Le directeur général de la Banque Agricole du Niger (BAGRI), M. Rabiou Abdou, a animé une conférence de presse mercredi dernier, dans les locaux de ladite institution, afin d’expliquer au public les mécanismes de fonctionnement de la banque. Au cours de ce point de presse, le DG de la BAGRI a expliqué que la réussite d’une banque agricole dans un pays se base sur trois instruments fondamentaux, à savoir le Fonds de Garantie Agricole, le Fonds de Calamités et le Fonds de Bonification des intérêts.
La Banque Agricole du Niger (BAGRI) est une institution créée à l’initiative du gouvernement nigérien qui a fait un effort exceptionnel en mettant à la disposition de la banque un capital de 10 milliards au départ, dont 35% pour compte propre et 65% en partage. L’une des missions prioritaires de la BAGRI est de contribuer à l’amélioration de la bancarisation au Niger en instituant un système de financement le plus étendu possible. La BAGRI intervient directement ou indirectement à travers des partenaires avec lesquels elle signe des conventions. Ce qui permet de mettre à la disposition des populations rurales les moyens d’exercer leurs activités agro-sylvo-pastorales.
Mais, pour accomplir sa mission de banque agricole, la BAGRI doit disposer des fonds. Le directeur général de la BAGRI a donné des explications détaillées sur le fonctionnement des banques agricoles en Afrique. M. Rabiou Abdou a dit que le secteur agricole est généralement délaissé par les banques ’’C’est un secteur risqué particulièrement dans les pays sahéliens comme le nôtre’’, a-t-il déclaré. C’est pourquoi, ajoute-t-il ’’on prend suffisamment de garde-fou avant que la Commission centrale et la Banque centrale autorisent la création d’une banque agricole. Des mesures d’accompagnement sont prises pour atténuer les risques et répondre, mais d’une manière sécurisée, à la demande de financement de ce secteur indispensable de notre économie’’.
Selon les explications de M. Rabiou Abdou, dans les études menées bien avant la création de la BAGRI, le Niger s’est inspiré de l’expérience des banques agricoles de la sous-région qui ont montré leur réussite. On a écarté les points faibles qui ont provoqué leurs déclins et perturbé leur développement. Et d’après les conclusions des visites des experts nigériens dans les pays disposant de banque agricole, trois instruments fondamentaux constituent les facteurs de réussite desdites banques. Il s’agit du fonds de garantie agricole, du fonds de calamités et du fonds de bonification des intérêts. Le premier fonds intervient lorsque les producteurs n’arrivent pas à rembourser; il prend en charge une partie des impayés. Quant au fonds des calamités, il devrait permettre de reconstituer les capacités productives des clients de la BAGRI sur le portefeuille agricole après une catastrophe naturelle (inondation, sécheresse). Enfin, le fonds de bonifications des intérêts devrait permettre d’alléger les charges d’intérêt aux producteurs agricoles en prenant en charge 5 points de pourcentage sur le taux d’intérêt appliqué par la BAGRI, ce qui permet à la Banque de garder des taux commerciaux lui garantissant sa rentabilité.
Tous ces fonds sont prévus par les autorités nigériennes dans le cadre de la BAGRI. En effet, le fonds de garantie agricole a été créé par l’ordonnance N°2010-047 du 19 août 2010, le fonds de bonification des intérêts par l’ordonnance N°2010-048 du 19 août 2010 et le fonds de calamités par l’ordonnance N°2010-049 du 19 août 2010. ’’Malheureusement le fonds de garantie n’a jusqu’à présent pas vu le jour’’, a déploré le DG de la BAGI.
Aussi, il faut noter un quatrième aspect qui est la centralisation dans les livres de la BAGRI, de l’essentiel des ressources destinées à la lutte contre l’insécurité alimentaire pour des raisons de cohérence de politique économique. Ce qui, selon M. Rabiou Abdou, a fait la réussite des banques agricoles des autres pays comme le Mali et le Sénégal dont le Niger s’est inspiré lors de l’étude de faisabilité.
M. Rabiou Abdou a dit qu’il y a des voies qui s’élèvent pour dire que la BAGRI n’est pas une banque agricole et qu’elle ne finance pas l’agriculture. Mais a-t-il expliqué, l’on doit savoir que les quatre principaux engagements de l’Etat chiffrés dans l’étude de faisabilité de la BAGRI n’ont pas encore été respectés malgré toutes les démarches entreprises par le Conseil d’Administration ; ce qui n’a pas permis à la Banque de mener ses activités conformément aux hypothèses de projection de son business plan. ’’Tout de même, nous avons pris le risque de financer l’agriculture avec mesure, bien que cela ne soit pas conforme aux textes de la commission bancaire ’’ a-t-il ajouté.
Il faut donc souligner que la BAGRI fournit des efforts, malgré le manque de ces fonds. C’est ainsi que, a indiqué le directeur général, la banque a mis en place neuf (9) milliards des crédits. Il y en outre 18 milliards 721 millions de crédits à vue, dont trois milliards 744 millions de crédit agricole non remboursés, alors que la banque a reçu 10 milliards pour sa création.
Seini Seydou Zakaria