Le célèbre réalisateur et scénariste nigérien Moustapha Alassane, s’en est allé à l’âge de 73 ans. Très prolifique, Moustapha a marqué d’une encre indélébile le 7ème Art au Niger et en Afrique. Autodidacte du cinéma, Moustapha Alassane est le réalisateur du premier film nigérien, ’’Aouré’’ en 1962. Il est aussi le premier réalisateur du film d’animation africain, ’’La Mort de Gandji’’ en 1963. Il est l’auteur de 28 films, dont le dernier, ’’Tagimba’’, est sorti en 2003.
Rien ne semblait le prédestiner au Cinéma. C’est au hasard des rencontres que la passion a surgi du néant avec la rencontre du célèbre Jean Rouch. L’année passée encore, il donnait ses dernières leçons de cinéma aux jeunes nigériens en résidence chez lui. Quoique très fatigué par l’âge, le vieux Moustapha a toujours gardé intacte cet amour qu’il a voué au cinéma. Moustapha est né en 1942 à N’Dounga au Niger. Son premier métier était celui de mécanicien. Avec Jean Rouch, il se forme à la technique cinématographique. Il part ensuite au Canada où il rencontre le célèbre Norman MacLaren qui lui enseigne le cinéma d’animation. Son premier film, “ Aouré ’’ (Mariage), court métrage sur la tradition nuptiale d’un village du Niger, est récompensé en 1962. En 1965, Moustapha Alassane réalise le premier dessin animé africain, intitulé “ La Mort de Gandji’’. En 1966, il lance sur le grand écran le moyen métrage parodique “ Le Retour d’un aventurier’’, premier western africain. Son premier long métrage voit le jour en 1972 ; c’est une satire de mœurs, “ FVVA ou encore Femme, Voiture, Villa, Argent’’, est un film qui dénonce l’arrivisme et la soif de pouvoir des nouveaux riches en Afrique.
Pendant 15 ans, directeur de la section cinéma de l’université de Niamey, il a, de par créativité et la qualité de ses œuvres, contribué dans les années 1960-1970 à faire du Niger un grand pays de cinéma. "Une bibliothèque a brûlé....", peut-on lire sur le site du FESPACO.
« Peu de gens savent que Moustapha Alassane était l’auteur du premier film d’animation en Afrique subsaharienne. Peu de gens savent qu’il y a 53 ans, Moustapha Alassane, devenait le père du cinéma d’animation en Afrique avec son film "Aouré", disait, un journaliste nigérien dans un hommage émouvant. Selon ses explications, « Le cinéma africain a démarré au Niger », avec son film « Aouré » qui a reçu dès 1962 la médaille de bronze au Festival du cinéma d’amateur de Cannes avant d’être primé au Festival de Saint-Cast en 1963. « La même année, il confirme son talent dans le cinéma d’animation en réalisant « La mort de Gandji », récipiendaire du grand prix du court métrage, puis « L’antilope d’argent » présenté au festival des arts nègres de Dakar en 1966. En 1973, le cinéaste lance « Toula ou le génie des Eaux », un film sur l’histoire d’une sécheresse dans le Sahel et dans lequel jouait pour la première fois Sotigui Kouyaté, une des grandes figures du cinéma africain. Moustapha Alassane, qui s’est retranché quelques années à Tahoua où il gère un studio de fortune, a livré au public « Taguimba », un film en animation dédiée à la cantatrice nigérienne Taguimba, grande voix de la musique de possession au Niger » .
« Pour moi, le cinéma peut et doit servir à modifier la mentalité de la masse. Chacun de mes films touche à la politique, ne serait-ce que parce qu’il suscite un intérêt auprès de la masse et est susceptible de lui faire prendre conscience de sa culture. Je pense que, pour le moment, le cinéma n’a pas suffisamment prouvé au monde que l’Afrique a une culture propre. Il doit pouvoir éveiller la conscience du spectateur sur des problèmes spécifiquement africains et guider l’Afrique dans une direction plus viable. », disait Moustapha Alassane