Samedi 17 et dimanche 18 janvier 2015 de graves violations de la liberté de presse ont été observées à Niamey.
Samedi matin vers 10 heures, alors que les violentes manifestations anti Charlie Hebdo plongeait la capitale dans le chaos, des éléments de la police ont eu le temps, non pas de protéger les citoyens et leurs biens, mais de se présenter au groupe de presse Radio Télévision Ténéré pour faire arrêter les programmes en cours sans aucune autorisation, sans aucun ménagement. Ils ont poussé l’outrecuidance jusqu’à intimider et agresser physiquement des agents de la RTT.
Ensuite, ils ont carrément fermé la radio et la télévision et imposé un blocus pendant lequel personne n’entrait ni ne sortait de l’immeuble Ténéré. Cela a duré une quinzaine de minutes. Et pour toutes explications, ces éléments des forces de l’ordre ont simplement dit aux responsables du groupe que l’ordre venait d’ « en-haut ». Voulaient-ils dire que cet ordre venait du président de la République Issoufou Mahamadou ? Du Premier ministre Brigi Rafini ? Ou de celui qui s’est autoproclamé ennemi de certains médias privés en l’occurrence le ministre de l’Intérieur Hassoumi Massaoudou ?
Le même samedi, le Groupe Dounia a aussi essuyé les gaz lacrymogène des forces de l’ordre avec pour conséquence deux (2) personnes évanouies.
De même, les équipes de reportages des Groupes Ténéré et Labari ont été victimes d’agression par les manifestants. Le dimanche, à l’occasion de la manifestation de l’opposition politique les reporters de Canal 3 Niger, Liptako, Africable, de la radio RM, Niger 24 et Saraounia qui couvraient cet évènement ont été sauvagement pris à parti par les forces de l’ordre.
Journalistes, caméramans, chauffeurs, personne n’a été épargné par la déferlante violence policière menée par les éléments de la Garde et de la police Nationale. Ils ont été les cibles des Gaz lacrymogène, matraques et autres insultes de la part de ceux qui sont censés les protéger dans l’exercice de leur métier. Toujours le dimanche, au groupe de presse Bonférey : c’est une dizaine de policiers qui s’était présentée au pied de l’immeuble pour matraquer les agents qui se trouvaient à la devanture. C’est ainsi qu’un (1) réalisateur et un (1) journaliste ont été sauvagement battus puis embarqués manu militari avant d’être libéré plus tard.
Pire, les policiers ont lancé dans l’immeuble Bonferey une grenade lacrymogène.
Face à cette barbarie jamais égalée contre la presse dans notre pays, nous, organisations socioprofessionnelles des médias :
1 rappelons au président de la république son Serment confessionnel de respecter, protéger et défendre les libertés individuelles et collectives dont la liberté d’expression et de presse
2 Exigeons du Conseil supérieur de la communication qu’en dehors de son communiqué de presse du 19 janvier 2015 de sortir condamner de vive voix ces agressions contre la presse.
3 Décidons du boycott de la couverture médiatique, la diffusion et/ou publication des activités de la police nationale et de la Grade nationale par les médias audiovisuels et de presse écrite de ce jour lundi 19 au vendredi 23 janvier 2015.
4 En guise de protestation, décidons d’une action Ecran noir et Silence radio de 5 minutes ce Mardi 20 janvier 2015 à 20h00 sur toutes les radios et télévisions du pays et de manière synchronisée.
Dans la même dynamique, un bandeau noir portant l’inscription « Liberté de presse » sera publié et affiché à la Une des organes de la presse écrite et des télévisions.
5 Décidons de porter plainte contre X pour exécution d’ordres manifestement illégaux.
6 Appelons les médias à la mobilisation générale et à la vigilance pour défendre et protéger la liberté de la presse chèrement conquise.
Par ailleurs, invitons tous les hommes et femmes de médias de continuer d’œuvrer pour la consolidation et la préservation de la paix et la quiétude au Niger.
7 et enfin, présentons nos condoléances les plus attristées aux familles endeuillées et à l’ensemble du peuple nigérien.