Niamey, La justice nigérienne a abandonné vendredi les poursuites contre une vingtaine de personnes accusées d’avoir participé à un trafic international de bébés, dont l’ex-président du parlement et opposant Hama Amadou, une affaire sensible dans l’optique de la présidentielle de 2016.
"Le tribunal (correctionnel de Niamey) se déclare incompétent" dans ce
dossier, a déclaré le juge.
Aucune juridiction civile ne s’est jusqu’ici prononcée sur la filiation des bébés concernés par ce procès pour "supposition d’enfants", un délit constituant à attribuer la maternité d’un enfant à une femme qui ne l’a pas mis au monde, a justifié le magistrat.
La décision a provoqué des cris de joie parmi les prévenus et leurs familles. L’ex-ministre de l’Agriculture Abdou Labo, un proche du président Mahamoudou Issoufou qui faisait parti des mis en cause, a étreint en souriant les avocats de la défense.
"Le tribunal a déclaré l’action du procureur irrecevable. Le juge s’est déclaré incompétent. Il n’y a plus de poursuite contre (les prévenus) ou contre qui que se soit", s’est félicité Boubacar Mossi, l’un des avocats.
Le parquet a annoncé faire appel. "Dès lundi, le dossier partira à la cour d’appel. C’est maintenant que les choses commencent", a commenté le procureur adjoint Chaïbou Samna. L’accusation assure disposer d’"indices" démontrant que les "infractions sont établies".
les disqualifier lors des prochaines élections", a réagi Amadou Salah, député du Mouvement démocratique nigérien (Moden), le parti de M. Amadou.
"Nous n’avons eu cesse de crier au complot et à l’acharnement politique. Cette décision de justice nous conforte dans ce sens", s’est réjoui Soumana Sanda, ex-ministre de la Santé, un autre proche de Hama Amadou.
L’ancien patron du Parlement avait précipitamment quitté le Niger fin août, après l’autorisation par les députés de son audition par la justice dans cette affaire.
Un mandat d’arrêt a ensuite été émis en septembre à son encontre. Le Parlement a nommé deux mois plus tard un ex-opposant, Amadou Salifou, pour remplacer M. Amadou.
"Du moment où rien ne le retient plus, Hama Amadou va pouvoir incessamment rentrer au Niger et se présenter à la présidentielle de 2016", a affirmé Soumana Sanda.
Les autorités avaient de leur côté fermement défendu le bien-fondé de la procédure. "Fermer les yeux, c’est ça qui aurait été politique", avait commenté le ministre de la Justice Marou Amadou, évoquant un "dossier de droit commun" et "donc pas politique".