ADDIS ABEBA, En se voyant confier la présidence tournante de l’UA (Union africaine) pour douze mois, le président Robert Gabriel Mugabe a incontestablement entamé son grand aurevoir à la grande famille de la diplomatie africaine. Quitte à lui de rentrer un peu plus dans l’histoire ; surtout sur le plan positif.
A 91 ans, le grand rhéteur Mugabe ne pouvait rêver meilleur cadeau du continent noir, au début du soir de sa carrière politique que le fauteuil de la Présidence tournante de l’Union Africaine.
Acteur majeur de diverses luttes pour l’émancipation des populations africaines et du Noir en général en Afrique australe et ailleurs sur le continent noir, le bouillant Mugabe a gauchi depuis près de deux décennies sa gouvernance interne au Zimbabwé, en lançant maladroitement une politique d’indigénisation des terres fertiles sur son natal… Depuis, il est devenu l’une des grosses bêtes noires de l’Occident en Afrique ! Excellent élève de la stabilité économique et de la productivité agricole sur une longue période dans une Afrique qui peine toujours à peser sur les décisions du monde, le Zimbabwé n’est désormais plus que l’ombre de lui-même. La fermeté et la répression avec lesquelles Mugabe et ses proches collaborateurs ont traité leur opposition politique légale ces 20 dernières années n’a jamais permis d’amoindrir la crise socio-politique et économique dans laquelle est plongé ce pays à qui Robert Nesta Marley a consacré un tube reggae !
Une descente aux enfers qui commande de toute urgence que l’indépendantiste Mugabe redresse la barre… De son vivant. Lorsqu’on peut se vanter d’avoir dirigé et mis sur le chemin du décollage économique un pays africain disposant d’une pléthore de ressources minières et de terres fertiles, on a le devoir moral de corriger ses erreurs avant de quitter les affaires politiques. Ou encore avant de casser la pipe ; vu que l’ex enseignant Mugabe n’a plus ses jambes de jeune.
Un mandat à la tête de l’UA est toujours bien rempli
Il est à fort parier que Robert Mugabe ne disposera pas du temps matériel nécessaire pour lancer les urgents chantiers de redressement de son pays, durant son mandat au sommet de l’UA qui court jusqu’en janvier prochain (2016).
La faute aux multiples défis de tous genres qui attendent le continent berceau de l’Humanité. Désavantagé a priori par son âge, Mugabe pourra difficilement concilier, à titre d’exemple, le suivi des nombreuses élections à enjeux qui meublent le calendrier électoral africain en 2015, et les affaires internes zimbabwéennes. L’expérience a montré qu’un Président en exercice de l’UA est amené à beaucoup voyager. Même s’il peut toujours se faire représenter, on imagine difficilement l’imprévisible Mugabe rater de grands rendez-vous panafricains et internationaux qui vont occuper son emploi du temps jusqu’en 2016.
D’où la nécessité pour le leader de la ZANU-PF (au pouvoir à Harare) de faire valoir hic et nunc, sa volonté, son désir profond de voir sa terre natale briller à nouveau de mille feux ! Ce sera l’un des plus beaux et précieux acquis que la ZANU-PF et son actuel leader passeront à la postérité. En la matière, Robert Mugabe n’a pas le choix. Il ne peut qu’acter pour le bien de son peuple. Car il sera difficile au président Révolutionnaire de distiller des leçons de sagesse, de vertu, de gouvernance ou de démocratie à se pairs africains et d’ailleurs, si le marasme politique et économique perdure sur son sol natal, entre 2015 et 2016.
Mugabe lui-même en premier devrait se couvrir d’un ridicule infâme s’il campe sur ses actuelles positions politiques qui maintiennent son pays dans un ostracisme déguisé. A titre d’exemple, le vieux leader d’Afrique australe peinerait à convaincre quiconque sur la nécessité pour Rabat de lâcher du lest sur le dossier du Sahara Occidental, s’il n’offre pas plus de libertés publiques à ses opposants directs !! Harare ne pourra pas non plus continuer d’adresser ses habituelles piques à l’Occident, s’il s’avére toujours incapable d’offrir à ses compatriotes de nouvelles infrastructures modernes, indispensables pour le redécollage de l’ex Rhodésie du Sud.
Dans ce contexte, le mandat que vient d’octroyer l’Afrique au Zimbabwé au sommet de l’UA pourrait s’avérer une occasion en or pour revoir cet Etat d’Afrique australe dans ses beaux jours. C’est tout le mal que tout adepte du nécessaire développement de l’Afrique peut souhaiter à l’ancienne Rhodésie du Sud. Si la ZANU-PF et son leader charismatique réussissent cette mue souhaitée sur les tableaux politique et économique entre 2015 et 2016 au Zimbabwé, les chefs d’Etat d’Afrique auront le sentiment d’avoir fait œuvre utile ; en confiant la présidence tournante de l’UA à leur doyen Mugabe. Ce dernier serait redevenu « sage » en l’espace de douze mois.