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Politique et corruption au Niger
Publié le vendredi 12 juillet 2013   |  Opinion




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En son temps, Hegel disait si prophétiquement que les " idées mènent le monde ". S'il avait bu l'élixir de la jeunesse éternelle, s'il avait été notre contemporain, il se serait empressé de se raviser, en ajoutant que " l'argent aussi ".

L'argent ! Voilà le médiateur suprême entre nos besoins, nos désirs, tous nos desideratas ; et leur satisfaction concrète. C'est bien l'argent qui fait courir les hommes, à la quête de la satisfaction de besoins sans cesse renouvelés. Tel Sisyphe, condamné ad vitam aeternam par les dieux, à rouler éternellement son rocher jusqu'au sommet, pour le voir dévaler la pente, nous sommes arrimés à l'argent. Il faut se rendre à l'évidence que le rocher est pour Sisyphe ce que l'argent est pour nous, c'est-à-dire une malédiction.

De l'argent, il en faut pour ceci ou pour cela, pour tout et même pour rien (Il y en a bien qui le thésaurisent sans en faire un usage social). Qui plus est dans nos sociétés dites de consommation, ou la différence entre besoins naturels nécessaires, besoins non naturels mais nécessaires, et besoins naturels non nécessaires, selon une conception épicurienne du bonheur ; cette différence-là tient à une infime nuance, tellement imperceptible qu'on arrive plus à établir une hiérarchie des besoins. Par extrapolation donc, il faut bien convenir que l'argent exerce sur nous un pouvoir. Le pouvoir économique détermine donc le pouvoir politique !

C'était le scoop de Karl Marx, né d'une constatation empirique puisque chacun sait que l'emprise d'un individu sur ses congénères dépend avant tout de ce qu'il possède, en espèces sonnantes et trébuchantes, de plus que les autres. L'instinct grégaire de domination ne fait que changer de forme mais pas de nature. C'est là qu'il faut concéder à Marx d'avoir dit tout haut ce qu'à peu près tout le monde pensait tout bas. Mais le simple fait de l'avoir dit et, moins simple, de l'avoir intégré dans un système cohérent, lui a valu la paternité du matérialisme dialectique. Mais pour se convaincre de la pertinence de sa trouvaille, de ses incidences sur le vécu, il faut la soumettre au prisme de la réalité d'aujourd'hui. Tout détenteur de cette manne qu'est l'argent est dépositaire d'un pouvoir, ou dispose d'un promon toire pour y accéder.

Suivez la flèche.

Il n'y aurait rien à redire si la fonction politique n'avait pas laissé la porte ouverte à l'esprit du gain et à la cupidité. La détention d'une once de pouvoir sous nos cieux donne presque toujours lieu à une forme d'auto consécration. Il en a été ainsi, depuis le début de la décennie 90, lorsque la démocratie voulue par le peuple et instillée par l'ancienne puissance coloniale, nous est apparue comme le sentier lumineux qui mène le peuple au salut. La politique donc, l'art de gouverner est devenu son autre, en pire : l'art de se servir des hommes en faisant croire qu'on les sert. D'aussi loin qu'on s'en souvienne, tous les scandales de corruption qui ont éclaboussé notre pays et qui continuent de le secouer de spasmes de plus en plus violents sont liés à la transformation de la fonction politique.

Mais cette péjoration est portée à des paroxysmes lorsque l'ambition politique s'incarne dans la frénésie de l'ascension personnelle. Quelle est le but ultime de l'ambition politique, si ce n'est la transformation qualitative de la société ? Mais que peut-on espérer produire si l'on refuse délibérément de se dissoudre dans l'expression démocratique ? Le grief que l'on peut faire au tazarché, c'est d'avoir requis l'assentiment d'un pan entier de notre classe politique, au seul bénéfice de subsides mirobolants ou la promesse de lucratives situations de rente.

Toutes les acrobaties auxquelles s'adonnent ceux que nous connaissons tellement, que c'est leur jeter des fleurs que de les nommer, toutes ces acrobaties disons-nous, ne les dédouaneront pas devant l'histoire des casseroles qu'ils traînent et dont le bruit scande chacun de leur pas et de leur geste. Du reste, si le Tazarché a été mis à bas, il est mort en faisant des émules ceux qui sont sortis tout droit de sa cuisse. Quel est à ce jour le parti le plus compromis sur l'échiquier politique ? C'est assurément celui qui compte le plus de poncifs dont les noms puent à plein nez le scandale.

Des affaires de fonds d'aide à l'énergie à ceux des fausses factures, des surfacturations aux détournements, dans leur acception de la gouvernance où la corruption est la règle, et l'imputabilité l'exception. Si l'assainissement peine à entrer dans les moeurs politiques, c'est bien parce qu'on ne trouve pas beaucoup de souris blanches dans les égouts. La moindre allusion à l'assainissement déclenche en eux la réminiscence de leur péché mignon.

Alors, leur distraction favorite est d'essayer, chaque jour que Dieu fait, de couvrir le pouvoir de la boue dans laquelle ils avaient pataugé. Toutefois, leur poids politique certain ne fait pas illusion, la transhumance paranoïaque des corrompus mène toujours là-bas, car ils ont une chose en commun et se serrent les coudes. De même, ils offrent le gîte et le couvert à tous les frustrés et les impotents politiques sans point de chute.

Moralité ?

On ne se refait pas à un certain âge ! En politique, encore moins. Derrière les discours convenus se cache une réalité plus complexe. Comment se débarrasser d'une tare que l'on ne peut ni dissimuler, tant ses relents nauséabonds, ni assimiler à des erreurs de jeunesse, tout en sachant que les reconnaître équivaut à un hara-kiri, au suicide politique. Ce qui vaut ailleurs comme allant de soi, lorsque l'on est confondu dans une quelconque compromission, et dont la démission n'est qu'une étape d'un mea culpa et le cas échéant d'une soumission volontaire à l'inquisition de la loi ; cela est sous-entendu chez nous comme une chasse aux sorcières.

La MRN se porterait comme un charme, et tout aurait été bien dans le meilleur des mondes, si la tolérance zéro n'avait pas pointé son nez. Et dès lors qu'elle a été érigée en dogme de la gouvernance et non plus comme un voeu pieux, tous ceux qui se sentaient morveux, se sont mis à moucher au son du glas. Alors, Il faut faire chavirer le bateau de la Renaissance. A croire qu'ils n'avaient pas compris la nuance, renaissance n'est pas synonyme de virginité ou de table rase. Pour notre part, nous sommes convaincus que ce n'est pas une méprise sémantique.

Avant d'ouvrir une porte, il faut être prêt à affronter ce qui se trouve derrière. C'est un adage du terroir qui l'enseigne ; A bon entendeur salut !

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