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Le Sahel N° 8865 du 26/1/2015

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Diffa : Retour au calme et à la sérénité dans la capitale du Manga
Publié le vendredi 20 fevrier 2015   |  Le Sahel


Pont
© Autre presse par DR
Pont Kogui de Diffa : le convoi du Ministre de la Défense Nationale essuie des tirs de la secte Boko Haram


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Le groupe terroriste Boko Haram, qui sévit au nord-est du Nigeria, a pour la première fois lancé une attaque d’envergure contre la ville de Diffa et la localité de Bosso, le 6 février dernier. La riposte vigoureuse et efficiente des Forces de Défense et de Sécurité nigériennes a permis de repousser tous les assaillants et de leur infliger une lourde et mémorable défaite.

Le groupe a ainsi perdu plusieurs centaines de ses combattants.
Mais cette attaque inédite a provoqué une situation de panique générale au sein des populations de la ville de Diffa. Apeurés et pas du tout habitués à une telle situation de quasi-guerre, de nombreux habitants ont choisi le chemin de l’exil vers d’autres localités du pays jugées plus sûres, emportant avec eux le peu qu’ils peuvent et laissant ainsi derrière eux la ville qu’ils ont tant aimée. La ville de Diffa s’est vidée progressivement de sa population au début des évènements. Seuls quelques habitants sont restés dans l’angoisse et la peur que les assaillants reviennent à la charge.

Après l’attaque, les autorités nationales ont déployé un important dispositif sécuritaire et défensif, fort de plusieurs milliers d’hommes, puis décrété l’état d’urgence qui a donné des pouvoirs supplémentaires aux Forces des Défenses et de Sécurité pour ramener la quiétude sociale, l’ordre et la sécurité dans toute la région. Dix (10) jours après ces évènements survenus dans cette ville cosmopolite de Diffa, la sécurité, la sérénité et la paix sont revenues. Elles s’installent et se consolident chaque jour grâce à l’excellent travail parfaitement exécuté par l’ensemble des agents des Forces de Défense et de Sécurité déployés dans toute la ville et ses alentours. A la date du 16 février, quand nous nous sommes rendus sur place, aucune attaque ni tentative d’attaque, aucune incursion ou infiltration n’a été perpétrée et cela depuis plusieurs jours. Cette information rassurante vient aussi bien des autorités que des habitants restés dans la ville, et elle se vérifie à travers le mouvement des populations.

A Diffa, la vie reprend son cours normal, la situation se stabilise progressivement. On remarque même, depuis quelques jours, un retour des habitants déplacés, à pieds comme en voiture. Au niveau des agences des compagnies de transport notamment, le regain d’activités se constate aisément. Certains habitants reviennent avec toutes leurs familles, tandis que d’autres, un peu sceptiques, arrivent seuls, le temps de voir plus clair. Mais ils découvrent avec soulagement, et fort heureusement, qu’aucun acte de vandalisme n’a été posé sur leurs maisons ou leurs commerces pendant leur absence momentanée. Un motif de satisfaction.

Les services administratifs publics et privés ont rouvert leurs portes. Les activités commerciales, elles aussi, ont repris timidement, certes, mais sûrement. Le marché central, fermé à la suite d’une attaque kamikaze, est rouvert au grand public le mardi 17 février après avoir été minutieusement fouillé par la Police à la grande satisfaction des commerçants et des clients. L’ouverture de ce marché, la reprise du travail dans les services de l’administration, sont ainsi les signes de la sécurité retrouvée dans la ville de Diffa.

La sécurité rétablie
Après l’attaque qui a secoué la ville de Diffa, la riposte héroïque des FDS et leur déploiement sur l’ensemble des artères, des centres névralgiques et points d’accès de la ville, la paix et la sécurité sont de retour. C’est le moins qu’on puisse dire en faisant un tour dans la capitale du Manga après la traumatisante journée du 6 février. Les FDS quadrillent toutes les rues et ruelles; elles sont présentes devant tous les centres commerciaux, les services administratifs et les sièges des établissements bancaires, des ONG et projets. Les patrouilles nocturnes pédestres et motorisées sillonnent la ville, inspectent les moindres recoins des quartiers pour davantage rassurer les habitants qui n’ont pas encore quitté la ville ou qui y sont revenus. Une attention particulière est accordée aux principaux axes d’accès à la ville, notamment le pont Kogui sur la Komadougou en vue de contrecarrer toute velléité d’intrusion de combattants dans la ville.





Le pont Kogui sécurisé
Ce pont Kogui est situé juste sur la frontière nigéro-nigériane, à environ quatre (4) km de la ville de Diffa. Il constitue une sorte de verrou stratégique que les éléments du groupe Boko haram ont tenté de prendre à plusieurs reprises, en vain, afin d’accéder à la ville. Défendu avec professionnalisme et courage par les FDS, le pont Kogui est pour les éléments de Boko Haram une forteresse imprenable. Ils l’ont appris à leurs dépens. C’est à l’issue de combats acharnés livrés par les Forces Nigériennes que l’ennemi, qui contrôlait il y a quelques jours encore le poste frontalier du village de Duji du côté nigérian, a dû se replier, laissant derrière lui de nombreux cadavres des combattants Boko Haram gisant encore par terre ou flottant dans les eaux de la Komadougou.

Désormais en déroute sur le front qu’ils ont eux-mêmes ouvert, les éléments du groupe terroriste se sont vus dans l’obligation d’abandonner leurs positions et de se retirer à plusieurs kilomètres à l’intérieur du Nigeria. Ils ne peuvent même plus oser s’aventurer pour entreprendre une quelconque opération de ramassage des corps de leurs camarades. Les corps de ces ‘’faux candidats au paradis’’, dont les âmes brûlent certainement dans les flammes ardentes de la Géhenne, continuent leur putréfaction sous une chaleur torride. Les Forces de notre pays, maitrisant totalement la zone, veillent attentivement nuit et jour à l’affût de la moindre tentative d’infiltration ou mouvement suspect. ‘’Dieu merci, plus rien n’a été enregistré depuis plus d’une semaine’’, se réjouit le responsable des éléments des FDS en poste au pied du pont.

Malgré ce calme prolongé, la vigilance de nos vaillantes FDS reste intacte de nuit comme de jour, convaincues que l’ennemi, défait au combat, peut agir par des actions d’éclat sans grande portée pour se faire entendre. Nous en avons eu la preuve en nous rendant sur place, le lundi 16 février dernier, soit dix jours après l’attaque. Sur le territoire de Boko Haram abandonné, le paysage est défiguré, les arbustes et les herbes sont calcinés, les bureaux de douanes nigérians et les arbres portent les stigmates des impacts, sans compter les cadavres, qui témoignent de la puissance du feu qui s’est abattu dans sur ces lieux qui servaient de refuge pour les hommes du ténébreux Abubakar Shékau. Les éléments des FDS en poste, qui mènent des patrouilles permanentes, n’ont plus essuyé aucun tir de harcèlement depuis une semaine, date de la dernière tentative d’infiltration qui s’est soldée par une lourde et cinglante défaite infligée aux insurgés de Boko haram.

Après avoir vaincu par la puissance du feu les anciens seigneurs du poste frontalier de Duji, qui fait face au pont Kogui, les hommes du jeune Lieutenant Ahmed Dodo gardent le moral très haut et restent prêts à riposter s’il le faut avec plus de détermination. Ils règnent en maîtres sur les lieux et peuvent désormais faire quelques incursions à l’intérieur du Nigeria pour mener des ratissages le long de la frontière. Dans un jargon typiquement militaire, le jeune Lieutenant Dodo rassure : ‘’ici on contrôle. L’ennemi s’est replié grâce à la volonté de nos éléments qui sont là depuis un moment, l’ennemi a été repoussé. Que les gens ne s’inquiètent pas, on contrôle ce poste’’. Il galvanise la troupe pour rappeler à l’ennemi que rien ne sera plus comme avant. Et depuis ce jour, toute la ville de Diffa vit dans le calme, les populations n’ont plus entendu un seul bruit d’arme.

Le calme et la Sécurité retrouvés au grand bonheur des habitants de la ville
La population de Diffa n’a jamais connu une pareille situation dans toute son histoire, nous dit-on dans toute la ville. Les attaques des terroristes de Boko haram, suivies de la riposte énergique des FDS, ont donné lieu à une véritable scène de chaos, une panique généralisée accentuée par des rumeurs de toutes sortes d’une prise imminente de la ville par les assaillants. Paniqués, des milliers d’habitants ont alors trouvé refuge dans les villages, d’autres partent encore dans des villes plus lointaines. Mais depuis une semaine, la vie reprend son cours normal, les habitants qui sont restés sur place reprennent leurs activités quotidiennes, ceux qui sont partis reviennent par vagues. Ils peuvent désormais vaquer à leurs occupations quotidiennes et dormir bien sous la bienveillante et rassurante présence des FDS. La situation est totalement sous contrôle et le calme est retrouvé. Les habitants en témoignent.

Situation sanitaire des blessés sous contrôle au CHR de Diffa
Suite aux attaques perpétrées par le groupe Boko haram, de nombreux blessés ont été admis au Centre Hospitalier Régional de Diffa. A ce niveau, force est de reconnaitre le courage des agents de santé. En effet, au moment où de nombreux habitants fuient la ville, ils sont restés sur place pour apporter des soins aux dizaines de blessés. Il faut à ce sujet souligner qu’il existe un hôpital d’urgence comme c’est le cas sur certains théâtres d’opérations, compte tenu du caractère asymétrique de la guerre contre Boko Haram. A la date du 17 février, le CHR de Diffa a accueilli 72 personnes blessées dont 59 cas graves lors des évènements du 6 février et des autres attaques à l’explosif qui ont été perpétrées aux abords du Marché Central et de la Direction Régionale des Douanes.

Pour faire efficacement face à ce flux massif des patients et au regard de la situation sécuritaire qui s’est subitement dégradée, les agents de l’hôpital, conscients de leur responsabilité, sont restés dans leur totalité en service, et ont dû décider de se regrouper tous au sein du centre, de vivre en système d’internat et de se scinder en deux équipes qui se relaient le jour et la nuit. L’initiative ainsi prise a permis au CHR de prendre en charge l’ensemble des cas admis. Seul un cas jugé très préoccupant a été référé à l’hôpital National de Zinder. Selon le médecin chirurgien-chef et directeur par intérim du CHR, les agents ont, au total, réalisé plus de 60 opérations chirurgicales et les personnes continuent à y suivre des soins appropriés. Les urgences sanitaires sont donc effectivement prises en charge, tous les examens sont faits sur place malgré l’insuffisance du personnel, de matériels et autres équipements, assure Dr. Amadou Assoumane, tout en nuançant que cela se fait avec les moyens de bord. Le directeur p.i a souligné que le CHR reçoit régulièrement des appuis financiers et en vivres de l’Etat à travers le Gouvernorat et aussi des partenaires dont le CICR qui apporte des médicaments, le député national ressortissant de Bosso qui a apporté un appui en vivres au CHR pour la prise en charge des blessés. Certains blessés ont déjà quitté le centre pendant que d’autres y suivent des soins intensifs.

Reprise normale des activités commerciales à Diffa
Les attaques terroristes qui ont secoué la ville de Diffa ont eu entre autres conséquences l’arrêt des activités économiques et commerciales. Le marché, cible d’une attaque kamikaze, a été fermé, les tenanciers des boutiques et autres petits commerces ont baissé les rideaux, les établissements bancaires et financiers ont fermé leur portes. Bref, la vitalité économique de Diffa a pris un sérieux coup, pour un bon bout de temps. A un certain moment, notamment au début, tout a failli s’arrêter, nous dit-on. Il suffit d’un tour dans les différents quartiers pour s’en convaincre. Mais tout cela ne relève que du passé, peut-on constater. Le retour de la paix, la sécurité et la sérénité est réel à Diffa et les activités économiques reprennent leurs droits. Les banques et établissements financiers sont à nouveau ouverts, les boutiques aussi, les étals reviennent aux abords et dans l’enceinte du marché rouvert le mardi, soit dix jours après les premiers affrontements qui se sont soldés par la victoire héroïque des FDS.

Zabeirou Moussa, Envoyé spécial

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