L'épidémie au Niger de choléra se développe au Niger et au Mali en mettant en danger la vie de centaines de milliers de personnes. Deux nouveaux foyers de choléra, avec 58 cas sans décès, ont été enregistrés dans les villages de Mamassey et Zaney dans le District sanitaire de Téra, faisant ainsi monter à 395, dont 10 décès, le cumul des cas au 08 juillet 2013. Si l'épidémie touche plus d'hommes (203 cas) que de femmes (192 cas), en revanche, elle reste plus mortelle chez les femmes (8 décès) que chez les hommes (2 décès).
La plupart des cas enregistrés se trouvent actuellement dans la région de Tillabéri, dans le sud-ouest du pays, qui accueille des camps de personnes réfugiées du Mali. Un total de 266 cas et trois décès a été confirmé dans le département d'Ayorou, y compris dans le camp de Tabarey Barey et dans deux autres sites spontanés de peuplement. Dans le département de Ouallam, qui accueille les personnes réfugiées de Mangaizé, 24 cas et trois décès, ont été détectés. En dépit des efforts déployés pour atténuer l'impact de l'épidémie, le taux de mortalité du choléra reste élevé à plus de3%, au-dessus des standards Sphère.
En saison pluvieuse, toutes les régions du fleuve Niger peuvent être affectées par l'épidémie. A cet égard, l'Unicef et ses partenaires se préparent à la mise en place d'un plan de réponse pour environ 250 000 personnes vivant dans ces zones à haut risque. Cette épidémie menace aussi bien le Mali que d'autres pays de la sous-région. A Gao, à l'est du Mali, 22 cas et 2 décès ont été enregistrés à la fin du mois de mai, selon le bureau de l'Unicef au Mali, ce qui accroît le risque de contamination transfrontalière. Quant aux enfants, ils courent un risque relativement élevé d'infection, notamment ceux âgés de 5 à 15 ans. Ainsi, au 9 juillet dernier, 24% d'entre eux sont affectés par l'épidémie, contre seulement 7% des enfants de moins de cinq ans.
Cette année, l'épidémie de choléra risque d'être plus grave que les années précédentes en raison de la forte concentration de personnes réfugiées, de la détérioration des services sociaux dans le Nord du Mali et de la vulnérabilité des populations vivant dans les zones touchées. Selon les dernières estimations du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), le Niger accueille un peu plus de 50 000 personnes réfugiées dans
des camps et des sites, à proximité de la frontière avec le Mali. Ces zones sont vulnérables en raison des pénuries alimentaires récurrentes, des difficultés d'accès aux services d'eau et d'assainissement, ainsi qu'aux autres services sociaux de base.
L'Unicef et ses partenaires conjuguent leurs efforts pour traiter les cas et prévenir la propagation de cette maladie hautement contagieuse, et parfois mortelle. Cela passe par la formation des agents de santé communautaire en matière d'amélioration des pratiques de santé ; la sensibilisation des communautés dans les zones à risque sur le traitement de l'eau de boisson avec du chlore et d'autres produits de purification ; la conduite de campagnes médiatiques ou de proximité pour la sensibilisation et l'éducation ; la fourniture de produits de santé et d'hygiène aux centres de santé ; la réhabilitation des points d'eau et la distribution de kits d'hygiène et de Solution de réhydratation orale (SRO) notamment.
L'Unicef envisage également de financer un partenaire, WHH, pour intervenir à Téra. En collaboration avec ses partenaires, le HCR coordonne les activités de traitement et de prévention dans les camps de personnes réfugiées. Il s'agit notamment de séances de sensibilisation sur le choléra et ses voies de transmission, ainsi que sur les bonnes pratiques d'hygiène et d'assainissement. Des activités sont en cours pour améliorer et renforcer l'accès à l'eau potable et aux services d'hygiène des populations réfugiée et hôte. En outre, de nouvelles infrastructures pour le traitement des cas de choléra ont été mises en place à Ayorou et à Mangaizé en vue de la réduction du taux de mortalité, déjà élevé. Dans les camps, les comités promeuvent l'hygiène et l'assainissement individuel et collectif.
A Kandadji, un village situé au bord du fleuve Niger, l'accès au traitement est difficile et les patients sont obligés d'être transportés au centre de traitement d'Ayorou, la ville voisine. Par conséquent, il est envisagé de construire une nouvelle unité de traitement dans le village. Grâce aux activités de prévention en cours et à l'amélioration des services de l'eau, de l'hygiène et de l'assainissement, l'épidémie est maîtrisée dans la plupart des zones touchées. Cependant, la région de Tillabéry continue à enregistrer de nouveaux cas. Il y a fort à craindre que la saison des pluies (qui courre de juillet à septembre) déclenche de nouveaux foyers dans d'autres zones endémiques du pays. La Direction régionale de l'Hydraulique de Tillabéri a procédé au positionnement de 400 cartons de PUR pour prévenir l'épidémie.
L'Unicef et ses partenaires font appel aux donateurs pour mobiliser les ressources nécessaires en vue d'apporter une réponse d'urgence rapide, coordonnée et ciblée pour prévenir et traiter les cas de choléra ; élargir l'accès aux services d'hygiène et à l'eau potable ; informer et éduquer les familles et les communautés sur la prévention de la propagation de la maladie et doter les services de santé de fournitures et de compétences.
L'Unicef Niger, en partenariat avec le gouvernement nigérien, les agences des Nations unies et les ONG sauvent des vies sur le terrain. Notre priorité est d'apporter une réponse humanitaire rapide, coordonnée et bien ciblée pour prévenir et traiter les cas de choléra. Nous travaillons à améliorer l'accès des populations à une eau de qualité et à l'assainissement ; à informer et éduquer les familles et les communautés sur les moyens d'empêcher la propagation de la maladie ; et enfin à équiper les structures de santé en matériel, techniques et expertise.
Il importe de retenir que le choléra est connu comme étant une maladie qui affecte davantage les populations les plus pauvres du fait d'un manque d'accès à l'eau, à l'hygiène et à l'assainissement ; à des soins de santé inadéquats et à une alimentation inappropriée. Tant que ces facteurs structurels ne sont pas maîtrisés, il y aura toujours des épidémies de choléra.
Nous devons intervenir rapidement si nous voulons maîtriser l'épidémie. Les campagnes de sensibilisation, la promotion à grande échelle du lavage des mains, le traitement de l'eau de boisson, la promotion de l'hygiène communautaire devraient être organisés tout au long de l'année. Ces mesures simples ont prouvé leur efficacité dans la prévention du choléra.
En même temps que l'Unicef s'emploie à secourir les populations et à sauver des vies, l'agence ne se détourne pas de sa mission en faveur de la résilience des communautés, en intensifiant les soins de santé de base, l'accès à l'eau et à l'assainissement, la prévention et le traitement aux niveaux local et national. Nous mettons également l'accent sur la communication axée sur un changement de comportement pour aider les populations à acquérir des habitudes d'hygiène simples et à consommer une eau plus propre.
Dans le contexte du Niger où l'épidémie de choléra est devenue récurrente, il est important d'investir dans le traitement et la prévention pour assurer une réponse rapide et efficace. Ainsi, le personnel de santé est formé sur les interventions urgentes, les fournitures nécessaires sont disponibles et les systèmes de coordination, de communication, de suivi et de soutien sont établis et connus à l'avance.
En guise de réponse humanitaire, l'Unicef et ses partenaires travaillent, au sein des clusters WASH et Santé, à fournir un appui et des conseils techniques en vue du contrôle et de la prévention du choléra à l'échelle nationale ; former les professionnels de santé au niveau national, régional et international, dans les domaines de la prévention et de la gestion des épidémies des maladies diarrhéiques ; mettre à la disposition des professionnels de santé et du grand public des informations et lignes de conduite sur le choléra et d'autres maladies de ce type ; appuyer les structures de coordination nationales et régionales pour une meilleure efficacité dans la gestion des crises.
L'option privilégiée par les acteurs, est axée sur une stratégie intégrée afin de réduire les risques d'épidémie à travers une collaboration étroite entre différents secteurs (santé, eau et assainissement, communication pour le changement social). Ainsi, les activités de terrain prévoient la formation des agents de santé communautaires en matière d'amélioration de la santé et de l'hygiène ; la sensibilisation des populations sur le traitement de l'eau de boisson avec le chlore et autres comprimés de purification ; les campagnes de sensibilisation à grande échelle, l'approvisionnement des centres de santé en produits de santé et d'hygiène ; la réhabilitation des points d'eau ; la distribution de kits d'hygiène adaptés au choléra, de SRO et d'autres produits. D'autre part, pour prévenir la propagation de l'épidémie de choléra et d'autres maladies dans les camps de personnes réfugiées, l'Unicef et ses partenaires ont engagé des activités de sensibilisation et de protection dans tous les camps et les sites de peuplement. Nous continuerons à appuyer les populations réfugiées et migrantes en leur fournissant de l'eau potable ; l'accès à l'assainissement et la promotion des bonnes pratiques d'hygiène. Ce sont là de grands défis mais ils restent les facteurs décisifs dans la diminution de l'impact du choléra.
En termes de moyen, il est à souligner que c'est environ 2,3 millions de dollars US qui sont nécessaires pour la poursuite des interventions de traitement des cas et de prévention de l'épidémie dans les zones à haut risque.