger… » Dixit Abdou Dan Neito, acteur de la Société Civile maradienne. En effet, d’après les indiscrétions rassemblées et compulsées autour du dossier, Kassoum Moctar est poursuivi pour au moins 20 chefs d’accusation.

Le grief qui fait le plus saliver ses détracteurs, est son « enrichissement illicite ». D’après certaines sources, la fortune amassée par Kassoum Moctar à la tête de la Ville de Maradi, s’élèverait à plus de 2 milliards de FCFA. Il aurait à son actif, outre des prises dans des sociétés et entreprises gérées par ses amis, des véhicules, des champs, des jardins, plusieurs maisons dont un « château », alors qu’il n’a déclaré aux enquêteurs qu’une maison et … une brebis. Son château « Doron Zabo » sis au quartier Ali Dan Sofo (ADS), attire naturellement tous les regards. En particulier ceux des enquêteurs de la HALCIA qui l’ont visité et photographié à plusieurs reprises. Sur place, parait-il, ils ont trouvé des détails qui confirment l’ampleur de la gabegie reprochée au « petit ». Des meubles importés directement de Dubai, des écrans plats grand format dans toutes les chambres et des vases de décoration en céramique de grande valeur à n’en point finir !

Pour comprendre cet enrichissement excessif du jeune ex maire de Maradi, il suffit de poser quelques questions à ses anciens collaborateurs. « Voleur », « détourneur de deniers publics », sont les mots qui sortent facilement aujourd’hui pour qualifier leur ex patron. Pour eux, ce qui symbolise le mieux sa volonté de faire main basse sur les ressources de la ville de Maradi, c’est sans conteste, la mise en place, par ses soins, de ce qu’on appelle ici « la régie financière ». Une sorte de dispositif financier « offshore » où transite la plus grande partie des taxes collectées par la ville de Maradi, en particulier des taxes dites « fictives », des taxes dénoncées avec véhémence par le Directeur Régional des impôts dans une lettre datée du 18 avril 2014. Pour soustraire « le dispositif mafieux » des regards indiscrets, il a été délocalisé hors de la mairie, de sorte que le receveur municipal, qui devrait normalement encaisser toutes les recettes de la mairie, ne savait même pas ce qui s’y passait. Les enquêteurs de la HALCIA ont « visité » à plusieurs reprises « la régie financière » et auditionné l’ensemble du personnel. Le rapport circonstancié contenant l’évaluation des sommes détournées, n’a pas encore été publié.

Parmi les autres entrées qui lui ont permis de s’enrichir, ses anciens collègues de la mairie citent le dossier des parcelles et des espaces publics qui ont été morcelés et vendus, souvent à un petit cercle qu’il contrôle et qui organise par la suite la spéculation. L’ensemble des conseillers sont impliqués dans cette opération frauduleuse. Un bizness très lucratif qui a contribué à arrondir significativement son pactole. Les conséquences de cette spéculation sont aujourd’hui visibles dans la ville de Maradi où la quasi-totalité des espaces publics sont vendus, les rues, les passages des piétons et mêmes les devantures de certains établissements, tout a été compartimenté, numéroté et vendu. L’autre aspect explosif de ce volet concerne les dizaines de plaintes déposées contre le sieur Kassoum Moctar par les propriétaires de champs et les propriétaires terriens de Maradi et des villages alentours qui ont vu leurs espaces morcelés et vendus sans la moindre contrepartie.

Toujours pour justifier l’enrichissement du « petit », ces anciens collaborateurs évoquent également les commissions et autres rétrocessions issues de la surfacturation des marchés publics exécutés par des entreprises que beaucoup d’entre eux n’hésitent pas à qualifier de « prête-nom ». A leurs yeux, la quasi-totalité des marchés publics lancés par la Ville de Maradi ont été surfacturés ou exécutés par Kassoum Moctar lui-même via une entreprise fantoche. Ils citent volontiers le marché de l’électrification de la ville à l’appui de leurs allégations.

Sur toutes ces « affaires » et sur tant d’autres non évoquées ici, nombreux sont les observateurs qui pensent que Kassoum Moctar ne pouvait rester indéfiniment en liberté et qu’il serait plus judicieux pour lui, d’adopter un profil bas plutôt que de parader ostentatoirement.

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