Ce n’est pas encore arrivé mais depuis quelques temps la question secoue les esprits avec acuité. Alors, que l’on s’attendait à une nouvelle majorité conséquence d’une alliance MNSD-Nassara– MODEN Lumana FA à la prochaine session de l’Assemblée nationale, voilà que le vent tourne à un degré hallucinant. Selon les déclarations publiques de certains membres influents de l’Alliance pour la réconciliation nationale (ARN) le principal « obstacle » à la formation d’un gouvernement d’ nationale est levé. La Cour constitutionnelle ayant déclaré que ce type de gouvernement n’est pas contraire à la constitution.
Pourtant, l’opposition, à toutes les occasions, s’est montrée très défavorable à un quelconque gouvernement d’ nationale. Pourquoi ce revirement pour le moins spectaculaire ? Quelle est la machination qui se trame entre le siège du MNSD-Nassara et la présidence de la République ? Analyse du Monde d’Aujourd’hui.
Le contexte.
Tout le monde, tout haut ou tout bas, s’accorde sur l’incompétence de l’équipe dirigeante actuelle. La situation du pays, loin d’être améliorée, a été empirée par la gouvernance du PNDS-Tarayya et ses alliés. Cela est un fait.
Les raisons du président de la République.
Néanmoins, le président Issoufou est resté constant dans sa logique de gouvernement d’ nationale. Son idée ne date pas d’aujourd’hui, il l’a défendu même le jour de son investiture le 7 Avril 2011 en ces termes : « c’est enfin le lieu de rendre un vibrant hommage à mon adversaire du second tour, le président Seyni Oumarou, pour le fair-play, le sens de responsabilité et la maturité dont il a fait preuve en reconnaissant les résultats des élections. Son comportement prouve qu’il n’y a, en réalité qu’un seul vainqueur : le peuple nigérien. Pour consolider cette victoire du peuple nigérien, pour servir notre peuple qui en a tant besoin, je l’invite avec tous ses camarades à se joindre à nous pour qu’ensemble on puisse organiser l’action gouvernementale. Ne dispersons pas nos forces pour construire la nation. ».
Et puisque ce jour-là, tous les Nigériens et sans doute le président Issoufou avec, étaient loin d’imaginer que l’Homme de Parole allait échouer dans sa conduite des affaires publiques on ne peut objectivement dire que c’est à cause de l’échec de son équipe qu’il réinvite l’opposition. Alors, que Issoufou Mahamadou renouvelle son appel de pied aujourd’hui et maintenant n’est guère surprenant pour ceux qui ne sont pas amnésiques. Cependant, on peut se demander pourquoi le président de la République est devenu farouche partisan d’un gouvernement d’ nationale alors qu’il avait toujours rejeté cette option quand il était à l’opposition.
On se rappelle qu’au lendemain de la démolition du gouvernement de Hama Amadou en 2007, il a refusé l’offre du président Tandja de participer au gouvernement. Pendant que le deuxième mandat légal de Tandja Mamadou était exactement à 3 années de son terme comme aujourd’hui, Issoufou Mahamadou et ses camarades du PNDS-Tarayya avaient refusé de rentrer dans le gouvernement de l’époque arguant n’avoir pas descendu l’équipe de Hama Amadou pour prendre sa place. Maintenant, c’est le même Issoufou Mahamadou qui court après un gouvernement de cette nature. Pourquoi ?
Peut-être, parce que convaincu qu’en faisant « manzer » tous les partis politiques assez représentatifs, il protègent ses amis d’éventuels audits et poursuites quand il ne sera plus au pouvoir. Des calculs purement électoralistes peuvent également pousser le chef de l’Etat à tenir mordicus à avoir l’opposition à ses côtés. En effet, si les opposants participent à la gestion du pays ne serait-ce que pendant 3 ans, quels autres arguments pourront-ils développer pour demander la sanction par le peuple du parti au pouvoir ? Les Nigériens semblent oublier très vite et ils effaceront très rapidement de leur mémoire les 2 premières années du mandat passées sans l’opposition.
Dans ce cas de figure, tout le monde sera au même pied d’égalité en ce qui concerne les arguments de campagne électorale. Alors, seul le plus chanceux et le plus magouilleur pourrait s’en sortir. Cela arrange bien le parti rose qui est actuellement très mal en point auprès de l’opinion publique nationale.
Les raisons du MNSD-Nassara.
Sachant parfaitement tout ce qui vient d’être développé plus haut, pourquoi alors, le parti de Seïni Oumar accepte- t-il cette espèce de suicide électorale ? Suicide ? S’en est pas tellement un, et nous verrons pourquoi ! Les esprits fragiles penseront que le MNSDNassara est très asséché financièrement au point qu’il ne peut plus financer la lutte de son opposition au régime en place. Certains diront même que le parti de Seïni Omar ne pourrait pas faire face à la campagne électorale de 2016 tant il n’aurait aucun rond. Mais, c’est vite oublier que ce parti a vécu les 10 premières années de son existence (de 1991 à 2000) dans l’opposition.
Il a tenu bon en gardant sa dignité tout au long de la traversée du désert. Alors, comment expliquer que ce parti politique ne puisse pas supporter une opposition de 5 petites années ? De surcroît 2 ans seulement après que ses militants et cadres aient passé 10 ans dans les rouages du pouvoir avec tout ce que cela comporte comme avantages et accès licite et illicite aux biens publics. De là, nous devons donc chercher nos raisons ailleurs que dans la recherche de gain facile. Il faut dire que la frénésie avec laquelle le PNDSTarayya travaille à la réélection du président Issoufou en 2016 inquiète toute la classe politique.
En étant au gouvernement, le MNSD-Nassara, reconnu pour l’esprit créatif de ses cadres de conception, voudrait que les prochaines échéances électorales soient organisées sous ses yeux et avec lui. Ainsi, le parti de Tandja Mamadou fait d’une pierre deux coups en s’assurant de la transparence des élections de 2016 mais pas seulement … Le PNDS-Tarayya apparaît aujourd’hui comme un parti gravement amoché. Il est tout aussi impopulaire que le président de la République. Alors, tout porte à croire qu’en cas d’élections dignes du nom, ce parti ne pourrait pas franchir le cap du premier tour.
Et si, le parti au pouvoir n’arrive pas au second tour des prochaines présidentielles, le challenge se fera probablement entre le MODEN FA Lumana Africa de Hama Amadou et le MNSD-Nassara de Seïni Omar. Dans ce cas de figure, d’un côté comme de l’autre, personne n’a intérêt à s’attirer la colère du PNDS-Tarayya. Se faisant, le MNDS-Nassara s’étant déjà assuré la sympathie du PNDS qui va inexorablement se casser le nez, n’aura plus qu’à solliciter et obtenir le soutien de cette formation politique pour revenir au pouvoir dès 2016....Les raisons du silence du MODEN FA Lumana Africa.
Laisser les poissons se dévorer entre eux pour marcher sur les cadavres. Selon plusieurs sources, si le président Issoufou n’est pas encore en cohabitation, c’est seulement parce que le parti de Hama Amadou ne l’a pas voulu, jusqu’à récemment, en tout cas. Sachant aussi que le PNDS-Tarayya ne franchira certainement pas la barre du premier tour en 2016, mettre le président de la République en cohabitation reviendrait à créer une animosité entre les 2 formations politiques. Alors, qu’en attendant sagement, faisant semblant d’être effacé de la scène politique, le Lumana africa réussit non seulement à se faire oublier comme partie prenante de la gestion du pays mais également comme l’une des pièces maîtresses du jeu politique en cours.
Aussi, convaincu que l’amour entre le PNDS et le MNSD ne durera pas jusqu’aux élections à venir, il faut les laisser s’aimer pour ensuite se détester tout en gardant une position suffisamment centriste afin qu’éventuellement l’un des deux (2) puisse devenir l’allié du deuxième tour. Et si entre temps, une crise politique survient éventuellement, personne ne dira que c’est le parti de Hama Amadou qui en serait à la base comme on cherche déjà à le faire croire. Des analystes pensent déjà que le mariage entre le parti au pouvoir et l’opposition, s’il venait à voir le jour, sera suivi de nouveaux complots contre Hama Amadou.
On chercherait alors, à le trimbaler devant les tribunaux pour lui faire perdre du temps, de l’argent, de l’énergie, du moral mais surtout de popularité comme ce fut le cas en 2008. Ce qui ne sera pas tout à fait mauvais pour Hama Amadou car il sera présenté comme une victime d’acharnement et d’injustice que les Nigériens se feront le plaisir de défendre. Cela s’est déjà passé lorsque Tandja pour les besoins de son monstrueux Tazartché a cru devoir briser celui qui avait passé plus de 30 ans à ses côtés. Après tous les problèmes qui lui avaient été créés, Hama Amadou était devenu une idole pour la jeunesse nigérienne et un ami des hommes et femmes âgés. C’est ce qu’on appelle :
produire l’effet contraire. Pour l’instant et jusqu’à preuve du contraire, l’attentisme de Hama Amadou, et son parti, est une stratégie politique qui pourrait porter des fruits insoupçonnés. Les politiciens jouent leur politique et le Monde d’aujourd’hui les observe attentivement....