Cette semaine, l’opposition politique nigérienne est passée par deux grands moments qui, fatalement, marqueront (à tout jamais) son destin. Deux grands moments qui sont, en même temps, deux grands ratages historiques et leurs conséquences emporteront, à coup sûr, cette opposition pas très futée.
Bien sûr, je ne pleurerai ni l’agonie, ni la mort de l’opposition, certainement même que cela me réjouirait ; mais de cette façon là, j’aurais souhaité que cela n’arrivât jamais. Ces ratages, ce sont la publication d’un Livre blanc sur la Cour Constitutionnelle et la tenue de la marche interdite.
1. BASSESSES. Les leaders de l’ARDR ont encore écrit un machin destiné à la consommation des chancelleries étrangères. Pour faire sérieux, ils l’ont appelé Livre blanc. Ils ont la faiblesse de croire que les chancelleries étrangères sont totalement déconnectées des réalités qu’elles sont capables de croire et de gober n’importe quel mensonge. En partant du présupposé démocratique qui veut qu’en Afrique les pouvoirs en place aient toujours tendance à abuser, l’ARDR pense qu’elle peut, rien qu’en écrivant dessornettes dans un tract pompeusement appelé Livre blanc, influencer l’opinion des ambassades accréditées sur notre sol.
C’est pour cela qu’elle a pris la liberté d’écrire toutes les contrevérités et même les innommables grossièretés dans ce document. Je l’ai lu et j’en étais consterné. Pas parce qu’il attaque injustement une institution des plus dignes et des plus sérieuses, mais parce que le contenu devrait faire honte à ceux qui l’ont rédigé ou assumé. C’est tellement bas. Tellement crasse et tellement indigne. Je pensais que même dans le désarroi d’une opposition qu’ils n’ont jamais prévue, il leur resterait un peu d’honneur. Je me suis trompé.
Lourdement. Dans nos lectures, et c’est tellement vieux qu’on en oublie les auteurs, j’avais lu qu’autant l’envie était le carburant des révolutionnaires, autant la bassesse l’est pour les conservateurs. Je n’y avais pas cru et je trouvais cela insensé jusqu’à ce que je lusse le Livre blanc de l’ARDR. Et effectivement, je le sais aujourd’hui que la bassesse est le carburant des conservateurs et des nostalgiques d’un pouvoir qu’ils n’auront plus jamais. Et de ce carburant là, les HAMA-SEINI-OUSMANE, ils ont fait le plein. Ce livre Blanc est immonde.
C’est de la bassesse à son niveau le plus vil. Comme notre culture n’en produit plus. Je vous passe les mensonges sur les arrêts de la Cour Constitutionnelle du Niger, mais imaginer et concevoir qu’un ancien Président de la république, deux anciens Présidents de l’Assemblée Nationale et deux anciens Premiers Ministres se soient réunis pour écrire ou valider un document qui parle de la mère de la Présidente de la Cour Constitutionnelle, c’est tout simplement de la bassesse. J’ai mal au cœur rien que d’imaginer que cela ait pu être réfléchi et publié !
Comment est –il humainement possible et politiquement acceptable que des personnalités ayant dirigé ce pays tombent si bas pour parler de la mère d’une institution dans un document qui va parcourir le monde ? Comment se sentent-ils quand, dans un Livre qu’ils ont envoyé sur tous les réseaux sociaux et dans toutes les chancelleries, ils osent dire et utiliser comme argument politique que la mère de la présidente de la CC est conseillère spéciale du Président ?
A considérer même que cela soit vrai, or c’est totalement et absolument faux, qu’est-ce que cela démontrerait pour une femme qui est à la Cour en tant que représentante du Président, tout comme Mory a été désigné par Hama Amadou. L’ARDR devrait-elle donc parler de la mère de Mossi pour justifier sa désignation à la Cour ? Qu’est-ce que cela apporterait à la connaissance de l’opinion et à la crédibilité de ses arguments que l’ARDR publie les liens familiaux et les villages de naissance des membres de la Cour ?
La justice nigérienne devrait-elle recruter combien de centaines de milliers de magistrats pour être sur que personne ne puisse être jugé par un ressortissant de son village ou de son canton ? Les enfants de la Présidente de
vraient -ils retourner aux champs et abandonner leur métier qu’ils pratiquent depuis les années 90 parce que leur mère est devenue Présidente d’institution en 2012 ? En envoyant 22 requêtes en quelques mois à la Cour, les leaders de l’ARDR ont voulu amener, comme ils le disent eux-mêmes à leurs réunions, la Cour à se dédire, se renierou s’embrouiller dans la cascade d’arrêts qu’elle devait rendre à cet effet.
Il n’en fut rien et chaque fois, la Cour s’en était sortie honorablement, en faisant la fierté des Cours Constitutionnelles africaines. Ce plan-là de l’ARDR a donc échoué, et puisqu’il faut nécessairement détruire les institutions démocratiques si l’on veut prendre le pouvoir par la violence, il faut encore et toujours à l’ARDR continuer à s’attaquer à la Cour Constitutionnelle (CC). C’est ce qu’elle fait maintenant en s’attaquant ouvertement et violemment à la famille et aux membres de cette Cour. Pour cela, Hama, Ousmane et Seini sont arrivés à parler des mères de certains présidents d’institutions.
C’est véritablement un malheur pour le Niger d’avoir une opposition aussi méprisable et aussi minable. Je voudrais juste rappeler à ces nouveaux opposants et grands ignorants devant l’Eternel qui parlent de la politisation de la CC, que la CC du Niger est l’une des rares ou même la seule où le président est élu, où les membres sont élus par leurs pairs avant de siéger à la Cour. Le Conseil Constitutionnel français est composé de neuf membres. Aucun de ces membres n’est élu. Il est issu de la désignation de trois membres par le Président de la République, trois par le Président l’Assemblée et trois par le Président du Senat.
Y a t-il une composition plus partisane et plus politique que celle là ? Cela en fait donc, si on suit le raisonnement de nos opposants de pacotille, un Conseil totalement disqualifié. Le Conseil Constitutionnel du Sénégal (Constitution du 22/01/2001 en son article 89) sur les 5 membres, tous sont nommés par le Président de la République. Cela en fait-il pour autant une Cour aux ordres ? Au Mali, la Constitution du 12/1/92 dispose que sur les 9 membres de La Cour, trois sont nommés par le Président de la République, trois par le Président de l’Assemblée et trois par le Conseil Supérieur de la Magistrature.
Que Dire de cette composition-là aussi ? Au Benin, selon les termes de la Constitution du 11 décembre 1990, sur les Sept membres, quatre sont nommés par l’Assemblée Nationale et trois par le Président de la République. Que dire également de cette composition-ci ? Au Togo, suivant la Constitution du 27 septembre 92, sur les neuf membres, trois désignés par le Président, trois par le Président du Sénat et les trois derniers par le Président de l’Assemblée. Au Tchad enfin, suivant la Constitution du 31/3/96, sur les neuf membres du Conseil Constitutionnel, cinq sont désignés par le Président et quatre par le Président de l’Assemblée. Que Dire ici ?
On pouvait allonger la liste à satiété et on constatera que le Niger est (quasiment) le seul pays au monde(ou l’un des très rares pays) où le Président est le moins représenté à la Cour Constitutionnelle, et donc conséquemment là où il a le moins d’influence Cela, les rédacteurs du Tract blanc le savent très bien. Mais, comme ils sont de mauvaise foi, ils ont voulu abuser et tromper la communauté internationale et les Nigériens qui ne sont pas au fait des compositions des Cours .Et comme l’argument de la composition leur parait insuffisant, ils doivent compléter leur argumentaire avec des références aux mères, aux enfants et aux villages des membres de la Cour Constitutionnelle. Bassesse quand tu nous tiens !
2.INDIGNITE. L’opposition politique nigérienne est très mal en point. C’est un fait incontestable. Construite autour d’un Hama Amadou en fuite et dont le parti s’est fracturé( en 2 ans) en quatre blocs irréconciliables (le Lumana originel, celui de Ladan Tchiana et son groupe, Salah Habi et son ADN et tous les autres qui ont déjà rejoint d’autres partis), de Mahamane Ousmane qui n’a plus de parti et dont le dernier reliquat qu’il revendiquait représentait à peine 3% de l’électorat et Seini Omar qui n’a plus également de parti, l’opposition est fantomatique. Totalement exsangue. Ses animateurs sont fatigués, ils semblent perdus et souffrent terriblement de leur nouvelle condition.
Ils n’ont plus aucune prise ni avec leurs militants, ni avec le pays. Chaque jour leur semble une éternité. Et alors que la perspective des élections devrait être une échéance heureuse pour n’importe quelle opposition sérieuse, celle du Niger l’appréhende. Elle a peur d’une débâcle devenue quasi certaine. Elle ne veut ni aller aux élections, ni laisser le président finir son mandat. Le schéma, le seul qu’ils envisagent est la fin brutale et violente du régime. C’est pourquoi, tout naïvement, leur stratégie consiste à croire qu’en organisant des manifestations ils créeront les troubles, leur printemps arabe ou burkinabé comme ils disent, pour renverser le président Issoufou. Sauf qu’ils oublient que trois hirondelles (Hama, Ousmane et Seini) ne font et ne feront jamais le printemps.
Ils sont ultra-minoritaires dans ce pays et à court ou moyenne échéance, il leur est impossible de changer démocratiquement le rapport de force. Et ça ils le savent. C’est pourquoi, alors que l’ensemble des nigériens s’attendaient, à ce que par décence et par dignité et par eux mêmes ces opposants renoncent à leur manifestation du 18 janvier. Mais contre tout bon sens et toute dignité qui sied en telle circonstance, ils la maintiennent en dépit des 10 morts enregistrées, de la cinquantaine d’églises brulées et de toutes les familles endeuillés ou angoissées.
Ils l’ont maintenu simplement parce que dans leur raisonnement superficiel les manifestations du 17 janvier devaient être une sorte de tour de chauffe pour leur jour J ; leur jour final le 18 janvier 2015. Il n’en fut rien et tels des touristes perdus dans le désert, ils se découvrent honteusement en quelques dizaines de manifestants .Je sais qu’ils ont été plus réprimés par la honte et l’amertume que par la police. Ils étaient méprisables et ils étaient bas de croire qu’ils pouvaient marcher sur les 10 corps des Nigériens pour atteindre Issoufou et le pouvoir. Même leurs militants qui leur faisaient (encore) crédit d’un peu de lucidité avaient cru qu’ils ne la feraient pas cette manifestation.
Quelquefois des marches leur furent interdites pour des raisons d’ordre public, mais jamais auparavant ils n’avaient osé transgresser ces interdictions. Ils n’en ont jamais eu le courage et se couvraient du paravent du respect de la loi pour ne pas le faire. Mais cette fois, ils l’ont bravé et la première fois qu’ils bravent l’interdiction, c’est seulement cette fois où, la veille, on comptait dix(10) morts, victimes de la bêtise et de la stupidité humaines. Ils n’ont osé que parce qu’il y a eu des morts et dans leur inconscient, eux qui avaient perdu le pouvoir à la suite des morts du 9 février, ils croient que chaque fois qu’il y aura des morts dans une manifestation, ce pouvoir tombera.
En tentant de conquérir, à bon marché, le pouvoir par des complots violents et en cédant à la tentation de manifester sur les cadavres pour renverser le régime, l’ARDR a récolté l’indignité et en portera éternellement la marque. On dit que le ridicule ne tue pas, mais la bêtise si. Je puis affirmer aujourd’hui, après avoir vu leur comportement de cette journée de dimanche et le Livre blanc qu’ils ont écrit, que L’ARDR va mourir de bêtise, de bassesse et d’indignité. Irréversiblement. Personne ne peut l’en guérir. Et ce sera tant mieux pour notre société.