Concoctée dans des conditions historiques particulières et sur les cendres de la défunte ARN (Alliance pour la Réconciliation Nationale), l’Alliance pour la République, la Démocratie et la Réconciliation (ARDR) est l’œuvre du ‘’fugitif’’ tout comme l’était son ancêtre ARN quatre ans plus tôt.
On s’en souvient, à la veille des élections présidentielles du 31 janvier 2011, l’union sacrée qui s’était formée auparavant pour barrer la route au projet funeste du tazarché, venait de se fracasser sur les ambitions croisées d’une classe politique qui ne semblait pas avoir tiré tous les enseignements des errements d’un passé encore douloureux et surtout caractérisé par une instabilité politique chronique ayant longtemps hypothéqué tout espoir d’un renouveau du Niger.
Prétextant l’arrêt du Conseil Constitutionnel de Transition (CCT) ayant invalidé des listes à la députation de certains partis politiques pour nonrespect de la loi électorale, tels des ‘’fils d’Israël’’, la classe politique nigérienne fut très tôt rattrapée par ses vieux démons de la division, oubliant au passage tout le chemin parcouru et les multiples sacrifices consentis par les militants pour en arriver-là. L’ARN était ainsi née des turpitudes d’une classe politique incapable d’un dépassement de soi pour prendre en charge les destinées d’un peuple longtemps meurtri par les querelles puériles de ses dirigeants.
L’artisan principal de cette ARN, c’était sans nul doute Hama Amadou luimême, la variable aléatoire de la politique nigérienne, un homme sans convictions politiques affirmées et sans grands desseins politiques avérés autres qu’un primaire pouvoirisme aux relents concupiscents. Calculateur-né, il avait sa petite idée derrière cet échafaudage politique dénommé ARN taillée uniquement pour ses intérêts politiques. En fait, dans l’entendement du Seigneur de Youri, l’ARN ne devait servir qu’à une seule chose : être une rampe de lancement pour lui vers la magistrature suprême.
En effet, le Seigneur de Youri était persuadé de se qualifier au second tour de l’élection présidentielle pour bénéficier du soutien de l’ARN Malheureusement pour lui, les dieux des urnes en avaient décidé autrement, puisque, quoi qu’il eût fait ou entrepris, il n’arriva que troisième à l’issue du premier tour du scrutin. C’est un autre candidat de l’ARN, Seini Oumarou, qui se qualifia pour le denier round de ce scrutin. Que faire alors dans ces conditions ? Rester à l’intérieur de l’ARN et apporter son soutien à Seini Oumarou, comme le stipulait le pacte fondant l’ARN ? Aider Seini Oumarou, ‘’le traître’’, à monter sur la haute marche du podium, était sans doute le pire scénario que le Seigneur de Youri n’eût jamais intégré dans ses calculs politiques !
Ou bien au contraire, se résoudre à rejoindre le candidat du PNDS, le rival politique historique ? Voilà le dilemme cornélien en face duquel Hama Amadou devait opérer un choix forcé, car il n’existait pas une troisième voie ! La mort dans l’âme, finalement, il retourna casaque pour fausser compagnie à ses amis d’hier de l’ARN et vint rejoindre le candidat Issoufou Mahamadou au second tour de la présidentielle. Comme on le voit, le ralliement de Hama Amadou à la candidature d’Issoufou Mahamadou n’avait rien de sincère en soi mais dicté tout simplement par des circonstances historiques bien précises relatées plus haut, c’est-à-dire que l’ARN ne valait pour Hama qu’au cas où il se serait qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle.
Mais dès lors que cette aspiration avait été brisée et en l’absence de tout plan B, le personnage se mit alors à improviser la suite de sa carrière politique. Et d’ailleurs, sa cohabitation avec la Septième République s’en ressentira fortement, car bien que formant une alliance avec le PNDS, il n’avait de cesse de pourfendre le régime en dépit des avantages dont lui et son parti jouissaient dans cette alliance, parfois au détriment même de l’allié principal (Le PNDS). Du haut de son perchoir à l’Assemblée nationale, il ne manquait pas d’occasions de critiquer ouvertement le gouvernement comme s’il agissait d’un opposant.
En fait, ayant pris langue depuis longtemps avec l’opposition pour un renversement de majorité à l’Assemblée, il cherchait le prétexte pour faire ses adieux à la MNR tout comme il l’avait auparavant avec l’ARN. Il saisit alors la formation du gouvernement d’union nationale avec sa sordide histoire de ‘’coquilles vides’’ pour quitter la MRN, un prétexte fallacieux et surtout ridicule dans la mesure où c’était lui-même Hama Amadou qui, dans son discours de clôture de la session budgétaire au titre de l’année 2012 de l’Assemblée nationale, avait appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale.
Pourtant, lorsqu’auparavant, le Président Issoufou l’avait entretenu de son désir de recourir à ce type de gouvernement pour des raisons de stabilité politique (pour des pays en transition démocratique comme le nôtre), c’est Hama Amadou lui-même qui s’y était opposé fermement et le PR dut en abandonner l’idée pour ne pas risquer de froisser un allié stratégique à l’époque. En réalité, en évoquant cette idée de gouvernement d’union nationale, Hama Amadou voulait faire diversion sur ses véritables intentions, car depuis des mois, il était en contact permanent avec Seini Oumarou pour faire fusionner les partis MNSD/Nassara et Lumana/FA, et aussi avec Mahamane Ousmane en vue de mettre le PR Issoufou en cohabitation.
Quant à Seini Oumarou, il devait à son tour faire semblant pendant les pourparlers avec le PNDS et attendre le dernier moment pour faire capoter ces négociations, l’objectif final étant de former une nouvelle alliance parlementaire. Malheureusement pour ces mauvais joueurs d’échecs, leur stratégie avait foiré, notamment la fusion du MNSD avec le Lumana avec des résistances de part et d’autre des deux formations politiques dont les blessures de la guerre qu’elles s’étaient livrée dans un passé récent restaient encore béates !
Devant cet échec cuisant et en l’absence de tout plan B, nos éternels loosers continuèrent à s’enliser dans leurs contradictions et sans grande conviction, ils se résolurent à créer leur fameuse ARDR, à l’initiative de Hama Amadou (encore lui, il était également le principal artisan de l’ARN en 2011) qui ne rêvait que d’une seule : en découdre rapidement avec le régime de la renaissance du Niger. Ainsi, depuis sa création, ce ramassis de ‘’has been politiques’’ appelé ARDR n’a jamais eu une âme véritable pour fonctionner comme une alternative crédible au régime de la Septième République en 2016.
En perte de vitesse dans l’opinion publique nationale, sa voix devenue inaudible, ses fondations fortement ébranlées par des dissensions internes, l’ARDR se trouve aujourd’hui réduite à recourir à ‘insurrection populaire comme méthode d’opposition. Les événements malheureux du 16 et 17 janvier derniers sont-là pour en attester. Elle aura renoncé au combat politique sain, axé sur des arguments politiques recevables pour adopter un comportement voyou, antidémocratique et antirépublicain en s’attaquant violemment et ouvertement aux institutions républicaines comme la Cour Constitutionnelle dont elle a remis en cause l’intégrité morale de ses membres pourtant assermentés.
Jamais dans la jeune histoire démocratique de notre pays, l’on n’avait connu une telle situation de la part de potentiels gouvernants qui franchissent le rubicond de l’indécence politique à son stade le plus achevé pour remettre en question les piliers fondamentaux de notre société démocratique ! La CFDR comptait plus de partis que l’actuelle ARDR, avait plus de légitimité politique que cette dernière car les partis qui la composant n’étaient pas traversées par des courants dissidents qui sont aujourd’hui le lot quotidien de l’ARDR, mais jamais, Zaki et ses camarades alliés ne s’étaient laissé aller à ces exces. Mais que voulez vous, on ne se décrète pas démocrate du jour au lendemain, on naît avec une âme de démocrate.
Les animateurs de l’actuelle ARDR n’ont jamais été de véritables démocrates, mais tout simplement des individus charriés par les courants électoraux et qui ont échoué aux côtes démocratiques de notre pays à leur corps défendant. Aucune conquête démocratique majeure ne peut être mise à leur actif, mieux, ont-ils été souvent de l’autre côté, suivez mon regard, au cours de la Conférence Nationale Souveraine de juillet 91, lorsque les forces vives de la nation s’étaient donné rendezvous au Palais du 29 juillet pour remettre en cause l’ordre politique hérité des régimes d’exception sous lesquels avait vécu le Niger durant deux décennies.
Ce n’est donc point surprenant si des individus pareils recourent à l’insurrection populaire pour espérer accéder au pouvoir, car pour eux, les urnes représentent l’enfer. Voilà pourquoi ils ne peuvent se sentir à l’aise dans une opposition démocratique et sont prêts à tout pour briser le cadre démocratique national chèrement acquis par notre vaillant peuple. Toutes les gesticulations actuelles de l’ARDR s’inscrivent dans ce schéma antidémocratique, car électoralement, elle ne signifie plus rien face au bilan concret du régime de la renaissance du Niger. Le putschisme est aujourd’hui son ADN, la manip et l’intox son carburant politique.
Voilà pourquoi l’ARDR n’a pas et ne pourra jamais avoir d’avenir politique. Les Nigériens sont, aujourd’hui, assez matures pour comprendre que leur bonheur ne se trouve point entre les mains d’aventuriers politiques regroupés au sein de l’ARDR.