Colloque de l’Ordre des avocats du Niger : Créer les conditions de développement du barreau du Niger pour un meilleur accès des citoyens à la Justice #aNiamey

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Colloque de l’Ordre des avocats du Niger : Créer les conditions de développement du barreau du Niger pour un meilleur accès des citoyens à la Justice

Publié le vendredi 20 fevrier 2015 | Le Sahel

© Autre presse par dr
Colloque de l`Ordre des avocats du Niger : Créer les conditions de développement du barreau du Niger pour un meilleur accès des citoyens à la Justice

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C'est en prélude à la rentrée solennelle du barreau du Niger qui s'ouvre aujourd'hui, que l'Ordre des Avocats du Niger a organisé, mercredi dernier à Niamey, un colloque sur le thème ''Avocat et éthique''. Au cours de cette rencontre, plusieurs thématiques, somme toute d'importance capitale dans l'exercice du métier, ont été minutieusement exposées par des personnes expérimentées en la matière, et débattues avec les participants dans une perspective de formuler des recommandations au Ministère de la Justice. Ce colloque dont l'ouverture des travaux a été présidée par M. Marou Amadou, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Porte- parole du gouvernement, a enregistré la présence du président de la Haute Autorité à la Lutte contre la Corruption et des Infractions Assimilées (HALCIA) M. Issoufou Boureima ; des barreaux amis ; des institutions comme l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) ; des bâtonniers du Burkina, du Sénégal, du Togo, de la Côte d'Ivoire, du Mali, de Vichy, de la Guinée Bissau, et aussi des avocats venant de Montpellier, de Paris, du Cameroun et du Tchad.
Dans les pays en voie de développement, le rôle des avocats dans la promotion de l'Etat de droit, la défense de la démocratie, le maintien de la stabilité sociale et le développement économique est indéniable. Selon le ministre de la Justice M. Marou Amadou, pour mieux assumer ce rôle, les avocats doivent avoir un cadre législatif adéquat et des conditions d'exercice adaptées. C'est dans cet esprit qu'est intervenue la récente réforme à travers le règlement UEMOA du 25 septembre 2014 entré en vigueur le 1er janvier 2015. En même temps qu'il harmonise les règles de la profession d'avocat, ce texte renforce l'indépendance de l'avocat dans l'espace UEMOA, et donc l'obligation, pour lui, d'exercer sa profession avec loyauté, intégrité, et courage.

''Compte tenu de la rigueur que vous devez observer dans tous les actes de votre profession et dans vos comportements quotidiens, la nouvelle réglementation rend obligatoire la formation initiale et continue de tous les avocats de l'espace UEMOA. D'où l'intérêt que le Gouvernement nigérien, en particulier, mon département ministériel, accorde au présent colloque qui vise à renforcer les capacités des avocats pour en faire des acteurs compétents et respectueux des règles d'éthique et de déontologie'', dit le ministre Marou Amadou dans son discours d'ouverture.
En s'adressant particulièrement au bâtonnier du Niger, le ministre de la Justice a fait remarquer que dans le contexte d'instabilité et d'insécurité de tous ordres qui caractérise la plupart des Etats d'Afrique, le service public de la Justice, dont l'avocat est un des acteurs principaux, doit combattre toute pratique contraire à la stabilité sociale et à l'épanouissement de nos fragiles entités économiques. C'est pourquoi, a-t-il ajouté, le Conseil de l'Ordre doit rester vigilant et protéger le corps contre tout comportement qui ôte sa dignité à l'avocat et ternit l'image de cette noble profession. A ce niveau d'ailleurs, il a attiré principalement l'attention de tous les avocats sur leur devoir de veiller, dans l'accomplissement de leur profession, à lutter contre la corruption, le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, et contre toute atteinte à la dignité humaine. Dans ce combat, tous les acteurs du service public de la Justice, dont les avocats, ont un rôle important à jouer. Il y va de la préservation de l'ordre public, de la quiétude sociale et de la stabilité des Etats, a-t-il relevé.
Les différents modules de formation prévus par ce colloque s'inscrivent dans le cadre des actions visant à créer toutes les conditions du développement du barreau du Niger pour un meilleur accès des citoyens à la Justice. Dans cette optique, le ministre a félicité le barreau pour la récente admission de 15 nouveaux avocats stagiaires, soit une augmentation de plus de 12% de l'effectif.
Auparavant, le bâtonnier de l'ordre des avocats du Niger, Me Daouda Samna, a remercié ses confrères et consœurs qui ont accepté de partager leurs expériences et leurs expertises en acceptant de les entretenir sur les divers sujets comme le rôle de l'avocat dans la cité; la frontière entre le professionnel et le privé; le délicat contentieux entre avocats et clients; le rôle de l'avocat dans la lutte contre la corruption.
''Sans forcément être un sujet d'actualité, le thème ''avocat et éthique'' ''est une préoccupation quotidienne pour les avocats que nous sommes, car à l'interrogation et à l'interrogatoire éthique, nous autres avocats sommes astreints tous les jours'', a souligné le bâtonnier. ''Aussi, si la déontologie, si la règle morale professionnelle fait l'objet de textes légaux, les règles de notre ordre parce qu'elles confortent tout ce que l'être humain renferme intrinsèquement de plus noble, l'indépendance, la dignité, l'humanité, la conscience, les règles dis-je, sont de ce fait confondues aux usages, voire à la vie de tous les jours'', a-t-il dit. La conscience libre libérée, sans entrave que le souci de la liberté et de la paix sociale, la paix publique, l'ordre moral et social. A la limite, donc, une gageure: insoumission dans la soumission à sa conscience éclairée; insoumission jusqu'à pouvoir écrire et dire que la loi est injuste lorsqu'elle l'est. Et l'on doit pouvoir dire que si le juge fait l'avocat, l'avocat fait le juge, parce qu'il pousse à la jurisprudence, parce qu'il pousse librement à la doctrine, parce que, ce faisant, il pousse à la loi, participe ainsi à la loi. C'est dire que l'éthique de l'avocat comporte, selon le bâtonnier de l'Ordre des avocats du Niger Me Daouda Samna, tout l'art du savoir-faire, du savoir-être et aussi du savoir-vivre. C'est l'art de défendre, de conseiller, en respectant la décence, d'attaquer les citadelles fortes en sauvegardant les fondements et les fondamentaux, d'énoncer un texte de loi en réclamant justice et équité, de respecter les institutions tout en dénonçant leurs travers et surtout, face au confrère et au juge, de défendre et encore défendre, intransigeant et flexible à la fois, libre dans ses écrits comme dans sa parole, en se rappelant toujours la vertu cardinale de la profession, l'avocat est un homme digne, soutenu Me Daouda Samna. ''C'est au nom de ces valeurs que, dernièrement, je me suis permis d'interpeller chacun d'entre nous sur les sorties intempestives et la médiatisation à outrance des procédures judiciaires. L'aire dans laquelle l'avocat excelle est le prétoire et son cabinet, et non pas les plateaux des télévisions; et sous le même registre, j'attire l'attention, tant des autorités que de certains hommes politiques, sur le fait que la justice ne s'accommode pas avec le bruit. En effet, il est temps que le secret de l'instruction cesse d'être violé et la présomption d'innocence écornée. Le respect des règles par tous les acteurs de la chaîne judiciaire est le gage d'une justice juste et équitable, capable de rassurer tous les concitoyens'', a averti le bâtonnier.
Le président de la Haute Autorité à la lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées, M. Issoufou Boureima, a indiqué pour sa part que son institution s'est fait le devoir d'accompagner le secteur judiciaire dans le volet formation et renforcement des capacités dans la lutte contre la corruption. En outre, si des vicissitudes peuvent être relevées dans le système judiciaire, a dit le président de la HALCIA, ce n'est pas de la seule faute des magistrats. Les responsabilités peuvent être partagées et tous les acteurs peuvent, d'une manière ou d'une autre, trouver à pouvoir répondre de leurs actes. C'est pourquoi il est temps d'identifier les maux afin de pouvoir construire quelque chose de positif, a-t-il conclu.

Hassane Daouda

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