Il y a un an environ, un journaliste sénégalais avait officiellement saisi l’Observatoire nigérien indépendant des médias pour l’éthique et la déontologie (ONIMED) d’une plainte contre un journaliste nigérien. Ce dernier était accusé par le confrère sénégalais d’avoir repris textuellement un article de son site d’information qu’il a signé à son nom.
Après traitement de la plainte, l’ONIMED avait malheureusement conclu que le journaliste nigérien avait effectivement plagié l’article du Sénégalais. Cette situation avait, tout naturellement, été vécue comme un déshonneur par les professionnels des médias nigériens dont l’image venait d’être jetée par terre. On pensait à un acte isolé quand, quelques mois après, une autre plainte est venue du Burkina Faso voisin contre un journal nigérien. Tout comme la première, cette deuxième plainte était aussi relative à un plagiat. Après avoir baissé la tête pendant un long moment, les professionnels des médias nigériens ont encore repris du souffle croyant que plus jamais un de leurs ne sera pris en flagrant délit de plagiat. Mais ce qu’ils ignoraient c’est que leur profession est tellement truffée des brebis galeuses qui ne craignent ni la honte ni le déshonneur. Un journal de la place a publié, au cours de ce mois de février 2013, un article consacré à un phénomène social. Beaucoup de ceux qui l’ont lu ont sans doute apprécié cet article et salué les talents de sa signataire, une certaine Mariama Dan Balla. Mais le seul effort que cette Mariama Dan Balla a fait est de remplacer Libreville par Niamey. En effet, l’article en question est la propriété d’un site d’information gabonais (www.gaboneco.com) qui l’a mis en ligne depuis le 21 décembre 2012.
Les faits racontés dans cet article se sont passés au Gabon. Et c’est toute honte bue que notre Mariama Dan Balla a piqué cet article pour le coller au Niger. C’est très grave ce qui se passe ces dernières années au sein de la presse privée nigérienne, notamment celle écrite. Des individus n’ayant aucun niveau intellectuel profitent de l’élasticité de la loi pour créer des journaux qu’ils n’arrivent pas à alimenter avec des articles qu’ils écrivent eux-mêmes. C’est tantôt des mains invisibles qui leur écrivent ces articles, tantôt ils partent sur internet piquer des articles écrits par des journalistes d’autres pays. Dans les deux cas ils n’éprouvent aucune honte à signer ces articles comme s’ils les avaient écrits de leurs propres mains. Autant le système de faux diplômes est en train de devenir une gangrène pour l’administration nigérienne, autant le vol des articles d’autrui est en train de devenir un véritable cancer pour la presse écrite privée nigérienne. Cette presse ne mérite pourtant pas un tel déshonneur. Elle dont les compétences des acteurs étaient jadis reconnues hors des frontières. A toutes les rencontres internationales auxquelles ils étaient invités, les journalistes nigériens se sont toujours illustrés par leurs compétences. Jusqu’à récemment, on ne parlait en mal du Niger que par rapport à la pauvreté, mais pas sur le manque de probité morale de ses fils et filles. Cependant, avec cette nouvelle vague de journalistes incompétents et réduits à commander ou à voler des articles pour remplir leurs journaux, le Niger risque d’avoir une autre mauvaise image à l’extérieur. On sait déjà que c’est par la faute de cette race de journalistes inconséquents que le Niger a perdu 14 places dans le classement 2012 de l’association Reporters Sans Frontières sur la liberté de la presse. H.A
Les journalistes non détenteurs de la carte de presse interdits d’accès à la Présidence de la République
A travers une lettre circulaire qu’il leur a adressée la semaine dernière, l’Observatoire national de la communication a informé les organes de presse que désormais seuls les journalistes détenteurs de la carte professionnelle de presse seront autorisés à couvrir les activités de la Présidence de la République. A travers cette mesure, l’organe de régulation des médias veut sans doute, non seulement, rendre crédible la carte de presse, mais aussi la profession de journaliste en général. Cela est d’autant plus vrai que depuis quelques temps le secteur des médias nigérien est en proie à une véritable confusion. Avec la prolifération des organes de médias privés, tout le monde peut devenir journaliste du jour au lendemain. C’est ainsi que des individus, dont on ne connaît aucune provenance académique et professionnelle ont débarqué dans la profession où ils livrent à des actes contraires à toute morale. Le désordre est tel qu’aujourd’hui, même des simples photographes ambulants et des organisateurs des spectacles revendiquent le titre de journalistes, en placardant le très précieux «Laissez-passer Presse» sur les pare-brises de leurs véhicules.
Dans ce climat d’insécurité, il est à craindre que des individus mal intentionnés usent de cette stratégie pour accéder à certaines institutions ou certains lieux publics pour mener des attaques. Non seulement l’ONC doit élargir sa nouvelle mesure à toutes les autres institutions de la République, mais aussi saisir les responsables du ministère de l’intérieur et la défense pour que la police et les gendarmes retirent les «Laissez-passer Presse» à tous les véhicules dont les propriétaires ne sont pas détenteurs d’une carte de presse dûment attribuée par l’autorité compétente. Par la même occasion, l’ONC doit prendre ses responsabilités pour que toutes les mesures qui seront prises s’appliquent aussi bien aux journalistes, qu’ils soient du secteur public ou privé. C’est de cette façon seulement que l’ONC pourra valoriser la carte de journaliste professionnel qui est le seul moyen de distinguer les vrais journalistes de tous ces aventuriers qui se sont déversés dans la profession avec la complicité de certains professionnels réduits à courir derrière les petites gratifications pour survivre.