DAKAR/NIAME- Vingt mille Nigérians ont fui au Tchad, au Niger et au Cameroun au cours des deux dernières semaines après une vague d'attaques des islamistes de Boko Haram contre des villes et villages du nord du Niger. Amnesty International juge possible que les combattants de la secte sunnite aient tué jusqu'à 2.000 personnes autour du 3 janvier dans la région de Baga. L'armée nigériane a donné lundi un bilan d'au moins 150 morts, y compris des activistes. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime qu'au cours des dix derniers jours, 6.000 Nigérians ont trouvé refuge au Cameroun, à l'est, et 1.500 autres au Niger, au nord.
Le Tchad dit pour sa part que 13.000 personnes ont pénétré sur son territoire, dans la région du lac Tchad. Certains ont péri noyés en tentant de fuir, d'autres se sont retrouvés bloqués sur des îles du lac, attendant d'être secourus par bateau.
"Nous nous préparons à une aggravation de la situation", prévient Karl Steinacker, représentant du HCR au Niger, où 150.000 personnes ont déjà trouvé refuge depuis le début des attaques de Boko Haram au Nigeria, il y a cinq ans. Selon Karl Steinacker, cet afflux de population a particulièrement touché la région de Diffa, dans l'est du Niger près de la frontière nigériane, où la situation se tend en raison d'un contexte économique difficile. "A Diffa, les gens ne peuvent plus franchir la frontière pour aller travailler au Nigeria car c'est trop dangereux. Mais les agriculteurs exportent leurs produits au Nigeria, où les prix sont plus élevés à cause de la violence. Du coup, les locaux ne peuvent pas s'offrir à manger", a dit le représentant du HCR, contacté par téléphone à Niamey. Les autorités nigériennes ont annoncé lundi le lancement d'une opération d'urgence d'un montant de 20 milliards de francs CFA (30 millions d'euros) pour les réfugiés de Diffa.
Un premier chargement de 800 tonnes de céréales, 1.880 couvertures et 2.200 moustiquaires est en cours d'acheminement, a déclaré le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique Hassoumi Massaoudou. Ce dernier a lancé un appel aux dons pour aider les réfugiés du Niger. En début de mois, le Tchad avait déjà sollicité une aide humanitaire tandis que le Cameroun a réclamé une aide militaire pour l'aider à combattre Boko Haram. En octobre 2014 à Niamey, le Nigeria, le Niger, le Tchad et le Cameroun ont annoncé qu'ils avaient décidé de coordonner leur réponse militaire contre la secte islamiste mais l'accord est resté lettre morte, selon des sources aux Nations unies.
(Misha Hussain, Abdoulaye Massalaki; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)