C'est une première: les réseaux sociaux sont entièrement bloqués depuis ce matin au Niger. Plus de Facebook, tweeter ou SMS possible. Une décision assumée et justifiée par les autorités gouvernementales nigériennes.
Depuis ce matin, les pages Facebook des abonnés nigériens, les tweets et les SMS en provenance du Niger sont à l'arrêt complet. Une mesure prise par le pouvoir et le blocage va se poursuivre jusqu'à samedi inclus.
Le ministre de l'intérieur, Massaoudou Hassoumi, joint par RFI ce matin justifie cette mesure. « Nous avons décidé de bloquer les réseaux sociaux pour encadrer la journée de prière, vendredi » nous a dit le ministre. Selon Massaoudou Hassoumi, c'est par les SMS notamment que les appels à la haine anti-chrétiens, et les appels aux manifestations violentes ont été relayés à Zinder vendredi dernier, puis le samedi à Niamey. « C'est pour éviter de nouveaux débordements que nous avons pris cette décision » justifie t-il.
Le ministre parle d'un test pour jauger la capacité des autorités à stopper d'autres débordements. C'est la première fois que le Niger a recours à une telle mesure de censure via les nouveaux moyens de communication. « Il ne s'agit pas de censure » assure le ministre. Il s'agit de stopper les manipulations de groupuscules islamistes, ceux qui ont manipulés les jeunes badauds vendredi et samedi. D'ailleurs les autorités nigériennes confirment que près de 400 personnes ont été arrêtées après les violences anti-chrétiennes ce week-end et qu'elles vont être déférées devant un juge qui vient d'être saisi.
Les menaces de Boko Haram contre le président Issoufou
Cette fermeture autoritaire a-t-elle un lien avec la diffusion depuis hier sur internet de la dernière vidéo du leader de Boko haram, qui s'en prend pour la première fois au président Issoufou ? Officiellement il n'y a pas de lien. Mais c'est la première fois que le président nigérien est pris à partie par Abubakar Shekau. Dans une vidéo postée le 20 janvier sur Youtube le chef de Boko Haram menace ouvertement les présidents du Niger, du Camerounet du Tchad qui ont décidé de mettre en commun leurs moyens pour faire la guerre à Boko Haram.
« Les rois d'Afrique, je vous défie de m'attaquer » lance Shekau dans un message prononcé et enregistré en pleine rue dans son fief au Nigeria. Concernant Mahamadou Issoufou, il lance « tu vas voir, président du Niger, tu vas voir. Tu fais partie de ceux qui sont allés compatir avec le président Hollande, le petit-fils de Charlie Hebdo ». La présence du président Issoufou à la marche républicaine de Paris le 11 janvier avait fortement déplu y compris au Niger.