Abidjan - Des investisseurs, ayant pris part à la 3ème édition du Forum international Afrique Développement, tenue du 19 au 20 février, à Casablanca (Maroc) ont affirmé que l’épargne financera les grands projets d’infrastructures en Afrique, alternativement aux méthodes de financement classiques qui se résument généralement à l’endettement public, pour financer le développement infrastructurel.
"Face à l’envergure des investissements requis, et dans un contexte de tension sur les finances publiques des Etats, il est nécessaire de s’appuyer sur de nouveaux modes de financement innovants", a avancé Mohammed Kettani, le président directeur général (PDG) d’Attijariwafa bank, initiateur du forum.
Dans cette perspective, la mobilisation des ressources en épargne sur le moyen et long terme, pour financer des projets d’infrastructures d’envergure, est l’une des pistes, selon des participants à la rencontre qui se sont accordés sur le fait qu’il faut faire évoluer les réglementations bancaires dans les pays africains, afin de permettre une transformation de l’épargne locale en crédits moyen et long terme.
L’épargne mobilisable est estimée à quelque 300 milliards de dollars/an, par rapport à une impasse de 50 milliards de dollars sur laquelle le développement infrastructurel du continent bute encore, selon des experts économistes.
"Nos possibilités de mobilisation des ressources locales comblent largement ce gap", a expliqué, pour sa part, Lionel Zinsou, président de PAI Partners, relevant que les économies africaines sont dans l’impératif de trouver des alternatives aux méthodes de financement classiques qui se résument généralement à de l’endettement public, pour financer le développement infraalternatives aux méthodes de financement classiques qui se résument généralement à de l’endettement public, pour financer le développement infrastructurel.structurel.
La Banque mondiale estime à plus de 90 milliards de dollars/an le besoin en investissement du continent dans les infrastructures. Mais le mouvement de capitaux, notamment ceux destinés aux projets d’infrastructures, est devenu extrêmement lourd, ont-ils soutenu, relevant l’incertitude d’institutions internationales à suivre le rythme.
La Banque européenne de l’investissement (BEI), l’un des bailleurs majeurs dans le domaine, ne cumule aujourd’hui que quelque 1,5 milliard de dollars d’engagements en Afrique de l’Ouest, a fait savoir, Isabelle Van Grunderbeeck, chef de bureau de la BEI pour la zone UEMOA, reconnaissant que, "c’est très peu, au vu du potentiel".
D’autres institutions de développement, notamment le Fonds Africa50 de la BAD, destiné exclusivement au financement des infrastructures dans le continent ont initié d’autres alternatives visant à lever 10 milliards de dollars de fonds propres, tout en attirant un capital global et local d’une valeur de 100 milliards de dollars.
Ce fonds vise ainsi à mobiliser le financement privé dans des délais courts et à relever le rythme de réalisation de projets d’infrastructures dans ses pays membres. Dans l’acte d’investir, les projets à envergure régionaux sont privilégiés, notamment dans les secteurs de l’énergie, des TIC et du transport.
Au-delà de la mobilisation de l’épargne, la tendance à la surévaluation du coût du risque freine l’enthousiasme des investisseurs en infrastructures. Plusieurs observateurs jugent la perception du risque en totale déconnexion des réalités du continent.
"Nous devons exiger que cette perception du risque soit conforme à la réalité du risque. Il y a un décalage important. Nous payons trop cher les financements internationaux sur le continent", a défendu M. Kettani, à la restitution des recommandations du forum.
Lors de ce forum, les industries manufacturières, le BTP et les services ont été les secteurs qui ont relevé le plus de dynamisme en termes de courant d’affaires. Les entreprises sénégalaises et camerounaises, en l’occurrence, se sont particulièrement illustrées dans les 4.500 rendez-vous réalisés, ont souligné les organisateurs.