Des centaines de militaires nigériens sont arrivés en renfort à Diffa (Niger) ce vendredi 13 janvier, pour épauler les opérations multinationales contre Boko Haram et participer au ratissage qui a débuté dans cette ville proche de la frontière du Nigeria, cible depuis plusieurs jours des attaques de la secte.
Plus de dix camions remplis de soldats tous corps confondus sont entrés dans la ville en milieu d’après-midi, a constaté l’envoyé spécial de Sahelien.com sur place.
Une opération minutieuse de ratissage au porte-à-porte a débuté dans la ville. Les militaires entrent dans les maisons à la recherche d’éventuels membres ou complices de la secte islamiste.
Le bilan des arrestations n’est pas pas encore connu. Mais 18 membres présumés de la secte ont été arrêtés dans la commune rurale de Nguini, à 130 km environ de Diffa. “Les membres de Boko Haram sont mélangés avec la population,” confie une source militaire nigérienne.
Jeudi, l’armée nigérienne avait arrêté deux personnes, Malam Kadri et Kaka Bunu, dans la ville de Diffa. Selon une source sécuritaire, ces personnes sont considérées comme des dirigeants de la secte dans la localité. “Plusieurs types d’armes ont été retrouvées à leur domicile,” indique la même source.
Kaka Bunu avait été interpellé précédemment, soupçonné d’éventuelles liaisons avec Boko Haram. Mais il avait été relâché pour manque de preuve, explique un journaliste basé à Diffa.
Alors que le conflit Boko Haram se régionalise avec l’entrée en jeu des forces tchadiennes, camerounaises et nigériennes, Diffa, commune de 60 000 personnes dont la population a fortement gonflé avec l’arrivée massive de réfugiés du Nigeria, se retrouve sur la ligne de front des combats.
Depuis plusieurs jours Boko Haram cible Diffa, avec une bombe artisanale dans un marché et l’attaque de la prison civile dimanche dernier, suivi le lendemain d’un attentat-suicide apparent vers le bureau de la douane. Après le vote du parlement nigérien autorisant l’entrée en guerre contre Boko Haram, le gouvernement a décrété mardi l’état d’urgence dans la région.
Ce samedi 14 février, deux obus sont tombés sur Diffa, l’un à proximité de la gendarmerie et l'autre vers la maison de jeunes, a constaté notre envoyé spécial.
Pendant que les organismes de secours lancent l’évacuation des réfugiés nigérians de la zone, de nombreux habitants de Diffa continuent à quitter la ville de peur d’une intensification des combats. Environ 5 000 déplacés sont arrivés jeudi à Zinder, deuxième ville du Niger, située à quelque 300 km.
A Diffa, les autorités ont lancé un appel à l’ouverture des commerces pour approvisionner la population, mais la circulation des personnes est toujours timide dans la ville.