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Maman SANI : Nous voulons gagner les élections de 2016. Nous préparons le retour de Hama AMADOU
Publié le samedi 14 mars 2015   |  Tamtaminfo


Maman
© Autre presse par DR
Maman SANI : « Nous voulons gagner les élections de 2016. Nous préparons le retour de Hama AMADOU »


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Maman SANI a accordé une interview à Mohamed SEIDOU. Ils ont passé en revue des sujets incontournables dans l’actualité nationale du Niger : le coût de l’avion acheté par le Président Mahamadou ISSOUFOU, l’argent offert par AREVA à l’Etat du Niger, l’incontournable « Affaire Charlie », le retour de Hama AMADOU…
Mohamed SEIDOU : Nous, vous remercions d’avoir accepté, notre invitation sur Niger Voice. Monsieur Mamane Sani, à l’image de votre président, Monsieur Hama Amadou, vous êtes un administrateur et technicien des affaires d’Etat. Il faut souligner aussi que vous avez été l’un des principaux artisans qui ont fondé le MNSD-NASSARA, comme formation politique, à l’avènement du multipartisme au Niger. Ainsi, vous avez un parcours politique, qui est non seulement long, mais riche. Monsieur Mamane Sani, pouvez-vous vous présenter à nos auditeurs ?
Maman SANI : Merci, Monsieur Mohamed. Bonsoir à toutes et bonsoir à tous les amis. Je voudrais, effectivement, comme vous l’avez si bien dit que j’ai un parcours relativement long dans l’Administration publique nigérienne, que voudrez bien me permettre de le résumer.
J’ai occupé diverses fonctions d’Etat au niveau national et au niveau régional. Mon dernier poste au sein de l’administration nigérienne a été celui de Haut-Commissaire à la Modernisation de l’Etat. Avant, j’ai appartenu au Gouvernement, à deux reprises : une première fois en qualité de Ministre de la Santé Publique et une seconde fois en qualité de Ministre des Transports et de la Communication.
J’ai été Ministre-Directeur de Cabinet du Président de la République, Tandja Mamadou -j’en étais le Premier-, puis j’ai été Conseiller-Technique au HCR et pendant une dizaine d’années Secrétaire Général de l’Assemblée Nationale.
J’ai été membre du Conseil des Sages et même Secrétaire Administratif de cette institution, mais avant, j’ai été Secrétaire Général Adjoint du Conseil National du Développement (CND). Mais, pour ma formation de base, je suis un Economiste-Planificateur.
J’ai eu à exercer, pendant une quinzaine d’années, en région en qualité de Directeur Régional du Plan et cumulativement Secrétaire Général Adjoint de la Préfecture en partie.
Vous constaterez que pendant tout le long de mon parcours, je n’ai servi que l’Etat. Vous avez eu raison de le dire.
Mohamed SEIDOU : Monsieur le Secrétaire Général, votre parti, MODEN/FA LUMANA AFRICA, contrairement, aux autres partis politiques, a été créé, dans des conditions politiques, non seulement difficiles, mais risquant. Pouvez-vous nous expliquer, Monsieur le Secrétaire Général, les réalités, qui vous ont amené à créer ce parti ?
Maman SANI : Oui, là également, vous avez rapidement brossé le contexte. Le MODEN/FA LUMANA AFRICA est né dans un contexte historique particulier et il a eu une gestation tout aussi particulière. Vous savez que, lorsqu’en 2009, les évènements politiques, liés au phénomène de Tazartché, avaient connu leur paroxysme et que avant, ceci avait amené, le Président Hama Amadou, en prison, le MNSD-NASSARA, auquel il appartenait et auquel appartenait Monsieur Tandja Mamadou, Président de la République, et nous tous, avait principalement connu une crise. Mais, beaucoup de camarades se sont sentis très proches de la position qui était défendue par le Camarade Hama Amadou.
Certains n’ont jamais fait la politique. Ils ont considéré que la situation qui prévalait était injuste et inacceptable.
Beaucoup de ces camarades du MNSD ont également estimé que cette situation ne leur permettait plus de rester au sein de ce Parti. Egalement, beaucoup de camarades qui appartenaient à d’autres partis ont préféré s’en éloigner et c’est ainsi qu’au mois de mai 2009, est né secrètement, sans savoir ceux qui en étaient les principaux animateurs de ce Parti, le MODEN/FA LUMANA AFRICA, à quelques mois du coup d’Etat militaire qui était intervenu le 18 Février 2010 et qui avait mis fin au régime de la sixième République, mais de Tazartché.
La particularité singulière, c’est que ce n’est pas un parti qui est né sur la base du recrutement à la base, c’est beaucoup plus des démembrements entiers, il y’a effectivement un noyau qu’on pouvait qualifier de Fondateur, mais l’essentiel du Parti est constitué de démembrements d’autres partis qui se sont détachés pour venir rejoindre cette formation politique. Voilà, un peu, le contexte historique de la création du MODEN/FA LUMANA AFRICA.
Mohamed SEIDOU : Nous savons que Monsieur Hama AMADOU et le Président Tandja MAMADOU ont été des compagnons politiques de longue date. Quelles sont les raisons qui ont été à la base du départ de Hama AMADOU du MNSD NASSARA ?
Maman SANI : Je ne saurais dire s’il y’a des raisons cachées, mais les raisons apparentes sont de deux ordres. La première, c’est qu’il y avait énormément d’antagonisme autour de la personne du Président Hama Amadou.
Vous savez qu’en 2007, 2008 et 2009, précisément le 31 mai 2007, une motion de censure était venue renverser le Premier ministre qui était Hama Amadou et qui était aussi le Président du parti majoritaire, c’est-à-dire, du MNSD-NASSARA. C’est quelque chose d’inédit. Il avait la Majorité à l’Assemblée Nationale. Donc, cela veut dire qu’il y a eu une conspiration d’un groupe de partis politiques y compris avec l’appui de certains députés appartenant au MNSD-NASSARA, pour barrer la route, parce qu’après le deuxième mandat de Tandja, pour eux, il fallait barrer la route à l’accession de Hama AMADOU à la magistrature suprême.
Voilà une des raisons et ceci a amené, peut-être, le Président de l’époque, Monsieur Tandja Mamadou, à accepter qu’il était possible, peut-être, de créer une situation qui lui permettrait de rester au pouvoir, alors même que les autres pensaient qu’ils allaient faire partir Hama Amadou, barrer la route pour qu’eux puissent en profiter.
La deuxième raison, qui est toujours liée à la première, il n’y a rien d’autre que l’avidité du pouvoir ! Il n’y a pas une autre raison. C’est que Hama Amadou voulait être Président de la République et il l’a déclaré à maintes reprises, il fallait lui barrer le passage et voilà pourquoi les gens se sont ligués, en réalité, pour avoir raison de lui. Voilà.
Mohamed SEIDOU : Aux dernières élections présidentielles, vous aviez eu le choix, de vous rallier, derrière, Monsieur Seïni Oumarou, le président de votre ancien Parti, le MNSD-NASSARA, mais les circonstances du moment ont fait que votre choix a été porte sur Monsieur Mahamadou Issoufou, président du PNDS-Tarayya. Regrettez-vous ce choix ? Que s’est-il réellement, passé entre vous ? Et quelles étaient, les vraies motivations de ce choix ?
Maman SANI : Malheureusement, je n’ai pas eu à m’expliquer suffisamment sur cette question parce que, jusqu’ici je me suis abstenu d’épiloguer sur cette question-là, mais puisque vous la posez, je vais y répondre de façon franche et directe. Rappelez-vous du contexte de l’époque.
Lorsque le coup d’Etat avait été opéré, il avait été opéré contre le régime du MNSD- NASSARA que nous, nous venions de quitter. Il ne nous revenait pas de faire en sorte que nous puissions ramener le MNSD-NASSARA au pouvoir. Mais, les conditions historiques ont fait que nous avions contracté une alliance du nom de l’Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN) entre les deux tours. Pourquoi ?
Parce que simplement, avant le premier tour, au regard des conditions dans lesquelles les élections locales avaient été organisées, tous les candidats, en dehors de deux, se sont regroupés pour dire « ah ! » attention !, manifestement, quelque chose de déjà préparé qui devrait faire le lit d’un certain parti au pouvoir. Nous avons créé l’ARN, mais nous n’avons malheureusement pas pu nous retrouver pour que nous puissions faire une liste unique qui était la seule façon de faire échouer, disons-le, le candidat de l’armée, puisque c’était quasiment ouvert et tout le monde le savait. Et, dès lors qu’il n’y a pas eu la possibilité d’une candidature unique, il fallait laisser chacun des partis aller dans la direction qu’il voudra, au gré de ses intérêts et de ce qu’il croit être les intérêts du Niger.
Nous avons convenu de soutenir le candidat du PNDS TARAYYA. Il y a des raisons subjectives, mais il y a principalement deux raisons objectives. La première raison objective, c’est que mon président dont j’étais le Directeur de Campagne du parti MODEN/FA LUMANA AFRICA et de son candidat, Hama Amadou, avait, pendant longtemps et, particulièrement, ceux qui étaient en face de nous avaient eu à taxer Hama Amadou de velléités ethno-régionalistes. Soutenir le candidat Seïni Oumarou, ce serait de nous amener à conforter la thèse de ceux-là, puisque nous venons de quitter le parti. Le Soutenir, ce serait soutenir Seïni Oumarou.
Mohamed SEIDOU : Monsieur le Secrétaire Général, cette raison n’est pas quand même politiquement valable… Maintenant, regrettez-vous ce choix ?
Maman SANI : Non, non, non, non, non ! Vous ne pouvez pas dire que politiquement ce n’est pas défendable ! Attention ! Nous sommes dans le contexte nigérien ! Dans le contexte nigérien, c’est une raison bien valable ! Parce que les mêmes-là qui étaient en face allaient venir nous dire que ce n’est pas pour des raisons objectives, mais simplement pour des raisons subjectives que nous avons soutenu la candidature du président Seïni Oumarou parce que, parce que, parce que… en raison de certaines orientations géographiques.
Maintenant, par rapport au regret, moi, personnellement, en tant que Maman SANI, je ne fais pas partie des gens qui se mettent sous un arbre à pleurnicher parce que simplement à certain moment ils ont commis des erreurs. Je pense que nous avons tenté une expérience, nous avons fait en sorte que des camarades soient aux affaires et quels qu’aient été leurs comportements, par après, je pense que c’est à eux d’en assurer la responsabilité historique et morale de cette attitude, même si, malheureusement, nous constatons qu’aujourd’hui cette alliance n’est pas entrain de servir grandement, comme on l’aurait souhaité, les intérêts de notre pays et surtout les intérêts de l’unité et de la cohésion de notre Peuple.
Mohamed SEIDOU : Vous aviez fait une alliance avec la mouvance présidentielle, le Mouvement pour la Renaissance du Niger (MRN). Quelles sont les raisons à la base du départ de votre parti de cette alliance ?
Maman SANI : Là également, il faut fondamentalement dire qu’il y a deux raisons. La première est que, principalement, nos amis du PNDS n’étaient pas venus dans une perspective de procéder avec nous une alliance stratégique qui se voulait durable. Lorsque vous contractez une alliance, vous avez des obligations et surtout dans les conditions qui ont amené le PNDS au pouvoir. Nous n’étions pas, contrairement à ce que pensent certains leaders du PNDS, de simples appoints. Nous avons apporté 19,8% des voix, ce n’est pas 17%, je regrette !
Deuxièmement, c’est que lorsque vous avez une alliance, vous avez un certain nombre de principes et de règles qui gèrent une alliance. Et, malheureusement, à l’épreuve des faits, nous avons constaté que les velléités de dislocation de notre parti étaient beaucoup plus la motivation principale que les considérations de vivre et de réussir ensemble. Nous avons tiré les conséquences !
Nous avons décidé de nous éloigner de la mouvance pour, d’abord, prouver aux gens que nous pouvons, nous, vivre loin du pouvoir tout en continuant à défendre les principes démocratiques et républicains auxquels nous sommes fermement attachés ; deuxièmement, démontrer à nos camarades que, s’ils pensent que nous sommes aussi gênants que cela, nous sommes à mesure de nous mettre à l’écart et les laisser travailler pour le bonheur du peuple nigérien.
Mohamed SEIDOU : Monsieur le Secrétaire Général, comment va votre président, Monsieur Hama Amadou ?
Maman SANI : Il va très bien. Pour autant qu’on peut dire que quelqu’un qui est loin de sa famille, de ses militants peut aller très bien. Donc, relativisons les choses. Mais, sinon, il se porte bien.
Mohamed SEIDOU : Monsieur le Secrétaire Général, depuis que le juge de la cours, s’est déclaré incompétent, cette affaire, dite « affaire de trafic des bébés importés du Nigeria » ne fait plus l’actualité au Niger. Sachant que le délai prévu pour faire Appel est dépassé. Car, étant saisie, la Cour d’appel disposait de 8 jours pour se prononcer sur la compétence du tribunal correctionnel. Est-ce que Monsieur Hama Amadou se prépare pour son retour au pays ?
Maman SANI : Il se prépare pour son retour et tellement nous sommes convaincu qu’il reviendra que nous sommes entrain de travailler pour que nous puissions accélérer son retour au pays. Maintenant, en ce qui concerne la suite de la procédure judiciaire qui est engagée, le dossier est entre les mains de la justice et nous attendons. Notre analyse par rapport à la situation et, particulièrement, au traitement de ce dossier ne change pas.
Nous disons que, fondamentalement, il y a là une visée politico-politicienne qui était à la base de la mise en œuvre de cette procédure et, malheureusement, elle est contraire à la morale, elle n’est pas digne de notre pays, parce que nous n’avons aucun intérêt aujourd’hui à créer les conditions de division entre qui que cela soit, parce que nous avons d’autres préoccupations plus importantes qui doivent beaucoup plus nous unir.
Mohamed SEIDOU : Monsieur le Secrétaire Général, nous avons écouté Monsieur Mohamed Bazoum dire à une presse Burkinabé, le journal « l’OBSERVATEUR », je cite: « Il était avec nous et il n’y avait aucun problème, mais il est parti de façon sournoise nouer une alliance avec l’opposition pour créer une nouvelle majorité afin de renverser le Premier ministre et nous mettre dans une situation de cohabitation ». Et il continue en disant ceci: « Si à partir de là, nous ne lui faisons pas de quartier est-ce qu’on peut nous en blâmer ? » Et il conclut en ce terme: « Il ne peut pas s’imaginer que nous lui fassions de concession et que nous n’utilisions pas cette arme que nous avons contre lui.” Alors, que dites-vous, Monsieur le Secrétaire Général ?
Maman SANI : Il a tout dit. Il a tout dit et je crois que cela n’a pas besoin de commentaire. Mais, pour la première partie de ce qu’il a dit, il y a là des choses qu’il faut placer dans un contexte précis. Monsieur Bazoum le sait. Et, il sait que Maman SANI, que je suis, le sait. Personne n’à chercher à contracter une alliance. C’est vrai, nous avons pris contact avec certains partis politiques qui nous ont approchés, mais jamais, je dis bien jamais, puisse que j’étais le responsable des négociations ; mon nom a été d’ailleurs cité par les uns et par les autres et on ne m’a jamais entendu sur cette question-là.
Nous avons dit que s’il y avait la possibilité de créer les conditions de rapprochement qui ramènerait, à l’instar de ceux qui nous ont précédé, CDS l’a fait avec tous les partis qui en sont issus, pourquoi ne pas récréer les conditions d’une réconciliation qui permettrait au MNSD-NASSARA et à LUMANA de se retrouver au sein d’un seul parti politique. Nous avons parlé de fusion ; une fusion ne se fait pas secrètement ! Regardez les textes, et de LUMANA et du MNSD, que nous connaissons très bien ! Toutes les fusions se font au niveau des instances suprêmes de l’ensemble de nos partis politiques, c’est-à-dire au niveau d’un congrès. Y a-t-il des questions secrètes au niveau d’un Congrès ? Voilà ce qui s’est passé.
Pendant cette période-là que les gens pensaient que LUMANA était entrain de vouloir les renverser, mais nous aussi nous savions ce que les gens étaient entrain de faire contre nous, mais nous n’avons pas la même culture politique qui est celle d’aller à l’extérieur et de procéder au dénigrement ou alors à dire un certain nombre de choses. Nous, nous ne sommes pas de ces gens-là. Mais, s’il faut le faire et le dire, mais attention ! Nous pouvons aussi dire beaucoup de choses !
Mais, je dis et je maintiens, j’étais le président du groupe de contact, le responsable de cette équipe de contact avec les partis incriminés et jamais il n’a été question de créer une alliance, mais nous avons dit qu’il faut créer les conditions de regroupement des partis politiques et pourquoi pas d’une réconciliation de la grande famille MNSD-NASSARA qui est issue de la Société de Développement. Vous l’avez rappelé, nous étions tous Membres-Fondateurs et nous avons que si nous pouvons encore récréer les conditions pour donner plus de chance à notre pays, demain encore, nous n’hésiterons pas à le faire.
Mohamed SEIDOU : Aussi, Monsieur le Secrétaire Général, nous savons, qu’à l’issue du procès du 30 janvier 2015, que le Tribunal de Grande Instance de Niamey s’est déclaré incompétent dans l’affaire dite des « bébés importés » et que le Procureur Adjoint, Monsieur Chaibou Samna disait, je cite : « Cette décision d’incompétence nous arrange mieux, parce que, c’est à nous de faire l’appel » ; et, dans cette interview accordée à « l’Observateur », Monsieur Bazoum Mohamed disait, je cite : « Il y a un juge qui a dit qu’il était incompétent et nous avons fait appel de sa décision. » Monsieur le Secrétaire Général, qui a réellement fait appel ?
Maman SANI : Si appel il y a, je ne sais pas s’il y eu appel. En tout cas, le Procureur-adjoint a eu à le dire sur les média qu’ils vont faire un appel, cela a été confirmé par Monsieur Bazoum, vous venez de le dire, mais nous disons simplement qu’il faut laisser la procédure judiciaire se poursuivre. Moi, je considère le jugement qui a été donné comme bétonné. Nous attendons de voir la suite et nos Conseils sont là pour assurer notre défense. Cela ne doit pas empêcher au Niger de continuer sereinement à s’occuper d’un certain nombre de questions qui, aujourd’hui, assaillent les populations nigériennes.
Mohamed SEIDOU : Monsieur le Secrétaire Général, est-ce que votre parti, le MODEN-FA LUMANA AFRICA sera présent aux élections prochaines, en 2016 ?
Maman SANI : Au lendemain du départ en exil du président Hama Amadou, le 27 Août 2014, j’avais été interviewé et je l’ai dit et le réaffirme. Le MODEN-FA LUMANA AFRICA, incha’ Allahou, sera présent à toutes les élections qui seront organisées au Niger, dans les mêmes conditions que les autres formations politiques. Mais, nous appartenons à une alliance qui vient de dire que conformément à un certain nombre de décisions et sur la base d’un certain nombre de constats que nous avons faits, que nous n’irons pas aux élections dans n’importe quelle condition et sous la bannière d’un certain nombre d’Institution. Que nous ne le ferons pas. Mais, cela ne veut pas dire qu’on n’ira pas aux élections. On ira aux élections, mais on n’ira pas aux élections avec ces Institutions-là. Que ceci soit compris clairement.
Mohamed SEIDOU : Monsieur le Secrétaire Général, suite aux manifestations des 16 et 17 Janvier 2015 qui se sont passées, respectivement, à Zinder et à Niamey, vos militants ont été accusés par le Gouvernement (à travers la MRN) d’être à leur origine. C’est le cas du Ministre Youba Diallo qui vient d’être déféré en prison par la justice. Que dites-vous ?
Maman SANI : D’abord, mon cher ami, ne faisons pas l’amalgame. Les évènements de Zinder et de Niamey ont eu lieu, respectivement, le 16 et le 17 janvier 2015. Nous n’étions pas concernés, le Pouvoir le sait. Les gens sont entrain de chercher pour mélanger les causes et les effets. Je pense que s’il n’y avait pas eu les évènements de Paris, il n’y aurait jamais eu les évènements du 16 et du 17 ! Soyons honnêtes ! Les gens voudront bien faire l’amalgame, mais, nous ne sommes pas concernés par ces évènements et les gens ont bien vu que les acteurs politiques, ceux qui étaient arrêtés, parmi nos militants, n’étaient pas à ces manifestations-là.
Maintenant, pour le cas de Monsieur Youba DIALLO, on estime qu’il est parti à une manifestation non autorisée au départ, ça c’est le 18 janvier 2015 et maintenant on dit qu’il aurait pris part à la dégradation des biens publics. C’est vrai, il vient d’être arrêté, il est à la prison, il séjourne actuellement à la prison civile de Say. Le dossier est entre les mains de la Justice, mais là également, nos conseils sont là-dessus et incha’ Allah, la démonstration aura été faite et son innocence sera prouvée.
Mohamed SEIDOU : Nous venons d’apprendre que près de 200 salariés sont licenciés par Areva pour, je cite : « motif économique » alors qu’un arrêt de la Cour d’Appel de Paris qui a non seulement condamné Areva pour tentative de corruption, mais elle confirme que les trois documents produits par l’Observatoire constituent une preuve du don d’Areva en faveur du Niger. Quelle est votre réaction Monsieur le Secrétaire Général ?
Maman SANI : Je voudrais que nous puissions nous en tenir à des faits. Les faits, c’est qu’effectivement, il y a eu une promesse de 35 millions d’Euros d’AREVA à l’Etat du Niger, confirmée par une lettre du ministre des finances. Semble-t-il qu’à partir de là, AREVA aurait renoncé à ce versement, mais les documents qui ont été versés au dossier de la Cour d’Appel de Paris attestent, effectivement, que l’équivalent de ces 17 milliards, c’est-à-dire des 35 millions d’Euros, que cet argent a bel et bien été versé.
Si cela n’a pas été versé, nous, au niveau de l’Opposition, nous sommes prêts à nous constituer « partie civile » de manière à ce que cette question-là puisse être clarifiée ! Nous ne disons pas : est-ce que c’est une corruption, est-ce que c’est une corruption morale, est-ce une corruption juridique ? Ce n’est pas là notre problème. Notre problème de fond, c’est qu’il y a eu de l’argent qui a été versé par AREVA quelque part et à quelqu’un au nom de l’Etat du Niger. Si ce montant existe, il n’a pas été budgétisé.
S’il a été budgétisé, qu’on nous en donne les preuves ! Voilà ce que nous disons ! Si ce n’est pas fait, que les responsables de ces opérations puissent être punis ! Qu’il s’agisse d’AREVA ou d’une autre institution, nous aurions agi de la même manière. C’est sans équivoque ! C’est de l’argent destiné au Peuple nigérien, cet argent, il est où ? Mais, cela est la première partie.
Nous avons fait le lien avec l’avion parce que, prétendument, au départ AREVA avait prévu de donner une partie de cet argent pour l’acquisition d’un jet présidentiel. Mais, c’est que au total, le jet présidentiel aurait été acheté sur des ressources propres à hauteur de 21 milliards de francs CFA ; ce que nous avons déjà dénoncé, parce que nous avons trouvé cela cher. Deuxièmement, mais, où sont passés les 17 milliards alors prévus par AREVA ? Est-ce que c’est toujours destiné au même avion ?
Et si ce n’est pas destiné au même avion, mais combien, finalement, cet avion-là a coûté ? Voilà, ce que nous disons. Ce n’est pas compliqué. Nous avons entendu beaucoup de choses avec des descriptions techniques très compliquées. Nous, nous posons des questions très simples : y-at-il oui ou non versement d’argent d’AREVA au Niger ou à quelqu’un au nom du Niger ? Si oui, où se trouve cet argent-là ? Et qu’en a-t-on fait ? Voilà les questions que nous posons.
Mohamed SEIDOU : Une autre question d’actualité par rapport aux attentats de Paris. Etes-vous « Charlie », Monsieur le Secrétaire Général ?
Maman SANI : S’il vous plaît ! Je voudrais simplement rappeler, même là, à ceux qui veulent faire l’amalgame. Les « Charlie », c’est des athées ! A ceux qui ont fait l’amalgame pour dire que les gens sont contre les chrétiens, « Charlie » ce sont des athées ! « Charlie » est athée, « Charlie » n’est pas chrétien, il n’est pas juif, il n’est pas musulman. Moi, je suis un musulman, je ne saurais en aucun cas être « Charlie ». Nous avons, en son temps, unanimement et avec vive voix, condamné ce qui se s’est passé à Paris, mais je ne suis pas « Charlie », je ne serai jamais « Charlie ».
Moi, j’ai une religion à laquelle je crois fermement et je crois que c’est au nom de celle-ci que je fais certaines prises de position et que suis prêt à lui consentir beaucoup de sacrifice, mais ceux qui pensent qu’ils peuvent faire l’amalgame se trompent. C’est un évènement malheureux. Il faut le considérer comme tel. Ce vocable sorti de la bouche du Chef de l’Etat a été une erreur ! Il fallait simplement s’en excuser et puis on classe le dossier et on continue ! Il n’y avait pas lieu à polémiquer ! Dans son fond intérieur, est-ce que le Président de la République est « Charlie » ?
Mohamed SEIDOU : Mais, Monsieur le Secrétaire Général, Il s’est excusé non ? Son Porte-parole Marou Amadou a dit que le Président s’est excusé.
Maman SANI : C’est son Porte-parole qui a dit que le Président a dit qu’il est « Charlie » ? Moi, je vous pose la question : est-ce que c’est à travers son Porte-parole qu’il a dit qu’il est « Charlie » ? C’est des choses qui engagent la question de croyance. Ce n’est pas une question de groupe ! C’est des actes de responsabilité et d’engagement individuels. Personne ne peut dire que moi je suis Porte-parole de quelqu’un (rire) pour défendre sa religion ! C’est des actes individuels forts ! S’il y a erreur, il faut demander pardon au Peuple nigérien.
Il faut s’en excuser si c’est un acte personnel et cela s’arrête là ! Mais, cette polémique, elle va nous amener jusqu’aux élections ! Tel que c’est parti ! Parce que nous, nous n’accepterons jamais qu’on dise que nous sommes Charlie. Si le président a parlé à titre personnel, alors, il dit que : « Je suis Charlie ». Mais, si c’est en tant que Magistrat suprême, représentant du Peuple nigérien, donc parlant au nom de l’ensemble de ce Peuple-là, qu’il dit que : « Nous sommes Charlie », et bien, évidemment, nous ne sommes pas « Charlie ».
Mohamed SEIDOU : Avez-vous des contacts avec votre structure de MODEN/FA LUMANA AFRICA qui est aux USA ?
Maman SANI : Oui, nous avons des contacts et des contacts très réguliers. Je sais qu’en ce moment ils sont entrain de préparer leur congrès et nous sommes même entrain de prendre des dispositions de manière à ce que nos représentants y soient, tout comme nous avons des contacts avec l’ensemble de nos structures qui sont situées sur tous les continents du monde.
Mohamed SEIDOU : Mais, Monsieur le Secrétaire Général, il y a eu, récemment, ici, aux USA, un congrès en décembre 2013. Le bureau a-t-il fini son mandat ?
Maman SANI : Le bureau a fini son mandat. Parce que l’ensemble des structures du parti obéissent à un seul Statut. Ce Statut confère aux organes et aux instances un mandat de quatre ans. Ce mandat court à partir du 10 juillet 2010. Et, avant le dernier congrès qui a eu lieu le 7 décembre 2014, nous avons écrit à l’ensemble de nos structures et nous avons procédé à un renouvellement général des comités de base au Bureau politique national. C’est à ce titre que moi, j’ai été élu Secrétaire Général du parti.
Donc, si un bureau qui a été renouvelé il y a un an, six mois, il est forclos. C’est l’ensemble des structures qu’il faut renouveler. Nous voulons gagner les élections et si nous voulons les gagner, il faut qu’on soit rassemblé, uni, pour que nous puissions remporter une victoire encore plus éclatante qu’en 2010-2011.
Mohamed SEIDOU : Quel est votre message en direction des nigériennes et des nigériens qui vient en dehors du Niger ?
Maman SANI : C’est de leur souhaiter, même si c’est avec un peu de retard, une très bonne année. Mais aussi, partout où ils sont, il faut qu’ils restent unis, qu’ils soient soudés. Je voudrais leur dire que le pays est un pays en voie de développement, classé malheureusement dernier en terme de l’indice du développement humain, que nous avons beaucoup à faire et que c’est un défi qui nous appartient à nous tous. S’il est vrai que de façon temporaire, aujourd’hui, certains sont amenés à résider à l’extérieur, il faut qu’ils sachent que la patrie est là et qu’elle a toujours besoin d’eux.
Cette patrie, c’est le Niger, ce sont nos frères, nos sœurs, nos amis, nos fils, petit-fils ; c’est ensemble que nous pouvons construire ce pays et c’est ensemble que nous devrons le construire. Que tous ceux qui peuvent apporter leurs concours, continuent à le faire sans regarder la coloration des régimes qui sont en place en place. L’important, c’est qu’ils apportent leur petite pierre à l’édification de ce pays ; ce pays que nous aimons tant et pour lequel nous formulons le souhait qu’il soit le meilleur, qu’il soit le plus grand, qu’il soit le plus fort et que partout où les filles et les fils de ce pays transiteront, passeront, résideront, qu’ils soient admirés parce que nous aurons constitué un exemple d’unité, un exemple de cohésion et un exemple de réussite. Voilà ce que je voudrais leur dire ; et leur dire que je les aime tous. Voilà.
Mohamed SEIDOU : Pour finir, Monsieur le Secrétaire Général, nous vous donnons le mot de la fin.
Maman SANI : Alors, le plus grand mot, c’est merci à Monsieur Mohamed, merci à votre organe, merci à l’ensemble de mes frères et sœurs résidents aux Etats-Unis. Et puis, je leur dis que je formule pour eux le souhait de bonheur, de réussite et d’un bon séjour et surtout un bon retour en famille. Merci.

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