Avec la persistance de la crise scolaire : un des engagements du Président Issoufou Mahamadou risque d’être compromis par le gouvernement de Brigi Rafini
Publié le samedi 23 fevrier 2013 | lagriffe-niger.com
Alors qu’on s’achemine vers la fin du deuxième trimestre, la situation de l’école publique nigérienne est toujours cahoteuse, du fait de la persistance de la crise qui la secoue depuis plusieurs mois. Une crise née de la série de grèves qu’observent les enseignants réunis au sein du Cadre permanent de réflexions et d’actions des syndicats enseignants (CPRASE).
Et à l’allure où vont les choses, les Nigériens ont des belles raisons de s’inquiéter sur le sort de l’année scolaire 2012-2013.
Dans une déclaration publiée la semaine dernière, l’Association nationale des parents d’élèves et étudiants (ANPEE) a exprimé son désarroi face à la tournure prise par la crise scolaire, avant d’inviter le gouvernement et le Cadre permanent de réflexions et d’actions des syndicats des enseignants (CPASE) à trouver un modus vivendi pour créer les conditions du sauvetage de l’année scolaire 2012-2013. Pour qui connaît la lourdeur de cette association en matière d’arbitrage entre le pouvoir et les acteurs de l’école, la sortie de l’ANPEE prouve, si besoin est, que la situation est assez alarmante. Cela est d’ailleurs un secret de polichinelle dans la mesure où depuis la rentrée du mois d’octobre dernier, il n’y a véritablement pas eu des semaines normales dans les établissements scolaires du public. C’est la mort dans l’âme que les parents voient régulièrement leurs enfants rentrer à la maison plus tôt que prévu, en raison des débrayages des enseignants. Ces derniers reprochent au gouvernement du Premier ministre Brigi Rafini le non respect du protocole d’accord qu’il a signé avec le CPRASE en avril 2011. Alors que les observateurs s’attendaient à ce que la sortie – pour le moins tardive – de l’Association des parents d’élèves et étudiants serve de déclic pour la sortie de cette crise dans laquelle s’est empêtrée l’école publique nigérienne, les choses semblent se gâter davantage avec la violente répression, le vendredi 15 février dernier, par les forces de l’ordre d’une marche organisée par les militants du CPRASE. Cette attitude du pouvoir risque de compliquer d’autant plus la situation que même l’Intersyndicale des travailleurs (ITN), regroupant les principales centrales du pays, a décidé de soutenir le collectif des syndicats des enseignants. Fort de ce soutien, le CPRASE risque donc de radicaliser son mouvement. Et avec la réponse rébarbative du gouvernement du Premier ministre Brigi Rafini – tendant à dire que le règlement des principales revendications des enseignants aura des incidences financières que le budget 2013 de l’Etat ne peut pas supporter – on peut aisément imaginer que le retour de la sérénité n’est pas pour demain dans les établissements scolaires publics nigériens.
Un important axe du programme de la Renaissance mis à rude épreuve
Aussi bien dans son discours de prestation de serment que bien d’autres qu’il a eu à prononcer au cours de ses 23 mois de gestion du pouvoir, le Président de la République Issoufou Mahamadou n’a jamais caché son envie à redonner à l’école nigérienne ses lettres de noblesse. Redonner ses lettres de noblesse à l’école nigérienne signifie la doter des moyens matériels et humains adéquats pour son bon fonctionnement, mais aussi et surtout créer les conditions idoines pour la mettre à l’abri des multiples perturbations qui ont fortement contribué à sa déliquescence ces 20 dernières années. Avec l’incertitude qui pèse sur l’année scolaire en cours, on s’aperçoit que c’est un des axes majeurs du programme politique du Président Issoufou Mahamadou qui est sérieusement mis à rude épreuve. Et le gouvernement du Premier ministre Brigi Rafini, qui a la lourde mission de mettre en œuvre les engagements contenus dans ce programme, semble naviguer à vue dans la recherche des vraies solutions à la crise de l’école.