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Le Sahel N° 8865 du 26/1/2015

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EDITORIAL : Ensemble, cultivons la paix
Publié le vendredi 6 fevrier 2015   |  Le Sahel




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Les douloureux événements survenus les 16, 17 et 18 janvier dernier dans notre pays, les violentes diatribes et les déclarations incendiaires des uns et autres, ont démontré l'importance de la paix dans un pays.
Durant ces sinistres journées, des paisibles citoyens ont perdu la vie; la cohabitation, jusque-là pacifique entre Nigériens des différentes confessions religieuses, a été mise à rudes épreuves. Des biens publics et privés ont été saccagés et incendiés. Bref, la chienlit s'est installée. Notre pays, le Niger, connu pour être un havre de paix, a frôlé la catastrophe. Il avait suffi d'un petit brin d'allumette pour que l'édifice, si patiemment bâti par nos ancêtres, soit rudement ébranlé, que les barrières qu'on croyait infranchissables soient franchies et que des actes les plus abominables soient posés.
La paix et la quiétude sociale avaient été gravement ébranlées, laissant la place au désordre et à l'anarchie. Le Niger, ce cher havre de paix, était devenu méconnaissable. Un adage du terroir dit bien qu'on ''sait comment débute un conflit, mais on ne sait jamais comment ça va finir''. Alors, nous devons longuement méditer ce verset du Saint Coran où Allah dit : ''Et craignez une calamité qui n'affligera pas exclusivement les injustes d'entre vous'' (Sourate. Al- anfal verset 25).
Et dans tout cela, le plus déplorable a été l'attitude des uns des autres. Entre l'opposition, le pouvoir en place et la société civile, c'était la guerre des tranchées, chacun y allant de ses arguments, rejetant la faute sur l'autre et occultant sciemment sa part de responsabilité. Dans cette jungle infernale, aucune voix ne s'est élevée pour défendre le Niger et la paix; au contraire, chacun voulait tirer la couverture sur lui. Des déclarations et contre déclarations à l'emporte pièce ont été entendues ça et là, jetant encore de l'huile sur le feu et oubliant l'essentiel: le Niger et la paix entre les Nigériens. Or, il est dit, dans cet autre Verset du Saint Coran: ''O Croyants, si une personne mal intentionnée vient à vous avec des nouvelles, recherchez la vérité de crainte de faire stupidement du mal au peuple et de regretter ensuite avec remords ce que vous avez fait''. (Sourate 49, Verset 6).
Sans jeter l'anathème sur X ou Y, nous (partis politiques, pouvoir, opposition, société civile, leaders religieux et citoyens lambda) sommes tous coupables ! Chacun, dans sa sphère de responsabilités, a contribué au pourrissement de la situation. Non, le Niger, notre cher pays, ne mérite pas ça ! Il faut qu'à partir de là, l'on arrête la politique politicienne pour nous unir autour de l'essentiel : la paix et la quiétude sociale. Dans tous les pays du monde, il existe des sujets sur lesquels les citoyens ont bien compris qu'il faut taire les divergences pour former l'union sacrée. Pourquoi donc pas chez nous ? Nous devons consolider la paix à travers l'union des fils du Niger. En effet la paix, c'est ce bien précieux qu'il ne faut jamais perdre, car quand on la perd, on finit par tout perdre. Sans la paix, point de quiétude, de sécurité, de richesses, ni même de dignité.

C'est pourquoi, a-t-on coutume de dire, la paix n'a pas de prix. Cette assertion de Félicité Robert de Lamennais, dans son œuvre ''Paroles d'un croyant (1833)'', illustre bien que la paix est un bien inestimable : ''Si vous n'avez plus qu'un jour à passer sur la terre, faites en sorte de le passer en paix''. En effet, sans la paix, il n'y aura ni démocratie, ni Etat de droit, ni justice, ni pouvoir, ni opposition, encore moins de jouissance des biens de ce monde. Ce sera alors l'anarchie et le chaos.

L'Islam, la religion de plus de 99% des Nigériens, prône la paix, la justice, la tolérance, l'amour du prochain, l'unité, la bonne cohabitation pacifique au sein de la Oummah. Notre religion nous impose de construire, d'édifier, d'unir, de rassembler, et non de détruire. Depuis la nuit des temps, nos ancêtres ont su tisser des liens de parenté entre les différentes communautés de notre espace géographique. Ce brassage séculaire nous a permis de traverser bien des turbulences.
D'ailleurs, le Président de la République a eu à le rappeler à maintes reprises, et notamment dans son allocution lors du forum sur la paix, le développement et la sécurité à Diffa : ''Notre pays bénéficie d'une rente de l'histoire fondée sur les relations séculaires que partagent toutes les composantes de la société nigérienne. Ces relations constituent des ressources à capitaliser et à cultiver. Il faut en être jaloux, et il importe de les conserver avec la plus grande attention, car elles constituent des bases fondatrices pour notre pays''. C'est à ce titre que dans le message à la Nation qu'il a prononcé, récemment, au lendemain des tristes événements des 16, 17 et 18 janvier dernier, le Chef de l'Etat a lancé cet appel solennel à tous les fils du Niger : « Je lance un appel au calme à tous ! La paix, comme vous le savez, est notre bien le plus précieux. Je vous demande, par conséquent de vous démarquer de ces agitations. Je vous demande de contribuer à préserver la paix et la quiétude qu'on nous envie tant. Je vous demande de contribuer à éviter à notre pays des épreuves inutiles. Je vous demande de vous mobiliser pour la stabilité des institutions, condition du progrès économique et social dont nous commençons à sentir les effets. Je vous demande de continuer l'exercice de votre foi dans la tolérance, c'est-à-dire dans le respect de celle des autres, comme je demande aux autres de respecter notre foi ».
C'est dire qu'aujourd'hui, si nous voulons préserver la quiétude sociale dans notre pays, il nous faut une règle d'or à respecter par tous et à appliquer en toute circonstance. Cette règle d'or, plus que le Pacte républicain qui n'a jamais été mis en application, proposera la réciprocité des attitudes et des comportements souhaités par chacun dans ses relations interpersonnelles, collectives et planétaires. Une seule phrase permet de résumer tous les comportements à faire et à ne pas faire. Ce que nous devons faire, c'est ce que tout être humain désire qu'on fasse pour lui : ''respecter, accepter, aider, protéger, accueillir, inclure, apprécier, aimer, calmer, apaiser, écouter, coopérer''. Ce dont nous devons nous abstenir, car nous ne voulons pas les subir, c'est ''tuer, violenter, violer, voler, dénigrer, heurter, exclure ...''

Cette règle d'or est à la fois le rempart contre la violence et la condition de succès pour la paix. Cette règle d'or servira de guide pour vivre ensemble en harmonie au sein de la communauté, et avec tous les autres individus, communautés et régions du monde. « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots », dixit Martin Luther King.

Mahamadou Adamou( mahamadou.yacks@yahoo.fr)

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