Le Comité international de la Croix rouge (CICR) a jugé mercredi "très préoccupante" la situation humanitaire dans l'est du Niger, où il a nourri en 2014 plus de 45.000 réfugiés ayant fui les violences du groupe islamiste nigérian Boko Haram.
"C'est une situation très préoccupante (...) ces derniers mois, les confrontations se sont multipliées et se sont fait sentir le plus près de la frontière avec le Niger, parfois à quelques kilomètres seulement", a affirmé à l'AFP Oumarou Daddy Rabiou, le chargé de communication du CICR à Niamey.
Selon l'ONU, plus de 115.000 Nigérians se sont réfugiés au Niger depuis 2013, fuyant les attaques meurtrières de Boko Haram et la répression féroce de l'armée.
"En 2014, nous avons donné de la nourriture à plus de 45.000 personnes, dont un peu plus de 11.000 ont reçu des biens essentiels de ménage", a souligné M. Rabiou.
Ces réfugiés "ne montrent aucune propension à vouloir renter chez eux" car "la situation sécuritaire s'est exacerbée tout au long de la frontière avec le Niger", a expliqué le communicant.
Le CICR n'est "pas optimiste" pour 2015 eu égard au "déferlement de violence" côté nigérian, a-t-il ajouté.
Les nouveaux arrivants se sont installés dans une région de Diffa aride, déjà très fragilisée par des séries de crises alimentaires dues à des épisodes de sécheresse et des inondations, selon l'ONU.
La montée de l'insécurité coupe aussi la région, située à plus 1.500 km de Niamey, de ses principales sources de ravitaillement au Nigeria.
Boko Haram contrôle depuis début octobre Malam Fatori et Damasak, des localités très proches du Niger, conquises après de violents combats avec l'armée nigériane.
"On peut apercevoir le drapeau noir des jihadistes flotter de l'autre côté" de la frontière, a déclaré début janvier le maire de Diffa, Hankaraou Biri Kassoum, à l'AFP.
Le groupe a pris début janvier le contrôle d'une base militaire près de Baga et de plusieurs localités voisines dans l'extrême nord-est du Nigeria, le long des rives du lac Tchad, à cheval entre le Nigeria, le Tchad et le Niger.
La Komadougou Yobé, une rivière séparant Niger et Nigeria, constitue "le seul rempart" contre Boko Haram, estime Foukori Ibrahim, un député de Diffa. Elle entamera em mars sa période d'étiage (baisse de niveau des eaux, ce qui permet son franchissement).