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Soly Abdourahamane: Le «Procureur de la Cour constitutionnelle ?»
Publié le vendredi 6 fevrier 2015   |  Le Courrier N° 350


La
© Autre presse par DR
La Cour constitutionnelle du Niger


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Remise en cause par l’ARDR qui dit la récuser pour parti pris manifeste et allégeance au président de la République, la Cour constitutionnelle a trouvé en début de semaine un défenseur habitué de ces genres de besogne. Soly Abdourahamane, le même qui a été mis en retraite anticipée par la Transition militaire de Daouda Mallam Wanké, pour avoir cautionné et validé le hold-up électoral de 1997, a généreusement prêté ses services pour jouer au pompier.

Et il n’est pas allé de main morte pour assurer le service. Un observateur attentif de la vie politique nigérienne a dit à ce propos qu’il a non seulement livré, mais il a aussi assuré le service aprèsvente. Appelé à porter la réplique à l’ARDR comme s’il était le nième membre caché de la Cour constitutionnelle, celui qui dispose des coudées franches pour défendre « la maison », Soly Abdourahamane s’est employé, avec la méthode et la passion d’un partisan évident, à régler le compte à l’ARDR.

Page par page, ou plutôt section par section, le vieil homme a proprement fait le procès de l’opposition, affirmant, « sans sourciller », que « tout le monde savait que c’était le président de l’Assemblée nationale [Hama Amadou] qui bloquait le parlement en s’arc-boutant sur un article du Règlement intérieur ». Ces propos hallucinants sont de Soly Abdourahamane, un homme à qui, dans ce vaste Niger, beaucoup de nos compatriotes donneraient le bon dieu sans confession. Il faut être un partisan notoirement aveugle pour prétendre que le blocage que l’Assemblée nationale a subi, en avril 2013, est le fait de Hama Amadou.

La mauvaise foi de Soly Abdourahamane est manifeste. Il ne s’arrête pas d’ailleurs là. Très inspiré mais aveuglé par son devoir de gratitude, il s’est empêtré dans des explications tirées par les cheveux, affirmant que la Cour constitutionnelle a pour mission d’arbitrer les conflits entre institutions. Une bourde monumentale pour deux raisons : la première, c’est que la Cour constitutionnelle n’a pas vocation à arbitrer les conflits entre institutions ; la seconde, c’est que Soly lui-même a affirmé que Kadidiatou Ly n’a pas interféré entre le Président de la République et le président de l’Assemblée nationale au nom de la Cour constitutionnelle. À quel titre l’a-t-elle fait alors ?

Soly a bien dit que le Président Issoufou l’a désignée pour convaincre Hama Amadou de ne pas quitter la MRN [Mouvance pour la renaissance du Niger] en raison de sa personnalité. De quelle personnalité s’agit-il ? Celle qui s’est exprimée dans le salon d’honneur de l’aéroport Diori Hamani de Niamey ou une autre qu’ignorent les Nigériens ? Le « Procureur » Soly voit tout en rose et ne prend pas de gants pour dire ce qu’il a sur le cœur. Le concassage des partis politiques ? L’ancien procureur de service en rigole, estimant que « l’opposition cherche des alibis pour justifier son échec aux élections de 2016 ». Bazoum Mohamed, Ben Omar ou Albadé Abouba n’auraient pas fait mieux.

Soly, qui fait visiblement dans la prédiction désormais (avis à ceux qui cherchent à percer l’avenir), va plus loin, assumant son rôle de « procureur» avec la détermination de peser lourdement dans la sentence. Aussi estime-t-il que les requêtes de l’ARDR étaient à un moment un véritable harcèlement. Soly parle-t-il pour lui-même ou pour la Cour constitutionnelle ? En tout cas, il se produisait sur la télé du prince et c’est déjà plus parlant que tout ce qu’il pouvait dire. Mais continuons l’examen de ces propos hallucinants que le pouvoir en place trouve si percutants qu’il a décidé d’en faire une large diffusion.

Ainsi, des contradictions et des incohérences relevées par l’ARDR dans les arrêts de la Cour constitutionnelle, le « procureur de la Cour constitutionnelle » proclame que « ce sont des décisions intervenues dans le temps, venues en cascade…d’une requête à une autre ; la situation n’est pas «calquable» ; ce n’est pas de la mathématique ». La Cour constitutionnelle est plus que servie d’autant que Soly ne s’est pas embarrassé de scrupules pour affirmer que les membres de la Cour constitutionnelle font leur travail en âme et conscience, en toute indépendance. De quoi s’interroger sur le cas Soly.

Comment peut-il savoir que les membres de la Cour travaillent en âme et conscience, en toute indépendance ? Question sans doute gênante, mais Soly Abdourahamane n’en a cure. Au contraire ! Très en verve, le « procureur » Soly va boucler son violent réquisitoire contre l’ARDR en soulignant qu’elle dit « tellement de choses inadmissibles, incroyables ». Inadmissible ! Le mot est lâché ou plutôt le masque tombe. La sentence du « procureur » Soly est sans pitié : « Ils ont dénigré la Cour. Est-ce qu’ils seront sanctionnés ? Je ne le sais pas, mais ils s’exposent à des poursuites judiciaires ». Tel est le réquisitoire du « procureur de la Cour constitutionnelle ».



BARMOU

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