L’on se rappelle encore aisément à l’esprit la promptitude (ou la précipitation ?) avec laquelle le Président Issoufou Mahamadou s’était jeté à l’eau, en mettant en place son équipe gouvernementale quelques heures seulement après la cérémonie d’investiture qui l’a consacré comme celui devant conduire la destinée de notre pays et de ses institutions pour une durée de cinq ans.
Depuis cet événement déjà, certains observateurs avertis de la scène politique du pays avaient commencé par titiller leur esprit critique, adhérant tantôt à cette action rapide qui annonçait ainsi la volonté du Président de la République à saisir les choses à bras le corps, tantôt fustigeant le caractère à la va-vite de cette option. Aujourd’hui, avec beaucoup de recul et à l’épreuve des faits et gestes posés par ces hommes et femmes, l’on s’aperçoit avec conviction du caractère très tangible des deux positions de départ.
En effet, si la désignation du premier ministre Brigi Rafini avait été réfléchie et mûrie depuis de très longue date, celle de son équipe gouvernementale par contre a donné l’impression d’un choix qui n’a pas pris toute la mesure des défis et autres enjeux que ces hommes et femmes devaient relevés et assumés. Ainsi, croire que Issoufou Mahamadou avait témoigné d’un quelconque pragmatisme dans le choix et la mise en place de son équipe gouvernementale, devenait tout simplement discutable, très discutable même du moment où, dès la sortie de la liste de l’équipe, certains faisaient figure de gros outsiders tombés d’on ne sait quelle planète.
Aujourd’hui, après un peu plus de deux années d’exercice, la plupart des membres de cette fameuse équipe ont tout simplement oeuvré à donner toute la véracité des doute et craintes émises à leur égard. Pour certains, il s’en est en suivi un échec patent qui a mis à rude épreuve la clairvoyance du choix du Président de la République, audelà, la crédibilité même de la 7ème République. (On dira peut-être que le choix de ces hommes relève plus du premier ministre que du Président de la République. Ce qui est évident sur le papier ; mais pas dans la pratique.).
Aujourd’hui, ou depuis un certain temps, il est apparu très clairement que le gouvernement de la 7ème République est tout simplement carrent car regorgeant d’hommes et de femmes qui n’ont jamais été à la hauteur de la tâche qui leur a été confiée. Et, en pareille circonstance, la conduite à adopter est tout simplement celle de changer cette équipe : on ne garde pas une équipe qui échoue. Tant l’homme politique nigérien que le plus humble des citoyens, tous sont convaincus que le Niger ne saurait faire efficacement face aux nombreux défis qui l’assaillent avec cette race d’hommes et de femmes dont la plupart sont en déphasage avec les idées nouvelles.
Le Président de la République lui-même et tous ceux qui sont avec lui, savent qu’un changement s’impose. Alors qu’attendent- ils tous pour poser un acte qui balaierait cette piètre équipe pour la remplacer par une plus compétente ? C’est la question que beaucoup de nigériens se posent aujourd’hui. On a annoncé le nouveau gouvernement « à très bientôt » à plusieurs reprises. Et toujours c’est resté un statu quo qui a ouvert les portes à plusieurs interprétations et suspicions. A l’allure où vont les choses, les nigériens commencent même à ne plus en croire ou à déchanter quant à l’espoir voir le pays renaître avec une nouvelle équipe de rêve.
Le Président Issoufou Mahamadou a-t-il une excuse pour cette promesse non tenue ? Ce n’est peut-être pas évident qu’on puisse répondre par l’affirmative à cette question. Cependant, si l’on considère que la grande erreur qui a conduit au fiasco du premier gouvernement de la 7ème République a été la précipitation avec laquelle il a été composé et formé, il y a lieu peut-être de comprendre et d’accepter que les gens prennent suffisamment de temps cette fois-ci. En effet, les défis ne font que s’amonceler pour notre pays et tout le monde est aujourd’hui convaincu que seule une équipe dynamique pourrait le tirer d’affaire.
Il y a donc lieu de prendre le temps qu’il faut pour que le pays soit doté de cette équipe de rêve. On le sait très bien, la grande énigme autour de cette question reste les représentants des partis alliés qui y figureraient. Si pour le parti au pouvoir les opportunités sont tellement nombreuses pour caser ses généraux, il n’en est pas de même pour les autres d’à côté qui ne bénéficient que des humeurs d’un quota souvent piètre du partage. Ainsi, il se raconte et se chuchote énormément de choses autour de ce gouvernement qui coince à sortir. Si le Président de la République peut prendre son temps, il n’en demeure pas moins que le peuple aussi en a marre d’attendre.
