Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Niger    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article




  Sondage


 Autres articles



Comment

Société

Ramadan et cherté des produits de grande consommation : Des prix en hausse pour les fruits et légumes
Publié le vendredi 26 juillet 2013   |  Le Sahel


Ramadan
© Le Sahel
Ramadan et cherté des produits de grande consommation : Des prix en hausse pour les fruits et légumes


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Pendant le mois béni de ramadan, la hausse des prix des produits de première nécessité sur les marchés de Niamey est devenue comme une tradition. Et parmi les denrées à forte consommation en cette période de ferveur religieuse, le poisson, la viande, les légumes et les fruits figurent en bonne place. Au marché de Djamadjé, mareyeurs, bouchers, vendeurs de fruits et légumes se frottent les mains, car leurs étals sont pris d’assaut aussitôt qu’ils s’installent. A son corps défendant, l’acheteur est confronté à la dure loi inaliénable de l’offre et de la demande : plus la demande est forte, plus la surenchère augmente.

Alors la force de la demande entraine dans son sillage celle de la surenchère. Et les prix s’envolent, volent et planent au-dessus de nos bourses. Inaccessibles. Mais, tradition oblige, le jeûneur, ô paradoxe, devenant un hyper consommateur devant l’éternel, jongle et se contorsionne pour les atteindre, quitte à s’endetter pour les uns ou à grignoter sur le budget de certaines charges familiales pour les autres. Toujours est-il que cette boulimie qui s’empare des jeûneurs n’a d’égale que l’avidité du gain qu’elle engendre chez les commerçants. De là, on peut arguer qu’en premier chef, c’est le consommateur lui-même qui crée la surenchère. Un petit coup de frein à la surconsommation en période de jeûne, surtout que notre religion prône la modération en toutes choses, et les prix reviendront à la normale.

Bien qu’il soit un mois de restriction, le mois de ramadan est une période des plus dispendieuses de l’année. En effet, la demande en produits de consommation est grande. Comme par enchantement, les jeûneurs sont pris par une frénésie de dépenses, et les prix passent du simple au double voire plus. Si, pour les chefs de ménages, c’est une situation déplorable, les commerçants, eux nagent dans le bonheur. Ce mois représente pour eux une période des vaches grasses pour jongler avec les étiquettes. Durant ce mois béni, le musulman dépense en nourriture deux fois plus que les autres mois de l’année. Ce constat est révoltant pour les petites bourses. Les prix des produits fortement demandés comme les légumes, les dattes, le gingembre, le tamarin, le citron, les fruits, ont tous connu une augmentation. Tout porte à croire que ce mois de ramadan, à moins d’un revirement de la situation, ne sera pas de tout repos pour les chefs de famille. Un tour dans plusieurs marchés de la capitale confirme cette tendance.

En ce jour saint du vendredi, juste après la grande prière, le marché de la Rive Droite n’est pas aussi animé que d’habitude. Des vendeurs abordent les clients et leur proposent leurs marchandises. Les ambulants viennent à notre rencontre avec des brouettes pleines de produits, pour nous proposer leurs marchandises. Mais avec les prix exorbitants qu’ils fixent, nous n’avons d’autre choix que de décliner l’offre. A quelques pas de là, se trouvent les étalagistes et boutiquiers, assis devant leurs articles. Ils n’hésitent pas à vous apostropher : ’’Venez, venez madame vous voulez quel produit ; venez, je vais vous vendre à bon prix, j’ai de la bonne qualité’’. La satisfaction est totale chez certains commerçants interviewés qui ne cachent pas leur enthousiasme en ce moment faste. Mais les clients, eux, ne se retrouvent pas.

Fati, un grand panier à la main, affiche une mine serrée après une chaude discussion sur les prix avec son fournisseur pourtant habituel. Pourtant, ce marché n’a plus de secret pour elle, parce qu’elle vient fréquemment pour y acheter ses condiments. Mais ce vendredi matin, elle est surprise de constater que les produits de première nécessité ont augmenté de prix. ’’C’est malheureux, beaucoup de commerçants profitent de ce mois béni pour rehausser les prix ; les produits sont nettement plus chers par rapport aux autres jours’’, martèle-t-elle. Cette situation remet en cause tous les calculs de Fati. ’’Je suis venue avec quinze mille (15.000) francs CFA pour acheter des produits pour quelques jours, mais je me suis rendue compte que je serai obligée de revenir plus tôt que prévu, car les prix ne sont pas du tout abordables’’, dit-elle avec amertume.

Pour Issa, un commerçant officiant non loin de la scène, tout le monde doit reconnaitre les bienfaits de ce mois, un mois de piété, de dévouement par excellence. ’’Ce mois ne doit pas être un mois de gaspillage. La cherté n’arrange ni le vendeur ni le consommateur ; donc, quand nous commerçants, nous maintenons cette stabilité des prix ou même nous en diminuons, cela nous attire plus de clientèle’’, dit-il sans grande conviction. Un autre commerçant, juste à côté, s’exclame tout souriant. ’’C’est le moment de faire de bons chiffres d’affaires. Les produits sont très sollicités, notamment ceux exposés sur mon étalage ; je ne peux que me réjouir de cela. Les gens affluent de toutes parts, on veut que les jours prochains soient ainsi, ou dépassent même ce début de ramadan’’.

Et tous les produits qui entrent dans la préparation des jus de boissons font l’objet de cette spéculation. Le tamarin, le citron, le gingembre tous ont augmenté de prix. Le fait que ces produits, actuellement en vente, sont pour l’essentiel importés, vient compliquer la situation. En effet, ces assaisonnements frais nous proviennent des pays voisins comme que le Nigeria, le Bénin, le Burkina. ’’Mais les importateurs subissent des tracasseries douanières ; une raison pour eux de monter les enchères’’, nous confie Alio du petit marché aux alentours des locaux de l’OPVN. Les vendeurs eux se frottent les mains du fait de l’abondance de la clientèle.

Mme Amina, venue spécialement au marché pour acheter les ingrédients pour la préparation des boissons rafraichissantes, communément appelés ’’lémouhari’’, constate l’envolée des prix. En effet, la demi-mesure de citron coute 1000 FCFA et le kilogramme de la banane 600 FCFA alors qu’il était à 500 avant le début du jeûne. Les autres fruits comme la mangue, les pommes, les melons, ont tous augmenté de prix, allant parfois du simple au double, ou même au triple. Les vendeurs savent que ces fruits sont très prisés car ils apportent à l’organisme des éléments minéraux et certaines vitamines. Les citrons, spécifiquement sont utilisés pour préparer du jus et pour relever le goût de certains plats. Compte tenu de la cherté des jus faits à base des produits naturels, certaines personnes préfèrent se rabattre sur les jus synthétiques en poudre, plus abordables.

Concernant les dattes, une denrée des plus consommées à la rupture du jeûne, elles sont vendues entre 600 et 1500 FCFA selon la variété et la qualité, explique un grossiste officiant aux abords du marché de Katako.

Le ramadan coïncide cette année avec la saison pluvieuse qui n’est pas propice aux cultures maraichères et aux agrumes. C’est ce qui explique, d’après les commerçants, la montée des prix des produits comme la tomate, la salade, le choux, le piment vert, l’oignon, les courges, les concombres, les carottes etc. A titre illustratif, la tasse de la tomate coûte au marché Djamadjé de Niamey entre 3500 et 4000 selon la qualité, et les tous premiers jours, elle a été proposée jusqu’à 5000 FCFA; celle de l’oignon coûte 1500 FCFA, alors que le kilogramme de pomme de terre, lui, affiche une certaine stabilité : il oscille entre 450 et 600 francs, selon les étalagistes du Petit Marché.

De façon globale, tous les différents marchés de la capitale sont bien achalandés. Et sur tous ces marchés, les prix à la consommation sont revus à la hausse, les spéculateurs ne ratant aucune occasion pour se remplir les poches.
En attendant une éventuelle baisse des prix des produits de première nécessité, les jeûneurs les moins nantis doivent prendre leur mal en patience. Le seul réconfort pour tous, c’est la stabilité des prix des céréales sèches comme le riz, le maïs, le sorgho, le mil, base de notre alimentation.

Aissa Abdoulaye Alfary et Tchirgni Maïmouna

 Commentaires