Le gouverneur de la région de Zinder Kalla Moutari vient de réagir aux propos qui lui ont été attribués par la chaine britannique BBC à travers un reportage de sa correspondante régionale, la journaliste Tchima Illa. Selon cette dernière, le gouverneur aurait laissé entendre que les autorités n’auraient pas de quoi prendre en charge les personnes qui affluent de Diffa à la suite des attaques de Boko Haram et par conséquent, que ces déplacés feraient mieux de se débrouiller c'est-à-dire « d’aller voir ailleurs ».
En réponse, le gouverneur Kalla Moutari a rejeté en bloc ces accusations en affirmant n’avoir jamais tenu de tels propos. Il a en ce sens fait la genèse de toutes les actions entreprises depuis des mois pour faire face à la situation en collaboration avec le gouvernement, les autorités locales et les associations de Zinder. Pour Kalla Moutari, le reportage de la BBC n’est qu’une falsification des propos qu’il a tenu au cours de la conférence de presse à laquelle a pris part plusieurs journalistes sauf l’auteur dudit élément radiophonique.
Selon des vérifications faites par Actuniger.com auprès des journalistes ayant assistés à la dite conférence de presse, la journaliste en question n’était effectivement pas présente ce jour-là. Toutefois, on n’ignore si elle a eu par la suite un entretien individuel avec le gouverneur dans le cadre du reportage diffusé en milieu de semaine sur les ondes d’une chaine très écoutée au Niger. Le fait est que le reportage s’appuie sur les déclarations du gouverneur.
Selon un des proches de Kalla Moutari, « les propos du gouverneur ont été sortis de leur contexte et la journaliste avait coupé juste une partie des déclarations ».
Voici en intégralité la mise au point du gouverneur de la région de Zinder Kalla Moutari :
« Moi même j’étais très surpris et choqué d’entendre dire que j’ai été capable de dire que les refugiés ne sont pas les bienvenus a Zinder, même sous prétexte que nous n'aurions pas de quoi les prendre en charge.
Je n'ai jamais dit une telle chose, une aussi grosse absurdité. Je n'ai jamais manqué autant de cœur. Je n’ai jamais dit même quelque chose qui y ressemble.
Avant les premières frappes militaires sur Boko Haram, nous avions discuté avec la Cellule Humanitaire du cabinet du Premier Ministre pour évaluer les besoins et les réponses à donner. Cet exercice a été bien mené et nous sommes capables aujourd’hui à Zinder de satisfaire les besoins des déplacés en vivres, en matériel de couchage et autres commodités.
Nos services de sécurité et de soutien psychologique placés aux postes de contrôle et de tri n’ont jamais manqué de s’enquérir auprès de nos compatriotes en détresse s’ils ont un point de chute a Zinder quand ils n’ont pas l’intention de passer cette étape du trajet. Les rares personnes qui n’ont pas de connaissance à Zinder sont immédiatement prises en charge.
Mais c’est l’hospitalité qui a surtout joué à fond. Aucune famille, aucun déplacés n’a passé la nuit dans la rue. Nous avons fait le constat et nous l’avons dit à la population de Zinder pour l’en féliciter vivement.
Mais nous avions dit que nous n’ouvrirons pas de camps de refugiés dans la ville de Zinder. Si on devait ouvrir de camps de refugiés, ce serait après évaluation, et en amont de Zinder, c'est-à-dire à la rentré de la région et plus près des zones de résidence habituelle des déplacés(Gouré).
Nous avons exhorté la population de Zinder à accueillir les refugiés. Mais aussi à être prudente. Nous savions et nous l’avions dit : la plupart des déplacés continuaient sur d’autres région (Maradi, Dosso, Tahoua et Niamey). Peu de gens restaient à Zinder. Parce que les retournés étaient essentiellement des familles de fonctionnaires, de FDS, de commerçants et autres travailleurs. Nous le savons parce que nous avions mené l’exercice d’identification des personnes accueillies.
Toutes ces informations ont été régulièrement livrées aux acteurs organisés, aux leaders d’opinion, à la presse de Zinder. La seule journaliste qui était absente de toutes ces rencontres (il y’a eu au moins quatre réunions, dont l’une avec les responsables de la presse) était Tchima Illa. Et c’est celle-là qui nous avait prêté ces propos. Elle sait qu’elle ne risque rien. Elle se le permet. Et elle n’est pas à son premier… ».