Le Collectif des Organisations de Défense des Droits de l'Homme et de la Démocratie (CODDHD) a publié mardi dernier à Niamey son rapport au titre de l'année 2012. Ce rapport dont l'objectif est de contribuer efficacement à la construction et la consolidation de la démocratie et de l'Etat de droit indique que l'année 2012 est marquée par une situation difficile dans plusieurs domaines de la vie sociopolitique et économique. La cérémonie de présentation s'est déroulée en présence du président de la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH), Pr Khalid Ikiri, du ministre en charge de la justice, M. Morou Amadou, du représentant de l'Institut Danois des Droits Humains (IDDH), M. Ibrahim Maïriga, du coordonateur du CODDHD, M. Abdoulaye Kani, des représentants des organisations de la société civile et de plusieurs invités.
Selon le président du Collectif, Abdoulaye Kani, le rapport 2012 est élaboré dans l'objectivité et a abordé l'ensemble des aspects concernant la vie de la nation. « Durant neuf mois de travail, le collectif a mené des recherches documentaires, des consultations, des enquêtes afin d'enrichir le présent rapport », a-t-il confié. Le travail du CODDHD sur la situation des droits de l'homme n'a pas la prétention d'aborder de façon exhaustive tous les aspects liés aux violations des droits de l'homme à l'échelle nationale. Mais la synthèse présentée par Me Hamani Assoumane, vice président du collectif, a indiqué que l'année 2012 a été marquée par une situation difficile suites aux inondations ayant occasionné des pertes en vies humaines et d'importants dégâts matériels, mais aussi au plan sécuritaire, même si ce dernier aspect a été maîtrisé par le gouvernement.
Le Vice-président du CODDHD a aussi noté la montée du front social due aux revendications des syndicats des enseignants et ceux d'autres secteurs ainsi que des manifestations publiques pour obtenir la baisse des prix des hydrocarbures. Selon le rapport, le gouvernement manifeste une volonté à rendre régulièrement compte de son action à travers des rapports trimestriels de mise en œuvre de la Déclaration de politique générale et à travers la publication de note d'informations sur des thématiques diverses.
Le rapport a objectivement présenté toutes les situations au niveau des institutions de la République et du gouvernement.
C'est pourquoi dans son intervention, le président de la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH), a souligné que le CODDHD a fourni des efforts inestimables en élaborant ce rapport. « Vous avez fait un travail exemplaire. Le contenu du rapport répond à une démarche scientifique et conventionnelle et les informations sont fiables. Le document a touché tous les aspects », a dit Khalid Ikiri. Cependant, il a conseillé aux membres du collectif d'aborder les nouvelles approches et démarches dans la défense des droits humains parce que, les questions de Droits Humains sont devenues transversales. Pour lui, chacun a sa parcelle d'effort à fournir pour faire des Droits Humains une réalité au Niger. Il a rassuré le collectif que son institution fera bon usage du document.
En outre dans le rapport, au niveau de la justice, il ressort que les principaux problèmes retracés en 2011 demeurent d'actualité. Outre l'analphabétisme ou la pauvreté, le rapport dit qu'on observe toujours une crise de confiance entre le citoyen lambda et la justice. Mais d'une manière générale, le problème d'accès à la justice est censé être résolu avec la loi 2011 fixant les règles applicables à l'assistance juridique et judiciaire et créant un établissement public à caractère administratif dénommé Agence Nationale de l'Assistance Juridique et Judiciaire (ANAJJ). « Malgré la prise, en Conseil des ministres, du décret déterminant le statut de l'ANAJJ, l'institution n'avait toujours pas été mise en place en 2012 », a déclaré Me Hamani Assoumane.
Relativement à l'impunité, le rapport a indiqué que plusieurs affaires relatives à la corruption et au pillage des deniers publics qui mettent en cause des proches du régime ont été débusquées. Il s'agit par exemple de l'affaire de paiement des fausses factures, de l'affaire dite de reversement des marchandises à la douane et le dossier des fausses exonérations en douane, le trafic des faux médicaments, des cigarettes et de carburant découvert par la cellule nationale des traitements des informations financières (CENTIF), l'affaire des faux diplômes etc. Le rapport affiche par ailleurs que la liberté d'expression n'est pas effectivement garantie au Niger parce que des journalistes ont été condamnés. Le rapport a par ailleurs abordé des questions portant sur le barrage de Kandadji, le pétrole, l'électrification, l'urbanisation, le programme 3N, la gestion des catastrophes etc.
En intervenant à cette occasion, le ministre en charge de la justice a félicité le CODDHD pour son travail remarquable tout en soulignant que le rapport constitue un document d'information pour le gouvernement et les citoyens. Il a en outre réagi sur quelques points du rapport notamment celui relatif à la gestion des catastrophes. M. Morou Amadou a affirmé que le Niger est un model dans le domaine des gestions de catastrophes. ''D'autres pays viennent même s'inspirer de l'expérience du Niger'' a-t-il affirmé. En ce qui concerne la liberté de presse, le ministre de la Justice a précisé que la loi sur le régime de la liberté de la presse ne couvre pas tout. Les faux et usages des faux sont passibles de poursuites. Sur la question de l'esclavage, le ministre a évoqué les efforts du gouvernement. Globalement le ministre en charge de la Justice a reconnu que le rapport présenté est objectif et que le gouvernement en prendra compte pour améliorer les imperfections relevées dans certains domaines.