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Témoignage de M. Sao Marankan sur le 3 août
Publié le vendredi 2 aout 2013   |  Le Sahel


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© Autre presse par DR
Sao Marankan ancien cadre de l`administration nigérienne
Témoignage de Sao Marankan ancien cadre de l`administration nigérienne


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’’La proclamation de l’indépendance était unanimement saluée par le peuple, uni derrière le Président Diori Hamani’’, estime M. Sao Marankan, ancien cadre de l’administration nigérienne
Mercredi 3 août 1960, c’est ce jour là que le 1er Président de la République du Niger, M. Diori Hamani, proclamait solennellement l’indépendance du Niger. L’évènement vaut tout son pesant d’or pour les populations de ce territoire qui vivait sous le statut de République depuis le référendum du 18 décembre 1958. La République était dirigée par un Président désigné par l’Assemblée Territoriale. Ce Président était Diori Hamani, dont le parti a obtenu la majorité au sein de l’Assemblée Territoriale.

Ce samedi 3 août 2013, le Niger indépendant a cinquante trois (53) ans. Les anciens se souviennent de ce jour heureux, moment à partir duquel les populations nigériennes sortaient du statut de colonisés pour accéder à l’indépendance. M. Sao Marankan, né en 1935 à Dogon-Doutchi, fait partie des jeunes cadres de l’Etat qui avaient vécu ces instants uniques de leur vie et de celle de leur Nation. Ils sont des témoins privilégiés, mais sans être totalement acteurs, puisque n’étant pas des jeunes politiquement engagés, reconnait-il. Il fait néanmoins partie des rares cadres qui ont animé la jeune Nation indépendante et cela fait d’eux des acteurs nationaux de premier ordre après les hommes politiques. Mieux, l’homme qui s’est véritablement révélé aux Nigériens pendant la Conférence Nationale Souveraine est un de ceux qui étaient chargés de l’administration judiciaire. Il était magistrat de formation dans un pays où tout était à faire. Cadre de classe exceptionnelle, avant sa retraite dans les années 80, Sao a servi ce nouveau pays pendant près de trente (30) ans.
Que sait-il de la journée du 3 août 1960 notamment? Le fils de l’Aréwa parle d’un jour mémorable et d’un évènement important qui allait changer la vie des Nigériens. En tout cas, tel était le souhait, l’attente des Nigériens, avoue-t-il. Il affirme que les populations nigériennes ont entendu parler d’un évènement important qui est en train de se préparer et elles l’attendaient avec une certaine fébrilité, sans en savoir exactement ce qui allait advenir. Un travail d’information minutieusement orchestré par l’administration informait les Nigériens que quelque chose allait se produire le 3 août et qu’ils sont invités à participer massivement. C’était la proclamation de l’indépendance de la République du Niger.
La nuit du 3 août avait été très animée, particulièrement à Niamey, mais aussi dans les autres départements de l’intérieur, souligne-t-il. Des scènes de liesse populaire sont organisées notamment dans les différents quartiers de la capitale en attendant le temps T. Notre témoin, qui était à l’époque secrétaire du procureur de la République au tribunal de Niamey, dit n’avoir pas une maturité politique au moment des faits, mais il suivait avec beaucoup d’intérêt ce qui se passait puisque c’est un ’’évènement extrêmement important’’ pour tout le pays.
La déclaration de l’indépendance est différente de la proclamation de la République, affirme-t-il car, l’indépendance donne au peuple du Niger la faculté et la liberté politiques de disposer de lui-même et permet au Niger d’être un membre à part entière de l’ONU et de gérer ses propres affaires à l’intérieur. Elle est intervenue deux ans après la proclamation de la République à l’issue d’une sorte de test que la France a voulu pour voir quelle direction allaient prendre les autorités de la République, confie le vieux Sao. La ville de Niamey était très animée la veille du 3 août, il y avait de la musique un peu partout, les gens dansaient, ajoute M. Marankan. Et la nuit du 3 août, ’’quand Diori a commencé son discours, les acclamations ont fusé de tous les côtés de Niamey dès qu’il a prononcé ’’Indépendance’’ ; les habitants criaient ’’Indépendance, Indépendance’’. C’était l’apothéose et une véritable ambiance de fête s’empara de toute la ville. Jusqu’au matin, les gens n’ont pas dormi.
Cette liesse démontrait à quel point le peuple était derrière ses dirigeants et attendait impatiemment ce moment historique. Outre la population nigérienne, il y avait également des invités de marque venus notamment de Haute Volta (actuel Burkina), de la Côte-d’Ivoire, du Dahomey (Bénin), du Sénégal, du Nigéria, pour assister à ce grand évènement. Il y avait beaucoup de monde pour cette déclaration, affirme-il, ajoutant qu’on sentait que les gens étaient vraiment contents et croyaient qu’il s’agissait d’un Niger nouveau qui allait tout leur donner. Beaucoup ignoraient que l’indépendance nécessitait des cadres, de l’argent, des techniciens pour faire fonctionner les services publics de la nouvelle Nation. Mais qu’à cela ne tienne, ils ont continué la fête. Les autorités et les cadres supérieurs avaient conscience de ces défis, tant au niveau économique, social, infrastructurel, environnemental, éducatif, que sanitaire.
Parlant de la fête de l’arbre instituée, il a affirmé que les premières autorités pratiquaient déjà la plantation d’arbres dès la première année. Ce n’était pas institutionnel, mais c’est un fait qui est là, les responsables s’exécutaient automatiquement, a-t-il fait remarquer. Les célébrations de la fête de l’indépendance étaient grandioses, soutient M. Sao Marankan qui indique que le peuple uni derrière le Président vouait une sorte de culte à la notion d’indépendance, et comme c’est en mois d’août, on profitait pour planter et faire planter les arbres dans le pays. Il y avait des pépinières à cet effet qui sont utilisées pour produire des plants. ’’Depuis le 3 août 1960, jusqu’à une certaine date, on sentait le peuple participer à toutes les célébrations de façon active. Ce n’est pas le cas aujourd’hui’’, déplore-t-il. Il regrette que l’institutionnalisation de la journée du 3 août en ’’fête de l’arbre’’ ait ôté le sens et la valeur du terme de l’indépendance et le caractère festif à l’évènement, même s’il reconnait que la lutte contre la désertification est une priorité au Niger. ’’La fête de l’indépendance n’est plus ce qu’elle était, parce qu’elle n’a plus le même contenu et ne suscite plus le même engouement de la part du peuple’’, affirme M. Sao Marankan, non sans un pincement au cœur et un grain de nostalgie, en tant que témoin de la période où la fête de l’indépendance est célébrée avec une sorte de ferveur empreinte de nationalisme.

Zabeirou Moussa

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