La décision du gouvernement nigérien de résilier le contrat de construction du gigantesque barrage hydroélectrique de Kandadji, sur le fleuve Niger, confiée à l'entreprise russe "Zarubezhvodstroy", est favorablement accueillie par la population, constate vendredi un correspondant de Xinhua à Niamey.
En rappel, jeudi, le gouvernement nigérien, devant l'incapacité technique constatée de l'entreprise russe à réaliser dans le délai la construction du barrage hydroélectrique de Kandadji, très vital pour le Niger, a décidé de résilier purement le contrat.
Plus de deux ans après le lancement des travaux par le président nigérien Mahamadou Issoufou, "force est de reconnaitre que malgré les multiples mises en demeure faite à l'entreprise, nous constatons que sa faible capacité technique et financière est apparue comme un handicap majeure et même insurmontable pour la réalisation de ce projet combien vital pour le Niger", selon le Premier ministre nigérien, M. Brigi Rafini.
Le comité de pilotage du projet de réalisation du barrage réuni autour du ministre nigérien d'Etat, M. Amadou Boubacar Cissé, les cadres des ministères concernés et les partenaires techniques et financiers impliqués dans le financement du projet Kandadji, et après une visite de terrain, des mois auparavant, avait constaté avec amertume que malgré la mobilisation d'une bonne partie (70%) de l'avance de démarrage, l'entreprise tardait à ouvrir le chantier.
Devant cette situation, le président Mahamadou Issoufou, lors d'une visite en mars 2012 sur le site, a mis en garde l'entreprise russe "Zarubezhvodstroy", chargée des travaux, sur le respect des délais contractuels, et a exigé que le barrage soit restitué avant septembre 2015.
"Pour ce faire, je prendrai toute les dispositions nécessaires", a-t-il martelé.
De nos jours, après deux années, le constat est critique: l'entreprise est à peine à 7% d'exécution, pour un délai contractuel consommé à plus de 40%.
De l'avis de la majorité des Nigériens, le gouvernement a même mis du temps pour retirer ce dossier ; ils pensent que "cette entreprise ne fait plus l'affaire des Nigériens".
Ils estiment que si rien n'est fait, ce retard pourrait compromettre un des objectifs majeurs du programme Kandadji qui ambitionne de contribuer à l'autosuffisance alimentaire et énergétique ainsi qu'à créer un pôle de développement communautaire autour des ouvrages de Kandadji.
Certains proposent au gouvernement de confier désormais ces travaux aux entreprises plus sérieuses, allusion faite souvent aux entreprises chinoises. "Les chinois, sont non seulement bon en génie civil mais aussi ils ont montré leurs preuves en finissant les travaux du deuxième pont de Niamey, de même que la raffinerie de Zinder et bientôt le premier échangeur de Niamey, avant les délais", défendent-ils.
Pour un autre, Boubacar, "nous n'avons pas le droit de faire échouer ce grand chantier cher aux Nigériens. Il n'est pas encore tard pour le gouvernement, en choisissant un partenaire qui a du respect pour le peuple nigérien".
Toutefois, nonobstant ce désagrément, le Premier ministre nigérien a rassuré que, le gouvernement sur instructions du président de la République, met tout en ?uvre pour la reprise des travaux dans les plus brefs délais.
Il est à rappeler que ce barrage dont les travaux sont prévus pour terminer en 2013, devait permettre à terme d'irriguer plus de 45 000 hectares et contribuer à la résorption du problème énergétique du Niger par la production d'une puissance installée de plus de 130 mégawatts.
La réalisation du barrage permet la disponibilité en eau, rendue possible par l'existence d'un réservoir de régulation de 1,6 milliard de m3, garantira un débit minimum de 120 m3/s en aval et sécurisera tous les usages socio-économiques de l'eau, selon les études techniques.
Le marché de construction du barrage de Kandadji a été, pour rappel, octroyé à l'entreprise russe en 2011 sous la transition du général Djibo Salou, à l'issue d'un appel d'offres international.