Les islamistes de Boko Haram ont pris d'assaut dimanche soir une île située dans les eaux nigériennes du lac Tchad, ont indiqué lundi un député et des humanitaires, sans pouvoir avancer de bilan de victimes, mais des sources locales redoutent un nombre important de noyés.
Une radio privée nigérienne a fait état de deux morts et de l'incendie du village se trouvant sur cette île.
Mais un rescapé de l'assaut, interrogé par l'AFP, redoute de plus lourdes pertes humaines.
"Beaucoup de personnes ont sauté dans le lac pour fuir l'attaque. Je pense que beaucoup se sont noyées, en particulier des femmes et des enfants", a estimé cet homme, qui a réussir à s'enfuir avec sa famille dans une barque transportant une quarantaine de personnes.
"Personne ne sait combien de personnes sont mortes durant l'attaque. Mais beaucoup d'habitants ont sauté dans le lac et on pense qu'ils se sont noyés", a observé Abubakar Gamandi, en charge d'un syndicat de pêcheurs de l'état de Borno (nord-est du Nigeria).
L'assaut a été mené vers 19H00 locales (18H00 GMT) dimanche, a raconté le rescapé, qui, tout comme le syndicaliste, l'impute à Boko Haram.
"Nous venions de finir les prières du soir quand les assaillants sont arrivés dans un bateau rapide. Ils ont commencé à tirer sur le village et à jeter des explosifs dans nos maisons", selon cet homme, qui s'est blessé à une jambe dans sa fuite.
Deux sources humanitaires ont confirmé l'assaut, mais n'ont pu donner davantage de précision.
"L'armée nigérienne n'est pas présente sur place", s'est justifié un député, également au courant de l'attaque sans pouvoir en préciser les circonstances.
D'après le syndicaliste, beaucoup d'habitants de l'île venaient à l'origine de Baga et Doron-Baga, deux villes nigérianes sur le lac Tchad conquises début janvier par Baka Haram, qui y avait alors massacré des centaines d'habitants, provoquant la fuite des rescapés. L'armée nigériane a affirmé fin février avoir repris la ville aux islamistes.
Les eaux du lac Tchad sont partagées entre quatre pays : Cameroun, Nigeria, Niger et Tchad.
Le nord-est du Nigeria est considéré comme le fief de Boko Haram, très actif, et qui mène des attaques frontalières au sud-est du Niger frontalier malgré le déploiement de 3.000 soldats nigériens dans la région
Le 20 février, sept soldats nigériens et 15 combattants de Boko Haram, ainsi qu'un civil, avaient été tués dans des combats survenus sur l'île nigérienne de Karamga, sur le lac Tchad, attaquée par le groupe islamiste armé