Le ministre d’Etat en charge des mines et du développement industriel, Oumarou Hamidou Ladan Tchiana a-t-il violenté un agent de la police de circulation qui se trouvait être de surcroit une femme et surtout une journée aussi symbolique que le 8 mars ? C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre la victime, qui s’est confiée ce lundi aux journalistes de la Télévision privée Bonferey. Selon cette dernière, le ministre d’Etat l’aurait violemment molestée et même giflée alors qu’elle exerçait ses fonctions dans une artère de Niamey.
L’affaire est à l’heure actuelle entre la main de la justice puisque la victime a décidé de porter plainte mais en entendant les conclusions de l’enquête sur ce qui s’est vraiment passé dimanche dernier au niveau du pont Kennedy, l’affaire a vite fait de tourner en véritable « scandale d’Etat ».
Il est vrai que si les faits s’avéraient, le ministre Ladan Tchiana aurait du mal à s’affranchir de ce qui est loin d’être un simple fait divers, au vue notamment de la fonction qu’il occupe au sein du gouvernement mais également de ses ambitions politiques.
Pour l’heure, seule la victime a daigné prendre l’opinion publique à témoin en livrant sa version des faits aux médias. D’après les premiers éléments que nous avons pu recueillir de nos investigations, la scène s’est passée dimanche soir aux environs de 19h au niveau du rond point jouxtant le pont Kennedy qui ne fonctionne plus depuis belle lurette qu’en sens unique. Selon un témoin qui affirme être de passage au moment des faits, l’agent de police aurait interpellé le ministre alors qu’il s’engageait dans le sens interdit. Le ministre, qui était dans son véhicule personnel, aurait mal pris l’attitude de la policière puisqu’il s’est même permis de sortir de son véhicule pour engager une virulente altercation avec cette dernière, au point d’en venir aux mains. Les choses auraient apparemment mal tournées par la suite, mais notre source qui rappelons-le était de passage, n’a pas pu assister à la suite des évènements, ce qui nous impose, en l’état actuel des choses, l’utilisation du conditionnel.
C’est ce lundi pourtant que le scandale a éclaté à la suite du témoignage de la victime sur les ondes de la télévision Bonferey, réputée pas du tout tendre avec le régime. L’affaire a vite fait le tour de Niamey et fait les choux gras des médias sociaux, chacun y allant de son interprétation et de son commentaire. Dans une large frange, c’est l’indignation qui se dégage des sentiments des nigériens pour l’acte posé par ce haut responsable de l’Etat même si certains estiment qu’il est encore trop tôt pour se prononcer. Cependant, avec les preuves fournies par la victime qui s’est laissée filmée avec des blessures à son poignet, il est difficile de croire à une manipulation comme le laissent entendre certains.
Afin de mieux recouper les informations, nous avions pris soin de contacter des proches du mis en cause, le ministre Ladan Tchiana qui se préparent à réagir pour dénoncer un complot ourdi contre leur chef, ou tout au plus un fait divers qui a été amplifié pour des raisons politiques. En ce sens, la réaction de l’intéressé est attendue dans la journée, selon ce qu’on nous a confirmé. Il convient cependant de noter que même au sein de ses partisans et les soutiens du régime, l’embarras est perceptible tellement les aveux de la plaignante ne laissaient pas beaucoup de place au doute.
En attendant, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ancien SG du Moden Lumana traverse une mauvaise passe. La divulgation de cette affaire intervient quelques jours seulement après la publication sur le net, d’une vidéo d’une de ses filles en train de tabasser publiquement une de ses amies. Un autre fait divers certes et peut-être privé au vue de l’âge des concernées, des adolescentes, mais qui a été largement diffusé sur les réseaux sociaux et même repris par certains médias.
Dans le contexte politique actuel, ces affaires à répétition risquent fort de nuire à la réputation de Ladan Tchiana, surtout qu’il reste dans la ligne de mire de ses anciens amis du parti de Hama Amadou, depuis sa dissidence en 2013.
C’est du reste ce qu’estiment certains observateurs pour qui, Ladan Tchiana devrait démissionner ou devrait être démis de ses fonctions, au risque que le régime en prenne aussi un coup pour son image. Surtout que la constitue dispose expressément que personne ne peut-être membre du gouvernement, s’il ne jouissait d’une bonne moralité. En l’espèce, s’en prendre à un représentant de la loi et de l’autorité en plein exercice de ses fonctions, ne présage rien de bon pour la réputation du ministre mis en cause.
Ce n’est pas la première fois que des responsables politiques au plus haut sommet de l’Etat soient impliqués dans des scandales du même genre. Récemment encore, c’est deux personnalités importantes du régime, la présidente de la Cour Constitutionnel et un ministre-conseiller du Président, qui ont failli en venir aux mains. Cependant, l’affaire la plus rocambolesque à ce jour dans les souvenirs des nigériens, c’est celle de l’ancien ministre des Sports et actuel député Issa Lémine qui sous l’époque de Tandja Mamadou, n’a pas hésité à « gifler » un de ses collaborateurs, « pour lui avoir manqué de respect ». A l’époque, Issa Lémine qui a reconnu la gravité de son acte, a préféré rendre le tablier en démissionnant de son poste de ministre avant même d’avouer publiquement ce qui s’est passé. Et l’affaire était restée là.