Le gouvernement nigérien a annoncé aujourd’hui l’ouverture d’une enquête et décrété trois jours de deuil national après le bombardement par un avion "non identifié" mardi d’un village du sud-est du Niger, qui a fait au moins 36 morts et une vingtaine de blessés.
"Une enquête est ouverte pour identifier le ou les aéronefs auteurs de cette tragédie", a déclaré le porte-parole du gouvernement et ministre de la Justice Marou Amadou. "A la mémoire des victimes de cette tuerie, un deuil national de trois jours sera observé à partir de ce jeudi et les drapeaux seront mis en berne sur toute l’étendue du territoire national", a déclaré M. Amadou à la télévision publique.
Selon le vice-maire d’Abadam, Ali Youram, qui s’exprimait sur une télévision privée, "deux avions sont venus au-dessus du village. L’un a bombardé la mosquée où se trouvaient des fidèles. Le deuxième avion a lâché une bombe à près de 200 mètres du village". "On a constaté que ce sont des avions nigérians pour avoir aperçu leurs couleurs vert et blanc. Ca se voit, même étant assis, tu peux les apercevoir", a affirmé M. Youram, pour qui les pilotes l’ont fait "exprès". "Je ne pense pas qu’ils pouvaient ne pas connaître la frontière entre le Niger et le Nigeria", a-t-il souligné. "Il n’y avait aucun rapport d’un avion nigérian impliqué dans ce bombardement", a répondu Dele Alonge, le porte-parole de l’armée de l’air nigériane.
Le témoignage du vice-maire corrobore les dires d’un élu de Bosso, un bourgade située à une dizaine de km d’Abadam. "Dans un premier temps, nous avions pensé à une bavure de l’armée nigérienne ou tchadienne, mais finalement, nos soupçons se portent vers l’armée nigériane", a-t-il déclaré à l’AFP. Les armées du Niger et du Tchad, actuellement mobilisées à la frontière nigéro-nigériane pour lutter contre le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram, "excluent toute responsabilité" dans le largage de la bombe, ont affirmé deux autres élus locaux.
Les 36 victimes sont "des habitants qui assistaient à une cérémonie de deuil d’un responsable préfectoral", a déclaré une source humanitaire.