« … il faut se rendre à l’évidence que la question touarègue est un alibi commode que les terroristes ont habilement instrumentalisé pour se donner le faux nez dont ils ont besoin pour faire diversion. La preuve, c’est que le mouvement touareg MNLA, qui prétend arbitrairement parler au nom de la communauté touarègue et des populations de l’Azawad, a été chassé de la scène par ses alliés terroristes d’Aqmi, de Ansar dine et du Mujao, aussitôt que la tâche qui lui avait été provisoirement assignée, était accomplie.
Ceux qui parlent au nom de la communauté touarègue n’ont aucun mandat et aucune légitimité pour le faire. Il faut définitivement comprendre leurs liens avec les réseaux criminels… ». Voilà les mots durs lâchés par le Ministre des affaires étrangères nigérien, Bazoum Mohamed, au dernier sommet de l’UA ; des mots similaires à la vision exprimée par le président de la République Issoufou Mahamadou dans une interview récente accordée aux médias français ; cependant, des mots à des années lumières de la vision ambiguë de la France qui semble protégée les rebelles du MNLA.
De quoi s’agit-il en réalité ? C’est désormais clair, un peu trop clair même sur les visées réelles de la guerre que la France et ses colonies ont engagée au Mali. On connaissait les socialistes pour leur chauvinisme légendaire. Cependant, qui a jamais pensé que celui de sieur Hollande se déploierait jusque dans les confins du désert sahélo saharien ? Cet élan chevaleresque qui l’a porté jusque sur le terrain des opérations dénote à n’en point douter d’une volonté napoléonienne à reannexer contre vents et marées les ex colonies françaises dont certaines étaient en train d’échapper au pré carré. En effet, depuis la bourde de Sarkô Si dans son fameux discours de Dakar, plusieurs ex colonies françaises avaient commencé à se désolidariser de leur ancienne métropole pour notamment se pencher vers les pays émergeants dont la Chine.
A cela, il faut ajouter l’intervention cahoteuse en Côte d’Ivoire qui a fait naître dans la sous-région un sentiment de haine et de rejet vis à vis de la France.Toutes ces erreurs, il fallait les corriger car la France ne saurait vivre sans les ressources de ses anciennes colonies, notamment africaines. C’est aujourd’hui chose faite quand on voit la manière avec laquelle sieur Hollande a été accueilli à Tombouctou, à Gao et surtout à Bamako où une foule hystérique s’était rassemblée au passage de son cortège pour acclamer le sauveur. Et, dans un discours diamétralement opposé à celui de Sarkô Si, sieur Hollande a rappelé la vaillance des tirailleurs africains et notamment maliens qui ont aidé la France à se libérer du joug colonial allemand.
C’était une cérémonie grandiose, un maquillage comme jamais on n’a vu pareille dans l’Histoire récente du continent Noir. De Gaule lui-même n’avait pas fait autant à Brazzaville. Sur ce point, le premier objectif est royalement atteint, reste la seconde phase, celle de la réparation. Au fait, comme pendant la colonisation au 19ème siècle, après la phase de pacification, après avoir recueilli contre leur gré ou pas l’adhésion des populations des colonies à la présence des impérialistes, il faut passer à présent à la phase de l’exploitation économique, celle de la signature du pacte colonial. Après ce qu’on a vu au Mali, pensez-vous que ce pays aurait désormais le courage de refuser quoique ce soit à la France ?
Surtout que la menace est toujours présente et que les français eux aussi seront toujours présents. Alors même qu’il y a une semaine, le même Holande annonçait que les forces françaises avaient fait l’essentiel et que les troupes africaines devaient assurer le reste. Dans le même temps, des forces spéciales françaises atterrissent au Niger pour assurer la sécurité des mines du Nord du pays, région très proche du Mali. Les américains s’engagent aussi dans la guerre avec des drones qui vont très certainement préparer le terrain à l’implantation d’une base militaire franco-américaine dans la région. Voilà donc toute la région de l’Azawad militarisée, pour ne pas dire le futur Etat militaire de l’Azawad. Le vieux rêve colonial de la France se concrétise : Azawad est né, il faut passer aux activités de prospection et d’exploitation de l’énorme potentiel minier de ce désert mythique.
Il est bien que le MNLA au Mali ne représente pas tous les Touaregs de la région. Par conséquent, le MNLA se saurait réclamer à lui seul tout Aziyadé qui est vaste territoire qui comprend une grande partie du Niger, du Mali, de la Mauritanie et même du Burkina!Sur cette question précise, le torchon va très certainement brûlé entre les autorités de Niamey et celle de Paris.Tout récemment, dans une interview accordée aux médias français, le président Mahamadou Issoufou a partagé cette vision, martelant à qui voulait l’entendre que le MNLA n’est pas représentatif du monde Touareg. Lui-même pas très loin de l’ethnie Touarègue, Issoufou Mahamadou sait très bien ce qu’il dit.
Cette vision est entièrement partagée par son ministre des affaires étrangères Bazoum Mohamed qui, lors du dernier sommet de l’ Africaine n’est pas allé par quatre chemins pour dénoncer et fustiger le MNLA : « … il faut se rendre à l’évidence que la question touarègue est un alibi commode que les terroristes ont habilement instrumentalisé pour se donner le faux nez dont ils ont besoin pour faire diversion. La preuve, c’est que le mouvement touareg MNLA, qui prétend arbitrairement parler au nom de la communauté touarègue et des populations de Azawad, a été chassé de la scène par ses alliés terroristes d’Aqmi, de Ansar dine et du Mujao, aussitôt que la tâche qui lui avait été provisoirement assignée, était accomplie.
Ceux qui parlent au nom de la communauté touarègue n’ont aucun mandat et aucune légitimité pour le faire. Il faut définitivement comprendre leurs liens avec les réseaux criminels… ». Sur cette question précise, les choses vont très certainement barder entre Niamey et Paris. Est-ce pour cette raison que le Niger n’a pas voulu laisser les mains libres à la France seule dans le désert en sollicitant l’installation des drones américains ? Est-ce aussi la vision de l’Amérique de ne pas laisser à la France la main mise sur l’une des plus grandes mines d’uranium au monde (Imouraren) ? L’un dans l’autre, nos autorités doivent comprendre que nous sommes à un tournant décisif de notre Histoire.
Notre pays le Niger est aujourd’hui en position de force et il peut taper du poing sur la table n’importe où et devant n’importe qui. La chine et les Pachas Arabes d’une part, les Français et les Américains de l’autre, au centre les pays émergeants comme l’Inde, le Pakistan, le brésil, l’Afrique du Sud…sans compter les terroristes eux-mêmes et ceux qui les financent, nous sommes aujourd’hui dans une position privilégiée où nous n’avons que l’embarras du choix. C’est une opportunité qu’il nous faut saisir pour nous allier au meilleur fournisseur de services, celui avec qui nous pouvons jouer gagnantgagnant. Et si c’était de cela que voulait l’ex président Tandja Mamadou ?