« Je ne m’associerai pas à votre échec ». Sans être prononcée explicitement, cette phrase résume bien la conférence de presse animée par six membres du bureau politique du Mouvement national pour la société de développement (MNSDNassara) le mercredi 10 Juillet 2013.
Les orateurs du jour s’en sont allés à un démantèlement de tout ce qui a été présenté comme réalisations du régime en place. En lieu et place des 25% du budget national prévus pour être investis dans l’éducation, ce ne sont guère plus de 8% qui l’ont été par an depuis l’investiture de Issoufou Mahamadou au sommet de l’Etat du Niger nous apprend Tamponné Ibrahim. « Du début de leur mandat à aujourd’hui, il y a eu zéro kilomètre de route bitumée neuve qui a été construit » renchérit Lawali Amadou.
Quant à Wassalké Boukari, il s’est intéressé à la sécurité du pays. Il fait alors de graves insinuations que le gouvernement se doit d’éclaircir aux Nigériens : « S’il y a des complices, qui qu’ils soient, il faut qu’on les mette hors d’état de nuire. On ne peut pas exposer la vie de nos soldats comme ça parce qu’il y a des gens qui ont des statuts particuliers et qui peuvent leur permettre de poser des actes sans que eux, ils aient la possibilité de prendre toutes les mesures de protection nécessaires. C’est là l’incompétence dont nous parlons ».
Le sujet tant attendu est confié aux soins du Vice-président du MNSD-Nassara, Ali Sabo. Il n’a pas fait mystère des rencontres évoquées par la presse entre le président Issoufou et le père spirituel du MNSD Tandja Mamadou d’une part, et le prési dent Issoufou, Seïni Oumarou et Mahamane Ousmane d’autre part. de tout cela, Ali Sabo ne voit pas de quoi fouetter un chat. « Nous voulons qu’à tout moment, sur les questions essentielles qui concernent notre pays, que les gens se retrouvent et se disent : attention ! Ça, c’est notre souhait, c’est notre volonté et c’est notre action !
Et à ce titre, (ndlr : il n’y a rien d’étonnant) que Tandja ait rencontré Issoufou alors que tous les deux (2) sont membres du Conseil de la République donc ils peuvent avoir des relations bilatérales ou avec tous les autres membres. Alors que Hama a été avec Tandja pendant 40 ans, il vous l’a dit, vous l’avez écrit dans vos journaux. Ils se retrouvent aujourd’hui entre un grand frère et un petit frère. Que Hama rencontre son ami de 40 ans, on en fait des problèmes ! Ce n’est pas honorable pour les nigériens … » déplore Ali Sabo, l’un des poids lourds du MNSD-Nassara.
Cette sortie médiatique du principal parti politique de l’opposition est pleine d’enseignements. Elle intervient au lendemain des multiples rencontres que le président de la République a eu avec les leaders de l’opposition. On sait que certaines indiscrétions soutiennent que lesdites rencontres ont pour objectifs de rallier l’opposition politique à la majorité pour renvoyer le MODEN Lumana africa, aujourd’hui principal allié, à l’opposition. Ou tout au moins obtenir la participation de l’opposition à un gouvernement d’ nationale.
De ce point de vue, la conférence de presse des cadres du MNSD-Nassara est un désaveu au président de la République. Pire, l’opposition ironise même en disant que le chef de l’Etat, au lieu de chercher des solutions aux problèmes des Nigériens s’adonne à des jeux politiques inutiles.
A défaut de la mère, on se contente de la grand-mère.
La position dégagée et réaffirmée par le MNSD-Nassara a une conséquence implacable : la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN, majorité) repose désormais sur les épaules du MODEN Lumana africa de Hama Amadou. Pour les bagarreurs, lorsque quelqu’un vous loupe avec le projectile qu’il lance sur vous, vous lui montrez qu’il est maladroit en faisant en sorte de ne pas le rater dans votre réplique. Mais pour les partisans de l’apaisement, on dira que c’est Dieu qui a donné une bonne leçon à l’agresseur et qu’il valait mieux le laisser avec sa honte, peutêtre qu’il finira par se repentir.
Maintenant que les choses sont ce qu’elles sont, le PNDS-Tarayya gagnerait énormément à se réconcilier sincèrement avec tous ses alliés en particulier le Lumana. Mais au stade de pourrissement auquel sont parvenues les relations, il y a gros à parier que cela soit presque impossible. Surtout que quelque part, on n’avait visiblement pas prévu qu’après toutes ces rencontres, on se retrouverait au point de départ sans avoir progressé d’un iota mais en ayant perdu beaucoup de temps et d’énergie mais surtout de confiance.
C’est ce que les gens appellent : tourner en rond. L’un dans l’autre, l’opposition ayant définitivement (sic) fermé la porte à un quelconque rapprochement entre elle et le parti au pouvoir, le PNDS-Tarayya, l’alliance qui nous gouverne ne dépend plus que du MODEN Lumana africa. A ce parti revient désormais la décision de recomposer ou non le paysage politique du Niger. Pour le MNSD-Nassara et une bonne partie des Nigériens, le Lumana ne doit plus tarder, il faut sauver le Niger en le dotant d’un gouvernement capable.
Le PNDS-Tarayya ayant montré ses limites de gouvernance, la seule alternative est d’opérer une cohabitation dans la gestion de l’Etat. En revanche, d’autres malgré leur conviction que le parti au pouvoir ne peut conduire à bon port le bateau Niger, craignent qu’une cohabitation ne soit synonyme d’une nouvelle et énième crise politique et institutionnelle. Ce groupe préfère que les Nigériens prennent leur mal en patience pendant les 3 années à venir jusqu’aux échéances électorales de 2016.
Le plus préoccupant, c’est que les observateurs avertis et tous les analystes politiques objectifs s’accordent sur les incertitudes qui planent sur le Niger tant que le parti au pouvoir avec sa force actuelle, devait organiser les élections à venir. Boro si di koro zari amine n’oua tchini disent les djerma. En d’autres termes : on ne peut suivre la nuit le chemin sur lequel on a vu l’hyène le jour. En attendant une éclaircie qui viendrait illuminer les horizons politiques sombres, l’équipe dirigeante semble oublier son devoir de travailler à améliorer le vécu des Nigériens et ne jure plus que par comment garder le pouvoir dans sa totalité avec cette handicapante imagination de l’homme qu’est LA DEMOCRATIE.
Hélas ! Puisque c’est par cette imagination handicapante qu’on est arrivé au pouvoir, on repartira inexorablement par elle, sauf si on choisit la petite porte. Et ça, ce n’est pas joli !