Allocution d’ouverture prononcée par le Président de l’Institution, SEM. Amadou Salifou lors de la 1ère session extraordinaire de l’Assemblée nationale
Chers collègues,
Vous me comprendrez certainement, si j'affirme que le 24 novembre 2014, reste pour moi, une date mémorable ! C'est en effet ce jour, que vous m'aviez manifesté votre confiance à travers votre vote qui m'a porté à la tête de notre grande institution. C'est l'occasion ultime pour moi de vous en remercier très sincèrement et de vous notifier ma disponibilité et mon engagement à œuvrer sans relâche dans le sens d'une plus grande efficacité de l'action parlementaire.
Je dois cependant reconnaître que cette nouvelle responsabilité, aussi exaltante soit-elle, constitue un lourd fardeau, et pour le supporter et le mener à bon port, j'ai besoin de l'appui et de la compréhension de tous ! C'est un engagement de ma part de travailler sans a priori pour développer une synergie utile au développement de notre nation !
Nous devons chers collègues, forts de la confiance du peuple et de la nécessité d'œuvrer à l'unisson pour l'édification de notre cher pays, travailler sans relâche, main dans la main, oubliant le clivage Majorité-Opposion, pour atteindre cette efficacité recherchée, pour le bien de notre peuple et pour laquelle dois je le rappeler, le Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou, œuvre sans cesse. Nul n'ignore en effet la volonté et l'engagement de cet Homme d'Etat, d'unir, dans un élan patriotique, l'ensemble des Nigériens pour la consolidation de la démocratie, de l'Etat de droit, de la Paix et pour un développement harmonieux de notre cher Niger.
Excellence Monsieur le Premier Ministre ;
Mesdames et Messieurs ;
Cette première session extraordinaire de notre Assemblée s'ouvre au moment où le peuple nigérien n'a pas encore pansé les plaies ouvertes par les événements malheureux des 16 et 17 janvier 2015 ! Dix (10) de nos frères et sœurs ont payé de leur vie, plusieurs autres ont été blessés au cours de ces actions menées par certains de nos compatriotes ayant malheureusement choisi le mauvais chemin de la violence pour s'exprimer.
C'est le lieu d'adresser au nom de tous les députés, du personnel de notre auguste Assemblée et en mon nom propre, mes condoléances attristées aux familles des disparus, particulièrement à la communauté chrétienne vivant au Niger et mes vœux de prompt rétablissement aux blessés. Je lance à cette occasion, un vibrant appel à mes frères et sœurs nigériens pour que nous nous engagions fermement afin que plus jamais pareils dérapages n'adviennent dans notre
paisible pays.
Excellence Monsieur le Premier
Ministre ;
Mesdames et Messieurs ;
Chers Invités ;
La question sécuritaire consécutive aux actions de la secte islamique Boko Haram du Nigeria, qui motive la tenue de cette première session extraordinaire au titre de l'année 2015, demeure une préoccupation tant au plan national qu'international !
Au plan national d'abord, ce sont plus de deux cent mille (200 000) personnes qui ont fui le Nigeria pour se réfugier dans notre pays. En outre, plusieurs de nos jeunes compatriotes se sont laissés enrôlés dans cette œuvre macabre de déstabilisation de notre sous-région. Malheureusement, entre le vendredi 06 février et aujourd'hui, notre pays vient d'enregistrer ses premières victimes du fait de ce terrorisme honteux. Ce sont en effet six (6) de nos compatriotes, éléments des Forces de défenses et de Sécurité et civils qui ont perdu la vie dans les localités de Bosso et Diffa.
C'est le lieu de vous demander d'observer une minute de prière à la mémoire de ces illustres disparus, de ceux emportés par les manifestations des 16 et 17 janvier 2015 et aussi à la mémoire des scolaires ayant perdu la vie dans les manifestations du 09 février 1990 dont les scolaires nigériens commémorent aujourd'hui le 25ème anniversaire. Que leurs âmes reposent en paix !
Au plan international ensuite, la régionalisation progressive de la lutte contre Boko Hararn, impliquant, outre le Nigeria, les autres pays du bassin du Lac Tchad, à savoir le Cameroun, le Tchad et le Niger, a très tôt interpelé la communauté internationale. Du 17 au 19 mai 2014, un sommet extraordinaire a réuni cinq Chefs d'Etat Africains, à Paris autour du Président François Hollande pour se pencher sur les stratégies à mettre en œuvre pour faire face à cette secte, qui, de 2009 à aujourd'hui causé la mort de plus de 15000 personnes selon des sources concordantes.
Le 16 janvier 2015, d'importantes rencontres régionales se sont tenues ici à Niamey, d'abord entre ministres des affaires étrangères, puis entre Chefs d'Etat des pays concernés avec comme objectif principal de déterminer, de façon concrète, les moyens à déployer pour lutter contre Boko Haram.
Au moment où je m'adresse à vous, des projets de résolutions sont déposés auprès des Conseils de sécurité de l'Union Africaine et de l'ONU, en vue d'obtenir à terme le soutien logistique et financier de ces organisations continentale et planétaire.
Pour ma part, j'ai pu témoigner de cette mobilisation internationale lors de mes différents entretiens avec des émissaires internationaux, mais aussi tout au cours de ma récente tournée en Europe. J'ai personnellement saisi ces opportunités pour attirer davantage, l'attention de mes différents interlocuteurs, tant à Istanbul qu'à Clermont-Ferrand, sur l'ampleur de ces menaces terroristes et sur le péril humanitaire qui guette notre pays.
L'importance du nombre des réfugiés qui croit de jour en jour justifie la nécessité de ces appels à la solidarité que nous lançons à l'endroit des pays amis et des organisations internationales.
Mais en attendant la réaction de la communauté internationale, les pays concernés, se doivent d'anticiper et se donner en conséquence les moyens d'endiguer cette volonté expansionniste de Boko Haram.
Le gouvernement du Niger, dirigé par Son Excellence Brigi Rafini, a alors dans cette logique demandé la tenue de cette session extraordinaire qui a pour but de voter une Résolution autorisant le gouvernement à envoyer des troupes pour combattre Boko Haram et cela conformément aux dispositions de l'article 104 de la constitution du 25 novembre 2010.
Mesdames et Monsieur,
Notre pays n'a jamais failli à son devoir de solidarité vis-à-vis de ses voisins. En autorisant le gouvernement à envoyer des troupes au Nigeria aux côtés des soldats du Tchad, du Cameroun, du Nigeria et du Bénin, notre pays aura répondu à au moins trois impératifs principaux :
D'abord le devoir qu'ont l'Etat et ses dirigeants de garantir la sécurité de la population, car si hier les attaques de Boko Haram intervenaient hors de nos frontières, aujourd'hui ce sont nos villes et villages de l'Est du pays qui subissent les affres de ce terrorisme. Ensuite le devoir de solidarité face à un pays frère et ami comme le Nigeria, qui au-delà de l'accord de défenses qui fait obligation aux pays de se porter assistance en cas d'agression ou de déstabilisation armée, qui dis-je, partage avec notre pays des valeurs et des traditions historiques de coopération multiforme ;
Enfin, le Niger aura répondu aussi promptement à l'appel de la conférence des Chefs d'Etat de l'Union africaine tendant à la création d'une force militaire régionale pour contrer la secte Boko Haram. Il est évident que la mutualisation des efforts et des moyens entre nos pays concernés, contribuent sans nul doute, à anéantir ces forces qui s'illustrent par leur barbarie et leur mépris pour la religion musulmane au nom de laquelle elles prétendent agir.
Mes chers collègues députés,
J'en appelle donc à votre sens de responsabilité, pour que de façon diligente nous adoptions cette résolution et donnions au gouvernement les moyens d'honorer ses engagements internationaux.
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
Chers collègues,
Mes chers concitoyens,
La guerre est certes perçue comme une affaire des militaires et autres corps de Défense et de Sécurité qui se transportent au front, mais en réalité, nous sommes tous au front ! Apportons tous ensemble le soutien et les prières nécessaires à ces vaillants combattants ! Créons les conditions de leur motivation et garantissons leur, notre collaboration pour démasquer partout où il se cache, le dernier membre de la secte Boko Haram ! C'est l'exigence du devoir citoyen et c'est la seule voie pour faire triompher nos combattants !
Quant à vous, professionnels des média, je vous félicite et vous encourage dans votre travail de tous les jours. Votre rôle dans ce combat est éminemment important. Vous devez alors avec patriotisme, contribuer comme à votre habitude, à la sensibilisation de nos populations pour une plus grande vigilance dans cette guerre qui nous est imposée.
Qu'Allah le Tout puissant protège le Niger !
Je vous remercie ! »