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Communication en temps de guerre : Le Niger doit mieux faire !
Publié le mercredi 25 fevrier 2015   |  Le Souffle




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La guerre, ce n’est point un jeu ! Sa version moderne est singulièrement compliquée parce qu’elle se joue sur plusieurs fronts, en particulier sur le terrain très ouvert de la communication. Un terrain que les terroristes de Boko Haram ont investi, d’où ils font régulièrement et gratuitement échos de leur funeste projet. Un simple tweet, un message sur Facebook, une vidéo sur Youtube, sont autant de supports, lus ou téléchargés par des milliers, voire des millions d’individus de part le monde.
Les médias internationaux, toujours en quête de sensationnel, font le reste du sale boulot, en donnant une résonnance planétaire à leurs activités criminelles.
Ainsi les groupes terroristes comme Boko Haram, réussissent-ils souvent à gagner la bataille médiatique, à s’en servir pour mobiliser des « financements extérieurs » et procéder à des recrutements de jeunes « désœuvrés » et « vulnérables ». La moindre de leur action a des résonnances médiatiques surdimensionnées. Ce qui accroit la peur des populations victimes et embarrasse fortement les gouvernants des pays concernés. Comme on peut le constater aisément, la guerre contre les terroristes est encore plus asymétrique sur le terrain médiatique que sur le théâtre des opérations.
Le Niger et ses médias sont-ils préparés pour la « guerre médiatique » contre Boko Haram ? Rien n’est moins sûr ! Il suffit pour s’en rendre compte de jeter un coup d’œil sur les communications développées par les tchadiens, les camerounais et mêmes les nigérians pour percevoir notre retard en la matière. Les autres pays ont compris que la communication est l’arme la plus toxique utilisée par Boko Haram. Ils ont conséquemment développé des stratégies de communication destinées à occuper le terrain médiatique pour gêner et déconstruire le message ennemi, valoriser les hauts faits des combattants engagés sur le terrain, aider les populations traumatisées à vaincre leur peur et mobiliser la solidarité nationale.
Si le Niger a réussi avec brio la réalisation de quelques objectifs de communication, notamment à travers la marche républicaine et le téléthon de solidarité qui furent des messages forts envoyés à Boko Haram, il n’en demeure pas moins qu’en matière d’occupation de terrain et de déconstruction du message terroriste, nous n’en faisons pas autant que les autres acteurs impliqués. On le constate aisément dans les comportements des médias publics et privés. Les programmes ne sont pas suffisamment orientés pour répondre aux beuveries des islamistes. Jetez un coup d’œil sur les médias tchadiens et camerounais, vous verrez qu’ils ont des vrais « correspondants de guerre » sur le terrain et l’ensemble des médias sont activement associés à « la gestion médiatique de la guerre ».
Au Niger, on a comme l’impression que la gestion médiatique de la guerre contre Boko Haram est de l’exclusivité des médias publics, tandis que les médias privés s’adonnent à leur jeu favori, la dissertation sur les potins politiques. C’est seulement au détour d’une « action terroriste » qu’ils marquent une pause pour y braquer leurs projecteurs. Ce qui contribue à faire indirectement résonnance des actions terroristes qu’on cherche à décrier. Peut-être que ces médias ne sont pas associés, peut-être que la politique est passée par là, peut-être qu’ils ne sont pas formés là-dessus, … Dans tous les cas, il ya beaucoup à faire dans ce domaine pour développer une synergie médiatique nationale capable de neutraliser et déconstruire le message de Boko Haram, pendant et après la guerre.
Internet et les réseaux sociaux, on le sait également, sont la nouvelle arme que les terroristes utilisent pour répandre leur message radical et procéder à des recrutements en douce. A contrario, cet outil peut être un moyen de contrôle citoyen des agissements de la secte islamiste. Dans un élan patriotique, tous les utilisateurs d’internet doivent signaler ou répondre aux messages radicaux et extrémistes en mettant en avant l’unité nationale et l’intérêt général. Aussi, ces mêmes utilisateurs du Net doivent s’abstenir de publier de chaudes informations, avec force détail, sur les actions de l’ennemi, avant qu’un média ou une source autorisée ne divulgue l’information. Ceci pour éviter de faire la propagande et la résonnance des actions terroristes.
Bref, il ya coaching général à faire en matière de « communication de guerre » … Pour mettre chacun en ordre de bataille.



El Kaougé Mahamane Lawaly

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