Le principe démocratique est fondé sur une majorité au pouvoir et une opposition qui « s’oppose » raisonnablement. Ce principe fonde le ciment et le caractère légitime d’un pouvoir républicain élu par le peuple pour un programme bien défini lors des campagnes électorales. Chaque parti concourant au suffrage du peuple détermine ses positions et sa stratégie de conquête du pouvoir. Celle-ci peut prendre la forme d’une alliance pour gouverner ensemble.
Au Niger, depuis la conférence nationale de 1991 jusqu’aux élections de 2011, aucune formation politique ne peut à elle seule prétendre gouverner tant le système électoral construit sur le modèle de la proportionnalité à variantes différentes (tantôt plus fort reste ou Hare, tantôt plus forte moyenne). Cela explique aussi la présence d’une multitude de petits partis dont le but est de participer au partage du pouvoir ; des petits partis nuisibles pour la bonne marche de la démocratie telle qu’elle peut se concevoir comme un idéal de gestion du pouvoir.
La démocratie est par essence une délégation du pouvoir par le peuple à une formation politique ou à un groupe des partis réunis dans une alliance politique partageant un minimum de programme en vue du bien de la population. Sous cet angle, elle est exclusive et n’autorise pas la gestion de la chose publique par toutes les formations politiques.
Qu’en serait-il d’une démocratie sans opposition ? Beau sujet pour les étudiants en deuxième année de science politique ; n’est-ce pas une coquille vide et une illusion fomentant un complot au dos du peuple. Qui assurera le rôle de l’opposition ? Les syndicats ? La société civile ? L’observation permanente et minutieuse de l’histoire politique de notre pays nous enseigne que la société civile s’est diluée dans le pouvoir en envoyant des membres à la soupe en enrobant le costume des conseillers politiques ou des chargés de mission. Les syndicats, une fois des revendications satisfaites, tout va bien madame la marquise.
La proposition faite à l’opposition de faire son entrée au pouvoir est un piège combien délicat car le bilan devient collégial. Le pouvoir en voulant faire participer l’opposition au gouvernement cache peut-être des difficultés. Pour quelle raison doit-on demander à tous les partis politiques de former un gouvernement d’ nationale ? La patrie est-elle en danger ? La démocratie est-elle menacée ? Toutes ces interrogations ne trouvent pas des réponses positives et rendent caduque la nécessité de former un gouvernement d’ nationale.
Abdou Diouf, ancien président sénégalais et actuel patron de la francophonie, avait initié cette démarche du gouvernement d’ nationale avec le PDS de Wade : la conclusion fut un échec général sur tous les plans politique et économique. Au Kenya et au Zimbabwe, c’est à l’issue des élections contestées et ayant provoqué une situation de guerre civile et sous la conduite de la SADC que cette formule a été imposée.
Au Niger, la situation politique est différente. Une majorité est élue en portant Mahamadou Issoufou à la tête du pays avec une représentation confortable d’élus. Le programme de la « Renaissance », (terme alambiqué car renaissance, terme utilisé par la philosophie moderne qui marque la fin du règne de l’église en ouvrant l’ère de la modernité philosophique. Comme le dit Kant, l’esprit sort de sa minorité pour devenir majeur en prenant en charge son destin), connu sous le nom de GURU a promis de faire avancer le pays sur le plan de l’éducation, de la sécurité alimentaire et surtout de la lutte contre l’enrichissement illicite. Or l’opinion publique nigérienne juge négativement la politique menée depuis avril 2011. On est à mis parcours et on peut changer de politique sans se renier en voulant former un gouvernement dit national.
Cette volonté qui revient en permanence est-elle un signe de la désintégration de la majorité ? y-a-t-il volonté de recomposer la majorité au Niger ? Une nouvelle alliance est-elle dans les nuages ? Des supputations en l’air à Niamey sont –elles fondées au point de semer la panique au sein de la majorité actuelle? Seuls les acteurs politiques détiennent les secrets.