Echec et mat. Les consultations engagées par le patron du Moden Lumana, deuxième parti politique de la majorité au pouvoir, en vue d’obtenir un rapprochement avec les partis de l’opposition ARN et la mise en place éventuellement d’un front politique nouveau, n’ont pas mené large.
Des pourparlers dans ce sens avaient été lancés par le président de l’Assemblée nationale et président du Moden Lumana qui avait ces derniers temps, peu avant son voyage pour la Côte d’Ivoire où il a participé aux travaux du parlement francophone, intensifié les audiences à Niamey et dans son village natal Youri avec des responsables de grandes formations de l’opposition ARN. On a parlé dans son entourage des échanges répétés qu’il a eus au domicile du président de la CDS, Mahamane Ousmane et aussi président de la coalition de l’opposition politique ARN, de la sollicitation de ce dernier pour obtenir la participation du chef de file de l’opposition Seïni, président du MNSD pour la rencontre stratégique de Youri.
La rencontre de Youri et avant elle déjà le recours aux agents démineurs n’ont pas permis de d’arranger significativement les rapports, visiblement encore difficiles entre Hama Amadou et ses anciens compagnons du MNSD. Dans l’entourage de Seïni Oumarou, on indique qu’il n’a même pas répondu à l’appel de Youri et qu’il a préféré designer Harouna Moussa pour le représenter aux discussions avec Hama. Lorsqu’il a voulu rencontrer Tandja Mamadou, il est passé par le canal de son ennemi juré Albadé Abouba qui lui a arrangé le rendez-vous. Sur le chemin de la rencontre avec Seïni Oumarou, Hama Amadou va utiliser le travail de déminage de Ali Sabo, un autre ancien adversaire, mais qui lui est devenu depuis le représentant du courant politique le plus lumanophile au sein du MNSD.
Le rapprochement avec le MNSD devait s’effectuer par bonds progressifs et depuis longtemps, c’était Ali Sabo et Wassalké Boukary qui à travers des contacts et les rés de consultations répétées devaient se charger de déminer les rapports entre Hama et Seïni et résorber le fossé issu des assises du 21 Février 2009 de Zinder. Ce ballet de concertations avec les partis de l’opposition intervenait au même moment où les relations du président de l’Assemblée Hama Amadou se compliquaient sensiblement avec la Présidence de la République qu’il a fini par irriter et qui lui reproche sa très grande boulimie dans la redistributions des postes au sein de l’appareil d’Etat.
Hama avait-il voulu peser d’avantage sur ses alliés de la MRN pour arracher plus de concessions, comme le soutiennent ses militants, ou a-t-il voulu prétexter de son quota de 27% pour mettre Issoufou Mahamadou en cohabitation ? On ne peut rien exclure. On ne peut pas aussi exclure une fonte de ces 27% qui pourront connaître une baisse drastique dans l’éventualité d’un élargissement du gouvernement aux autres partis de l’opposition. En effet d’après quelques indiscrétions en provenance des états-majors des partis politiques, on indique que les partis de l’ARN pourront faire leur entrée dans le prochain gouvernement. Suivant quelle modalité et dans quelle proportion ?
On ignore encore les détails des consultations tous azimuts entre le Président de la République Issoufou Mahamadou et les leaders de l’opposition notamment Seïni Oumarou et Mahamane Ousmane, même s’il semble subsister un faible courant de résistance principalement au sein du MNSD. La manoeuvre opérée par Hama Amadou pour court-circuiter un basculement notable de la CDS et d’une large majorité du MNSD en faveur de l’appel du Président de la République Issoufou Mahamadou. Une évolution politique sensible qui n’est pas sans provoquer une vague d’irritation, le mercredi 10 Juillet dernier, avec la sortie de quelques membres du bureau politique du MNSD sous la houlette de Ali Sabo.
Le malaise était palpable mercredi dernier lors de cette déclaration informelle animée conjointement par le désormais négociateur de Hama Amadou, Ali Sabo, le député Laouli Amadou Maizoumbou, Wassalké Boukary et le député Tidjani Abdoulkadri, et qui était perçue comme la réaction d’une dissidence au sein du parti. Le retour aux amours entre Ali Sabo et Hama après de longues années de bouderie ? En tout cas, c’est par lui Ali Sabo que passent les actions de Hama Amadou, c’est lui son colistier au sein du MNSD. Après une longue période de traversée de désert et de mise au ban pendant toute la durée du gouvernement de Hama Amadou qui lui a toujours préféré Mamane Issa, Ali Sabo n’a effectué son retour en grâce au sein de l’establishment MNSD qu’avec la conférence régionale MNSD de Tessaoua.
Et il semble que pour l’instant après l’échec de la formation d’une fédération avec les partis ARN, c’est vers lui que Hama va se tourner, et là encore certaines sources indiquent qu’il pourrait envisager une dernière carte à jouer, une sorte de coup de poker : l’offre dune fusion avec le MNSD. Mais avec cette perspective on toucherait peut-être aux limites de marge sur lesquelles Ali pouvait jouer. Il ne sera en effet pas très chaud de se retrouver dans même parti avec Hama Amadou. Difficile aussi de convaincre les cadres MNSD et en première ligne Seïni Oumarou qu’un plan de fusion ne serait pas une OPA sauvage de Hama sur le MNSD.