Selon une dépêche de l’agence Nouakchott d’information (ANI) qui cite un enregistrement sonore, les « Moulathamines », plus connus sous le nom des « signataires par le sang » de Moctar Belmoctar, alias Bellawar, ont revendiqué lundi dernier, les attaques de Niamey, d’Arlit et d’Agadez (au Niger).
Selon le porte parole de ce groupe, la prison civile de Niamey a été la cible d’une attaque dirigée par un certain Abdallah Al Soudani et affirme que l’opération a commencé « le 1er juin à 15h00 par un assaut contre les gardes du portail de la prison civile de Niamey ».
Selon lui, les « Moudjahidines avaient d’abord neutralisé les gardes et pris possession du magasin d’armement de la prison, avant de procéder à la libération des prisonniers, dont le nombre avoisinait la trentaine ». Il précise que la préparation de l’attaque de la prison civile avait commencé à l’extérieur du Niger depuis l’attaque contre la caserne d’Agadez et le site d’Arlit, le 23 mai dernier. Pour ces attaques d’Agadez et d’Arlit, le porte parole donne le bilan de « 116 militaires, pour la plupart des officiers et leurs instructeurs français tués ».
Ce porte parole a révélé les nationalités des kamikazes d’Arlit et d’Agades à savoir « deux Tunisiens, deux Sahraouis, trois ressortissants de l’Azawad, trois Soudanais en plus d’un Marocain et d’un Nigérian ». Le groupe terroriste affirme avoir retardé sa revendication, « pour permettre à nos frères d’arriver en lieu sûr et que d’autres puissent parvenir à nos fiefs islamiques de l’Azawad ». A l’époque des faits, au niveau de la prison civile de Niamey, les autorités nigériennes ont affirmé que l’attaque a été menée à l’intérieur de la prison par des éléments de Boko Haram qui ont tué deux gardes avant d’être maitrisés.
Cette revendication tardive du groupe des signataires par le sang révèle des informations qui sont souvent inexactes, mais destinées à alimenter la propagande terroriste. Il en est ainsi du bilan des attaques d’Agadez et d’Arlit qui sont loin de correspondre au bilan gonflé, dressé par les djihadistes. La fuite des évadés vers le Mali confirme les informations que nous avions écrites à l’époque concernant un véhicule immatriculé au Nigeria qui attendait Chebani pour l’amener vers une destination à l’extérieur du Niger. Nous avions souligné également, à en croire nos sources, que le terroriste recherché aurait même invité un des évadés à le suivre, car le véhicule en question allait l’emmener au Mali.
Le renseignement qu’on peut tirer de cette revendication est que si les attaques ont été préparées depuis l’extérieur, la revendication confirme les informations selon lesquelles les terroristes auraient bien bénéficié de l’aide de l’extérieur sans laquelle ils n’allaient pas planifier leur forfaiture. L’utilisation des téléphones portables par les terroristes en témoigne. S’agissant de l’évasion des terroristes de la prison civile de Niamey, il est important de souligner que si elle a eu lieu, elles mettent à nue la gestion de cette maison d’arrêt. Le régisseur, aujourd’hui sous les verrous n’a-t-il pas donné l’alerte en adressant une demande aux autorités de tutelle afin que le dispositif sécuritaire à la prison civile de Niamey soit renforcé en raison de la dangerosité des prisonniers qui y étaient détenus ?
Non seulement sa demande est restée lettre morte, mais pire, on lui a fait porter le chapeau même s’il a sa part de responsabilité dans le laxisme qui a abouti à cette évasion. D’autres têtes doivent encore tombées. Les gros bonnets par exemple qui sont dans les arcanes du pouvoir continuent à se la couler douce après ces graves événements. En outre, il ressort du communiqué précité, que des moudjahidines nigérians, probablement des éléments de Boko Haram font partie de la troupe des kamikazes de Belmocktar. Une information qui doit inquiéter au vu de la proximité des frontières que le Niger partage avec le Nigeria et de la présence d’éléments de Boko Haram dans les localités nigériennes frontalières du Nigeria.
Cette inquiétude est d’autant plus justifiée quand on sait la capacité de ses éléments à infiltrer les populations pour mieux préparer leur macabre besogne. Il apparait aujourd’hui, au vu de cette revendication, que d’une part le groupe de Belmocktar qui est donné pour mort, a conservé sa capacité de nuisance en pilotant des attaques terroristes depuis l’extérieur. C’est pourquoi également, il urge pour les autorités de Niamey de ne pas baisser les bras et de profiter de ce mois béni de Ramadan pour demander à tous les ulémas de sensibiliser les fideles musulmans sur le problème de terrorisme. Le renforcement de la sécurité au niveau des endroits stratégiques ne doit pas baisser d’un cran surtout que le groupe de Belmocktar a promis de commettre d’autres attaques sur le sol nigérien afin de nous punir d’avoir engagé des troupes au Mali.