Pour une fois encore, voilà le Niger, notre cher Niger, parti pour reculer, pour encore et encore un éventuel saut dans l’inconnu duquel seul le diable peut expliquer s’il s’en sortira ou pas. Nous voilà repartis pour les spéculations et autres tergiversations dont nous sommes devenus des experts en la matière.
Par nous, il faut entendre tout ce monde tapis dans les salons concupiscents de la politique politicienne, les ogres de la société civile devenus aujourd’hui des maîtres chanteurs dont on a du mal à situer avec exactitude le jeu trouble sur la scène politique et aussi une frange de pseudo militaires eux aussi tapis dans l’ombre et qui tirent sur les mèches, aux aguets et prêts à ressurgir sur la scène politique pour hypothéquer les acquis. Pauvres Niger qui finalement n’a d’ennemis que les forces internes qui gravitent autour de la chose politique. Faudrait-il donner raison à ceux qui pensent que le grand malheur du Niger reste ces rondouillards agglutinés qui s’agrippent désespérément aux fauteuils politiques ? Par-là, faudrait-il encore dire oui à tous ceux qui prônent un assainissement politique en bonne et due forme dans ce pays ?.
Eh oui ! Le Niger est bien malade de ses propres fils, notamment les politiciens. Certes, l’essence même de la politique est la conquête du pouvoir, comme on dira que tout commerce repose sur une marchandise. Cependant, nous vivons aujourd’hui dans un contexte paradoxalement prometteur mais extrêmement fragile qui n’autorise aucun faux pas, aucune incartade. En effet, au moment même où nous prenons un virage positif et décisif vers un avenir des plus radieux, nous voilà aussi exposés à des menaces sécuritaires inédites, éparses et plurielles. De l’Histoire de notre pays, jamais des opportunités de développement aussi nettes que celles qui se présentent à nous présentement n’ont été enregistrées. Aux potentialités naturelles débusquées et mises en exploitation, s’ajoutent des efforts de planification et de gouvernance qui ont fait de notre pays la coqueluche des temps modernes aux yeux tant de nos partenaires régionaux, sous régionaux qu’internationaux. Notre diplomatie n’a jamais été aussi sollicitée que ces deux dernières années. Des ambassades ouvertes ou réactivées, des ouvertures vers des pôles variés de coopération, c’est à croire que tous les investisseurs du monde ont décidé d’avoir désormais des actions dans nos entreprises. Quoique l’on dise ou pense, le Niger est incontestablement sur la bonne voie, sur la montante. Voilà une option qui, loin de réjouir le coeur de certains nigériens pour un sursaut national afin de saisir toutes les opportunités qui se présentent, attise plutôt les appétits voraces et insatiables des démons de la politique politicienne. Certes, on le sait depuis longtemps qu’il y a dans ce pays des gens qui excellent dans le « C’est moi ou personne « ; des gens qui n’ont jamais apprécié que les choses se fassent ou réussissent sans eux. Cependant, est-ce le moment le plus approprié ? Certainement non car toutes ces chances que Dieu nous a données, nous risquons de les perdre tel un feu de paille si jamais nous ne prenons garde.
Le péché originel qui couve est de croire qu’on peut continuellement renouveler notre équipe dirigeante pour encore chercher à dénicher le messie, celui-là qui, avec une baguette magique nous tirera d’un seul coup de la morosité dans laquelle nous végétons. Soyons lucides et ouvrons les yeux. Que n’avions-nous pas essayé ? Qui est où que nous ignorions ? Les forces politiques en présence dans notre pays, nous les connaissons très bien pour les avoir vues toutes aux affaires. Et, c’est parti de cette observation que beaucoup s’étaient accordés à reconnaître que l’actuelle armada au pouvoir était une réelle chance de réussite pour le Niger. Et, en somme, voilà tout le fond du problème, le péché du siècle qui crève les yeux. On le sait très bien que si jamais les esprits s’accordent à mettre leurs compétences au service du pays et vu les énormes potentialités qui s’offrent à eux, les ténors actuelle alliance au pouvoir sont partis pour de très longues années. Alors, pensez-vous que cette vision serait allégrement partagée par tous ? Assurément non et c’est contre cela il fallait se prémunir dès au début. Et, la meilleure façon de le réussir était de se tenir la main dans la main, que personne n’entreprenne quelque chose ni à l’insu de l’autre, ni sur le dos de l’autre. L’essentiel est de créer les conditions d’une infiltration qui briserait l’harmonie du groupe et qui hypothéquerait les réelles chances de progrès qui s’offraient à notre pays. C’était sans compter avec non seulement l’expérience de ceux qui étaient en face et aux aguets de la moindre incartade et aussi leur capacité d’infiltration, leur élan à créer toute sorte de subterfuge et de zizanie pour s’incruster dans les mailles de l’alliance. Et, c’est aujourd’hui une chose presque réussie avec tous les remous qui se dessinent dans le ciel de notre pays. Subitement, au moment où on a réussi à créer et entretenir une véritable crise de confiance entre les deux grands partis de la majorité, on actionne et attise les tensions sur le front social. Des erreurs sciemment commises, des déclarations tapageuses et sulfureuses pour claironner ces ratés eux aussi sciemment commis. Que de duperies qui s’apparentent à des crimes d’Etat. Que dire d’une action entreprise de gré pour saper les fondements de la quiétude sociale et institutionnelle ? Sous d’autres cieux, ce sont des conduites condamnables au même degré qu’une atteinte à la sécurité de l’Etat.
Nous pensons qu’il n’est pas encore tard pour que les uns et les autres se ressaisissent. Pour cela, un dialogue franc et sincère doit être ouvert afin d’éviter à notre pays les affres d’un éternel recommencement. Nous avons plus que jamais besoin de cohésion et d’unité nationale face aux nombreux défis surtout sécuritaires qui nous attendent. Nous ne devons pas ouvrir de brèche, comme le MNLA au Mali, qui fragiliserait notre unité pour permettre aux déstabilisateurs de s’infiltrer dans notre pays. Dans tous les cas, fort de l’expérience du Mali, notre peuple est aux aguets et il saura situer les responsabilités à quelque niveau que ce soit. Et, soyez en sûr, ce peuple ne fera pas de cadeau à quiconque ce comporterait comme l’a fait le MNLA au Mali. A bon entendeur, salut.