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Bombardement d’un village: le Niger ouvre une enquête et décrète 3 jours de deuil national
Publié le jeudi 19 fevrier 2015   |  AFP


Marou
© Autre presse par DR
Marou Amadou, le ministre nigérien de la Justice
Marou Amadou, le ministre nigérien de la Justice


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Le gouvernement nigérien a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête et décrété trois jours de deuil national après le bombardement par un avion "non identifié" mardi d'un village du sud-est du Niger, qui a fait au moins 36 morts et une vingtaine de blessés.

"Une enquête est ouverte pour identifier le ou les aéronefs auteurs de cette tragédie", a déclaré le porte-parole du gouvernement et ministre de la Justice Marou Amadou.

"A la mémoire des victimes de cette tuerie, un deuil national de trois jours sera observé à partir de ce jeudi et les drapeaux seront mis en berne sur toute l'étendue du territoire national", a déclaré M. Amadou à la télévision publique.

Mardi à 17H00 (locales, 16H00 GMT), un avion "dont l'origine reste à déterminer" a bombardé la localité d'Abadam côté Niger, faisant "36 morts et 27 blessés", affirme l'armée nigérienne dans un rapport quotidien dont l'AFP a obtenu copie mercredi.

M. Amadou a fait état d'un bilan provisoire de 24 blessés. Les victimes étaient selon lui "rassemblées près d'une mosquée en raison d'un décès".

Selon le vice-maire d'Abadam, Ali Youram, qui s'exprimait sur une télévision privée, "deux avions sont venus au-dessus du village. L'un a bombardé la mosquée où se trouvaient des fidèles. Le deuxième avion a lâché une bombe à près de 200 mètres du village".

"On a constaté que ce sont des avions nigérians pour avoir aperçu leurs couleurs vert et blanc. Ca se voit, même étant assis, tu peux les apercevoir", a affirmé M. Youram, pour qui les pilotes l'ont fait "exprès". "Je ne pense pas qu'ils pouvaient ne pas connaître la frontière entre le Niger et le Nigeria", a-t-il souligné.

"Il n'y avait aucun rapport d'un avion nigérian impliqué dans ce bombardement", a répondu Dele Alonge, le porte-parole de l'armée de l'air nigériane, dans un SMS envoyé à l'AFP.

Le témoignage du vice-maire corrobore les dires d'un élu de Bosso, un bourgade située à une dizaine de km d'Abadam. "Dans un premier temps, nous avions pensé à une bavure de l'armée nigérienne ou tchadienne, mais finalement, nos soupçons se portent vers l'armée nigériane", a-t-il déclaré à l'AFP.

Les armées du Niger et du Tchad, actuellement mobilisées à la frontière nigéro-nigériane pour lutter contre le groupe islamiste armé nigérian Boko Haram, "excluent toute responsabilité" dans le largage de la bombe, ont affirmé deux autres élus locaux.

Les 36 victimes sont "des habitants qui assistaient à une cérémonie de deuil d'un responsable préfectoral", a déclaré à l'AFP une source humanitaire.

D'après les deux élus précédemment cités, Abadam est divisé par un cours d'eau. Une partie du village se trouve au Nigeria et l'autre au Niger. Mais seule la partie nigérienne d'Abadam a été touchée par la bombe, selon ces deux sources.

D'après l'élu de Bosso, une première bombe était tombée "il y a trois jours" sur le village de Gamgara, également situé à proximité de Bosso, "faisant un mort".

Bosso avait été le théâtre de la première offensive massive des insurgés de Boko Haram en territoire nigérien le 6 février dernier. Les islamistes avaient attaqué au même moment Diffa, la capitale provinciale, distante d'une centaine de km.

Selon les derniers bilans officiels, plus de 200 insurgés ont été tués, et 7 membres des forces de sécurité nigériennes ont perdu la vie.

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