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Niamey: conférence sur la paix et la tolérance organisée à l’Université Abdou Moumouni
Publié le mercredi 24 juillet 2013   |  Le Sahel




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Une conférence-Iftar, sur la paix et la tolérance a été organisée, samedi dernier, à l’Université Abdou Moumouni de Niamey, à l’initiative de l’Association des étudiants Musulmans du Niger. La conférence a été conjointement animée par deux éminents islamologues, à savoir Cheikh Boureima Abdou Daouda, président de la Ligue des Oulémas et prêcheurs du Sahel, également conseiller pour les affaires religieuses au cabinet du Premier ministre et Abdoulaye Sall, américain d’origine sénégalaise. Les deux conférenciers se sont adressés à un auditoire, averti, constitué de centaines d’étudiants, dans un amphithéâtre archicomble.

Dans son mot introductif, le chargé d’affaires de l’Ambassade des Etats-Unis au Niger, s’est dit réjoui et honoré, de représenter son pays au Niger, « un pays de paix et de tolérance ». « Le gouvernement américain veut avoir de bonnes relations avec les musulmans », a dit Richerd Bell. Le premier conférencier, Abdoulaye Sall, a surtout parlé de la position des Etats-Unis vis-à-vis de l’Islam et des autres religions. « Je suis content que la paix et la tolérance constituent le thème de cette conférence », avant d’ajouter que les Etats-Unis respectent tous ceux qui ont la volonté d’être tolérants ». «Les Etats-Unis respectent l’Islam et le soutiennent, de la même manière qu’ils respectent toutes les autres religions et croyances », déclare Abdoulaye Sall.

Selon lui, le monde doit être un lieu où musulmans, chrétiens, bouddhistes… doivent vivre en paix et en symbiose. En ce mois béni de ramadan, le conférencier américain a lancé un appel à la jeunesse estudiantine, pour qu’elle s’imprègne de la culture de la paix et de la tolérance, car ajoute-t-il, « la tolérance est un processus important dans la voie du pardon ».

Pour sa part, le conférencier nigérien s’est longuement attardé sur l’importance de la paix en Islam. Tout au long de la conférence, Cheikh Boureima Daouda a insisté sur deux mots ou deux concepts: la paix et la sécurité qui sont presque synonymes bien qu’il existe des nuances entre les deux. Selon sa définition, la Paix désigne habituellement un état de calme ou de tranquillité comme une absence de perturbation, d'agitation ou de conflit et le Saint Coran a employé deux termes pour la désigner: «Salam» et «Silm». Ces deux termes dérivent de la même racine que le terme «Islam » pour marquer ainsi le lien combien étroit et indissoluble qui existe entre la paix et l’Islam.

Quant à la sécurité, c’est l'état d'esprit d'une personne qui se sent tranquille et confiante. C'est le sentiment, bien ou mal fondé, que l'on est à l’abri de tout danger. Elle est désignée dans le Saint Coran par le terme «Amn» qui dérive de la même racine que la foi «Imâne» pour ainsi montrer la relation combien profonde qui existe entre la foi et la sécurité parce qu’en réalité, il n’y a pas l’une sans l’autre.

«Le champ d’application de la sécurité est plus large aujourd’hui que celui de la paix. On parle généralement de paix entre deux personnes, deux groupes, deux pays… tandis que la sécurité intervient dans tous les domaines de la vie: sécurité des personnes, sécurité des lieux, sécurité des routes, sécurité alimentaire, sécurité économique, sécurité politique…. », a-t-il dit. Cependant l’Islam a beaucoup mis l’accent sur la paix plus que sur la sécurité car en réalité il n’y a pas de sécurité sans paix. « La paix est avant tout individuelle avant d’être collective. Quiconque n’est pas en paix avec lui-même ne peut pas être en paix avec les autres et quiconque trouble la paix des autres ne pourra pas vivre dans la paix c’est-à-dire la tranquillité morale », a fait remarquer le conférencier nigérien.

Abordant la place et l’importance de la paix en Islam et dans la vie des sociétés, le conférencier nigérien a rapporté que la formation des sociétés et leur répartition sur la terre font partie du Programme Divin selon lequel Dieu a voulu que tel peuple soit installé en tel endroit et en telle période, avec des habitants parfois sinon toujours différents dans leurs races, ethnies, couleurs, langues, tailles, etc. « Cependant, pour l’Islam, la race, la tribu, la nationalité, la couleur, la taille… sont des dispositions naturelles dans lesquelles l’Homme n’a aucune part de responsabilité ou de participation. L’Homme ne choisit pas en effet ses parents, ni sa race ni sa tribu ni sa nationalité ni sa couleur ni sa taille… mais c’est Dieu qui lui a choisi tout cela. Il l’a créé à partir de deux parents géniteurs qu’Il a choisis pour lui, selon la race et la tribu qu’Il a voulues, selon le lieu et le temps qu’Il a voulus et selon la couleur et la taille qu’Il a voulues… », a-t-il fait remarquer.

Par conséquent, les personnes ou les tribus que le Destin Divin a réunies dans une entité géographique donnée, doivent s’accepter mutuellement et ne jamais prendre ces dispositions naturelles pour critère de valorisation et de distinction des individus les uns par rapport aux autres, ni pour critère de supériorité ou d’infériorité, souligne Cheikh Boureima Daouda.

Pour le président de la Ligue des Oulémas et prêcheurs du Sahel, les sociétés sont comme les corps humains qui sont atteints souvent par certaines maladies. L’une des

maladies les plus graves qui peuvent affecter une société est l’insécurité ou le manque de paix entre ses différentes composantes car la paix ou la sécurité est pour la société ce que la raison est pour le corps. Une société sans sécurité est comme un corps sans raison qui s’expose à tous les dangers possibles, qui ne peut plus avoir une orientation fixe et déterminée ni des objectifs précis dans la vie.

Mieux, ajoute-t-il, c’est eu égard à cette place fondamentale et à cette importance capitale de la paix, que l’Islam lui a réservé un statut particulier qu’il n’a réservé à aucun autre concept. La paix conditionne en effet l’existence des individus et des entités humaines. Par conséquent, il ne peut avoir ni société sans paix, ni travail sans paix, ni développement sans paix, ni progrès sans paix, ni religion sans paix...

Avec force détail, le conférencier a fait comprendre à son auditoire, constitué en majorité de jeunes étudiants, que l’Islam est venu pour construire et non pour détruire. L’Islam est venu pour aider l’être humain en proie à toutes les forces maléfiques de la nature, à maîtriser ses passions, ses caprices et les tentations sataniques afin de s’élever vers son Seigneur le Très Haut et de retrouver sa dimension transcendantale qui le distingue du monde matériel plus précisément des animaux et des végétaux.

« La religion islamique ne prêche pas le fatalisme ni la violence et encore moins la résignation et le pessimisme. Au contraire, elle montre à l’homme les normes dans lesquelles il doit tout faire: depuis le petit geste de boire l’eau jusqu’aux rapports entre les hommes sur la terre en dehors de la Terre, en passant par les rapports entre le serviteur et son Seigneur », a-t-il martelé. En effet, précise l’érudit musulman nigérien, en guise de conclusion, que cette religion islamique est un rappel pour l’homme pour qu’il se souvienne de son Créateur, de son origine, du but pour lequel il est créé c’est-à-dire l’adoration d’Allah car Celui-ci n’a créé les créatures que pour qu’elles l’adorent.

Dalatou Mamane/ANP

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