Cet homme, on aurait aimé continuer à le respecter, à l’épargner de certaines analyses on ne peut plus objectives qui pourraient déplaire. Mais le désir ardent de se faire maintenir à un poste le rend ivre, au point de perdre sa lucidité et sa sagesse. Sur une télévision privée de la place, l’homme s’était donné à un show dont l’exubérance a surpris pour un homme connu pour être sobre. L’envie de manger peut coûter des folies...
Les Nigériens ont donc écouté le ministre Sala Habi. Tellement il a appris à louer, à flatter même. Il est fier d’être sauvé par la Renaissance même s’il faut entendre que c’est lui, répondant à l’appel, qui aurait sauvé le régime qui, à l’entendre dans ses élucubrations, n’a fait que du bien au pays. Peut-être qu’il confond sa personne au Niger.
Il faut le lui concéder. Le pouvoir grise surtout quand on y entre lorsqu’on est désespéré. Ces belles choses, dit-il, sont si imposantes qu’il faut porter des lunettes en bois pour ne pas les voir. Voilà bien qui dit que Sala Habi est allé à l’école de Ben Omar, l’ex-futur président de l’Assemblée Nationale, prêtant sa rhétorique « prêt-à-porter » à un « bleu » de la Renaissance. Ainsi va le Niger...
Dans ses salons douillets, c’est Sala qui portait des lunettes en bois. L’homme était dans la confusion pour justifier sa place dans la Renaissance. Il n’a pas à se faire un problème de conscience : les Nigériens ont compris et le pardonne. C’est normal. Son exemple pour justifier que même Lumana savait que le régime faisait tellement de biens est impudique et assez osé. C’est faire preuve d’amnésie. S’il y a une chose qui a brouillé les relations entre Hama et Issoufou c’est bien les discours que tenait le président de l’Assemblée Nationale, ressassant des vérités et des critiques à l’endroit de l’exécutif (le rôle normal du pouvoir législatif), relativement à des choses qui ne marchaient pas bien et qu’il aurait fallu mieux gérer.
Ces discours de Hama étaient si bien écoutés par les Nigériens que le pouvoir les percevait comme sévèrement critiques, voire accusateurs au point de déplaire aux Camarades qui ne veulent pas entendre ces vérités qui fâchent qui, plus, viennent d’un allié. Or, il s’agissait d’aider un partenaire politique à comprendre mieux en l’aidant par une critique qui ne se veut pas malveillante par ailleurs afin de voir les faiblesses de sa gouvernance. C’est mal aider un allié que de le suivre béatement sans l’aider à mieux voir, à bien réfléchir. Lumana ne voulait pas être un mauvais ami. Mais le Guri ne veut pas d’un tel ami. Il veut des béni-oui-oui. Il ne veut pas d’une opposition et c’est pour cela qu’il s’est fabriqué une opposition qui participe au gouvernement. Sala Habi est désormais inscrit dans cette école politique made in Guri. Sa réflexion ne surprend pas. Dans cette école, on réfléchit « alimentairement ».
Alors, l’on avait cru que Hama, dans la majorité, jouait l’opposant. Les Nigériens retiendront que Hama et son parti avaient objectivement voulu aider ce régime mais ses ténors ont refusé. Après près de quatre ans de gestion Issoufou lui-même dans son discours du 18 décembre, comme pour donner raison à Hama Amadou, fait le constat accablant de son échec. Qui mieux que lui, peut le savoir ? En tout cas pas Sala, l’homme de la dernière heure. Sa sortie a juste montré qu’il est fier d’avoir trouvé enfin à « manzer » avec un frère. Point barre comme dirait l’autre.