Niamey - Trois responsables de l'opposition nigérienne, qui avaient été remis en liberté vendredi, ont à nouveau été arrêtés en lien avec les récentes manifestations violentes dans le pays, a indiqué lundi à l'AFP leur avocat.
Ils sont trois à avoir été arrêtés depuis samedi et sont actuellement gardés à la police, dans le cadre des manifestations de la mi-janvier, a indiqué Niandou Karimou, un de leurs avocats, sans plus de précisions.
Ousseïni Salatou, le porte-parole de l'opposition, Soumana Sanda, l'ex-ministre de la Santé, et Youba Diallo, un ancien directeur de la douane, faisaient partie des 90 personnes arrêtées dimanche 18 janvier après un rassemblement interdit de l'opposition à Niamey, puis remises en liberté vendredi par le parquet.
Ils ont été de nouveau arrêtés le lendemain de leur libération, a affirmé à l'AFP un responsable du Mouvement national pour la société de développement (MNSD), le principal parti de l'opposition.
De nombreux autres opposants sont écroués dans la région de Zinder, selon le MNSD.
L'ARDR (l'Alliance pour la réconciliation, la démocratie et la république, qui regroupe les principaux partis d'opposition) se félicite de la libération par la justice d'une partie de ses militants injustement incarcérés et exige du gouvernement la libération immédiate et sans conditions de ses autres militants incarcérés sur l'ensemble du territoire national, dans un communiqué reçu lundi soir par l'AFP.
Toutes ces manoeuvres d'incarcérations arbitraires, ces tentatives permanentes d'intimidation (...) ne visent qu'à préparer un passage en force pour les élections générales de 2015 et 2016, estime l'alliance de l'opposition.
La tentative de rassemblement des opposants est intervenue dimanche, au lendemain de deux journées de manifestations contre la caricature de Mahomet en Une de l'hebdomadaire français Charlie Hebdo, qui avaient viré en émeutes anti-chrétiens. Dix personnes avaient péri et plus de 200 autres avaient été blessées à Niamey et Zinder, la deuxième ville du pays.
Les partisans du chef de l'Etat ont accusé les trois principaux leaders de l'opposition d'être à l'origine des manifestations anti-Charlie.
Hama Amadou, l'ex-président du Parlement, actuellement en fuite en France en raison de poursuites dans un présumé trafic international de bébés, l'ancien Premier ministre (2007-2009) Seini Oumarou et l'ex-président Mahamane Ousmane (1993-1996) portent l'entière responsabilité politique et morale de ce qui est arrivé pendant ces deux jours si terribles, ont-ils lancé.
Le président Mahamadou Issoufou recherche des boucs-émissaires, et tente désespérément d'attribuer la paternité de sa grave faute à l'opposition et aux autres acteurs sociaux, a rétorqué Mahamane Ousmane.
Le chef de l'Etat nigérien fait partie des six présidents africains ayant participé à la Marche républicaine le 11 janvier à Paris, après l'attaque armée qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo.
Son Nous sommes tous Charlie, prononcé sur les ondes, a provoqué un vent de colère dans la population, à 98% musulmane.
Des cris A bas le régime ont été entendus vendredi dernier à Agadez, dans le nord, où des manifestants ont ensuite mis le feu au siège du parti d'Issoufou, à moins de deux ans de la présidentielle qui se tiendra en 2016 au Niger.