Le parquet de Niamey a remis en liberté jeudi après quatre jours de détention un juriste nigérien accusé "d'incitation à la violence" lors d'un débat télévisé sur les manifestations ayant secoué le Niger la semaine dernière, a annoncé vendredi son avocat.
Boubacar Hassane, président de l'Association des constitutionnalistes du Niger (ACN), a été arrêté dimanche dernier après avoir pris part à un débat sur une chaîne nigérienne consacré aux manifestations violentes ayant embrasé le pays en fin de semaine dernière.
Des émeutes anti-chrétiens, vendredi à Zinder, la deuxième ville du Niger, et samedi à Niamey, ont fait dix morts, plus de 200 blessés et de très importants dégâts. Une manifestation de l'opposition, interdite par les autorités, a ensuite été réprimée dimanche dans la capitale, avec 90 arrestations à la clé.
M. Hassane, placé en garde à vue, a été présenté jeudi devant le parquet "qui n'a retenu aucune charge contre lui", a souligné un porte-parole de l'ANC.
"Ils ont dit que j'avais affirmé lors du débat que les violences étaient justifiées, ce qui n'était pas le cas", a déclaré Boubacar Hassane à l'AFP. "Si j'avais tenu ces propos, je suis sûr qu'ils ne m'auraient jamais relâché", a-t-il estimé.
"La bande vidéo du débat a été visionnée et il ne ressort de ses propos aucune infraction susceptible de le poursuivre" et "le procureur a constaté que les faits qui lui sont reprochés ne sont pas établis", a expliqué son avocat Ali Kadri.
Boubacar Hassane, une figure de la société civile, a dénoncé "un acharnement du régime contre lui" et a indiqué qu'il portait plainte contre l'Etat, "notamment pour détention arbitraire".
Boubacar Hassane a été déjà écroué durant une semaine en mai 2014 et condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir "jeté le discrédit" sur la Cour constitutionnelle, dont il avait critiqué l'un des arrêts.