L'Assemblée nationale du Niger a prolongé à l'unanimité et pour trois mois l'état d'urgence dans la région de Diffa (sud-est), à la frontière avec le Nigeria, visée par des attaques de Boko Haram depuis trois semaines, a annoncé jeudi son président.
"Nous avons adopté par 83 voix, 0 contre, le texte de loi portant prolongation de trois mois de l'état d'urgence à compter du 27 février 2015 dans la région de Diffa", a déclaré Amadou Salifou, le président de l'Assemblée, sur la radio du Parlement.
Le gouvernement avait annoncé mardi qu'il prolongeait l'état d'urgence dans cette zone, sans en préciser la durée. D'après la Constitution nigérienne, le Parlement devait ensuite voter la loi déterminant cette durée.
L'état d'urgence décrété à partir du 11 février pour un délai de quinze jours a expiré mercredi, selon la Commission "Défense et Sécurité" du Parlement.
"Mais la situation sur le terrain commande sa prolongation", a estimé cette Commission après avoir auditionné le ministre de la Défense Mahamadou Karidjo.
Abdoulkadri Tidjani, un élu de l'opposition, a également souligné "l'urgence et la gravité de la situation qui prévaut à Diffa".
Toutefois, à l'expiration des trois mois, l'état d'urgence "ne pourra plus être reconduit" dans la zone, "en vertu d'une loi de 1998", a rappelé Assoumana Mallam, un député du parti au pouvoir.
Pour lever ce "blocage", il propose à ses collègues "une modification" de cette disposition "au cas où la situation ne se décante pas" à Diffa.
Quelque 3.000 soldats nigériens sont massés dans la région de Diffa. De l'autre côté de la frontière se trouve le nord-est du Nigeria, considéré comme le fief des islamistes.
L'état d'urgence accorde des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui "d'ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit".
Plus de 160 membres présumés de Boko Haram, dont Kaka Bounou, un natif de Diffa "important membre et banquier" des islamistes, ont ainsi été arrêtés dans cette zone, selon la police.