Message à la Nation prononcé par le Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou, à l’occasion de la célébration du 53ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance
« Mes chers concitoyens,
Le 3 Août 1960 et le 18 Décembre 1958 sont deux dates marquantes de l’Histoire du Niger, qu’ensemble, chaque année, nous commémorons dans la ferveur et le souvenir, pour souligner la soif inextinguible de notre peuple pour son indépendance et sa liberté, sa foi puissante en son destin et sa ferme détermination à bâtir une nation unie et prospère.
Ces deux dates sont intimement liées, car la Proclamation de la République annonçait l’accession inéluctable à la pleine et entière souveraineté internationale de notre pays.
J’élève des prières ferventes vers Allah le Tout Puissant et le Tout Miséricordieux, pour qu’il nous accorde la pleine récompense du jeûne que nous observons et la juste rétribution de nos efforts. Qu’Allah nous gratifie d’un hivernage paisible et fécond et de moissons abondantes.
A vous tous, mes chers concitoyens, je souhaite une bonne fin de ramadan. Qu’Allah fasse descendre sa miséricorde sur chacun et chacune et que la paix soit dans tous vos foyers.
Mes chers concitoyens,
En prenant officiellement le 7 avril 2011 la charge de mes hautes fonctions à la tête de notre pays, j’avais pris l’engagement ferme d’œuvrer à la consolidation de l’Etat démocratique et républicain, de préserver vaille que vaille la sécurité et la paix dans notre pays et de tout mettre en œuvre pour mettre notre peuple à l’abri de la faim à travers l’initiative « 3N ». Ces actions doivent aller de pair avec les efforts pour la réalisation d’infrastructures énergétiques et de communication, le développement de l’éducation, la de la santé, l’accroissement de l’accès à l’eau et la création d’emplois, notamment pour les jeunes.
J’ai eu, le 7 Avril 2013, à l’occasion du 2è anniversaire de mon investiture, à dresser un large bilan, chantier par chantier, des actions initiées et conduites depuis lors par le premier gouvernement de la 7è République pour traduire dans les faits les engagements que j’ai solennellement pris devant la nation nigérienne. Le Gouvernement vient de faire le bilan actualisé de son action au 30 Juin 2013. De ce bilan, on peut retenir que les promesses faites ont été globalement tenues.
Ainsi, au chapitre de la consolidation de la démocratie et de l’état de droit, et conformément aux exigences de la constitution du 25 Novembre 2010, toutes les institutions de la République sont aujourd’hui pratiquement en place ;il s’agit notamment du Conseil de la République, du Conseil Economique, Social et Culturel, de la Haute Cour de Justice, du Médiateur de la République, de la Cour Constitutionnelle, de la Commission Nationale des droits humains, du Conseil Supérieur de la Communication.
Il reste à parachever cette œuvre avec la mise en place dans un proche avenir du Conseil d’Etat et de la Cour de Cassation ; les textes organiques créant ces deux hautes juridictions ont été du reste déjà adoptés et promulgués. Cette architecture institutionnelle, voulue par le constituant pour notre pays, concourt, avec les autres institutions de la République de l’exécutif et du législatif, à l’exercice du pouvoir d’état et à sa régulation. Elles sont essentielles au fonctionnement démocratique de l’Etat et à la bonne gouvernance.
Durant cette période, quelques 172 textes législatifs ont été parallèlement préparés et soumis à l’examen de notre Assemblée Nationale qui a travaillé d’arrache-pied et avec beaucoup de soin pour les discuter, les finaliser et les adopter. Ces différents textes sont destinés à organiser la vie socio-économique, à renforcer et à moderniser l’administration nationale pour la rendre plus performante. Une attention particulière a été portée également sur l’administration territoriale avec l’installation des organes délibérants et exécutifs des régions et des communes ; la création de 27 nouveaux départements ; la réhabilitation des bureaux et des résidences de nombreux départements et des gouvernorats des régions de Maradi, Tahoua et Niamey ; ainsi que le renouvellement de leur parc automobile. Dans le même temps, s’est poursuivie la mise en œuvre du dispositif institutionnel pour renforcer le processus de la décentralisation et de la déconcentration dans notre pays.
Des efforts sans précédent ont été faits pour renforcer en outre, en quantité et en qualité, les ressources humaines de l’administration. Parallèlement, des mesures d’accompagnement ont été prises pour améliorer les conditions de travail des agents de l’Etat dont le pouvoir d’achat a été substantiellement renforcé. Durant cette période, le Gouvernement a fortement fait progresser notre pays dans le domaine des libertés, notamment celle de la presse. Il a pu également améliorer le classement de notre pays sur le plan de l’indice de perception de la corruption.
Mes Chers Concitoyens,
Les questions de sécurité ont retenu de manière prioritaire l’attention du Gouvernement. Dans le programme de la renaissance du Niger, nous disions : « la sécurité intérieure et extérieure du pays est une condition essentielle du développement économique et social. La différence entre ces deux aspects de la sécurité tend de plus en plus à disparaître, compte tenu de la mondialisation des menaces. Elles (ces menaces) sont au nombre de trois : les menaces des forces centrifuges : récurrence des mouvements politiques armés ; les menaces des organisations criminelles : trafic de drogues, armes, cigarettes, etc.... ; menaces d’Al Qaïda (islamistes armés) ».
Plus loin, le programme poursuit : « toutes ces menaces sont imbriquées. Toutes ces menaces ont une dimension internationale. Toutes ces menaces mobilisent des moyens importants. L’espace géographique de ces menaces est considérable et se subdivise en deux zones : le Sahara occidental qui comprend l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger ; le Sahara oriental qui comprend la Libye, le Niger, le Soudan et le Tchad. Pour le moment la plus active de ces deux zones est la première, c’est-à-dire le Sahara occidental. Elle constitue donc la menace principale, le Niger est à l’intersection de ces deux zones, ce qui fait de lui un espace particulièrement exposé et vulnérable, commandant des solutions pérennes (...). Il convient cependant de noter que les solutions durables passent par le retour de l’Etat dans l’espace Saharien, notamment dans ses dimensions administratives, sociales et sécuritaires et un programme économique pour les zones pastorales. ».
Cela a été écrit vers la fin de l’année 2010, c’est-à-dire avant la crise libyenne et une de ses conséquences, la crise malienne. On mesure à quel point nous avions anticipé au plan de l’analyse, ce qui nous a permis de prendre sur le plan pratique, dès notre arrivée au pouvoir, les mesures préventives de renforcement de nos capacités de défense et de sécurité qui ont permis à notre pays d’être à l’abri de la situation dramatique qu’a connu le Mali.
Malheureusement, comme l’asymétrie des méthodes de lutte de l’ennemi lui permet de déjouer les plans de sécurité, même les mieux élaborés, nos soldats ont été lâchement assassinés, le 23 Mai dernier, à Agadez, à une heure où certains d’entre eux étaient à la mosquée, adorant le même Dieu au nom duquel les terroristes prétendent mener le Jihad. Le même jour, presqu’au même moment, ces fanatiques ont attaqué nos installations industrielles, à Arlit. Le 1 Juin, à la maison d’arrêt de Niamey, d’autres fils du pays sont tombés sous les balles de l’ennemi.
C’est le lieu de rendre, à nouveau, un hommage méritéà nos vaillantes forces de défense et de sécurité pour leur engagement sans faille et leur dévouement patriotique exemplaire dans la défense et la préservation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de notre pays ainsi que pour la protection des personnes et de leurs biens. Nous ne tarissons pas d’éloges à leur endroit pour le haut degré de professionnalisme et la compétence avec lesquels elles s’acquittent de leur mission. Par ma voix, la nation entière leur exprime sa fierté. La nation leur est profondément reconnaissante pour les sacrifices qu’elles consentent pour cela.
Nous pensons intensément à tous ceux parmi nos vaillants soldats qui se trouvent, en ce mois saint de ramadan éloignés de leurs familles, en raison des exigences de ce devoir patriotique. Nos plus pieuses prières les accompagnent. Nous continuerons àêtre attentifs à leurs préoccupations et les assurons de toute notre sollicitude quant aux efforts supplémentaires à faire pour améliorer leurs conditions de vie et de travail.
Mes chers Concitoyens,
Malgré les préoccupations pressantes et urgentes, liées à la préservation de la sécurité et de la paix dans notre pays, le gouvernement a déployé, pendant ces deux dernières années, de très gros efforts pour créer les conditions de la relance de l’économie du pays. C’est pour atteindre cet objectif majeur, que le gouvernement a élaboré et adopté le 1er Août 2012 un programme pour hâter le redressement économique de notre pays et y créer les bases d’un développement durable : il s’agit du Plan de développement économique et social (PDES).
La table ronde des bailleurs de fonds, tenue sous ma présidence personnelle à Paris les 13 et 14 Novembre 2012, a connu un succès inédit grâce à l’engagement politique fort et à la participation nombreuse et de haute qualité de nos partenaires au développement. Elle a permis d’enregistrer des annonces de financements d’un montant de plus de 4,8 milliards de dollars des USA, soit environ 2.401,8 milliards de FCFA. Néanmoins, une chose est d’obtenir des promesses de financements, une autre est d’en obtenir le décaissement. Sur ce plan, je constate, avec amertume la faiblesse du taux de consommation des crédits affectés aux investissements. Il n’est pas admissible que des ressources financières soient disponibles et que nous n’ayons pas les capacités de les absorber.
Mes chers Concitoyens,
La mise en œuvre du programme d’urgence en 2011-2012 et celle de l’initiative « 3N »à partir du mois d’Octobre 2012 ont permis à notre pays de réaliser l’OMD1 qui vise la réduction de moitié du nombre de personnes souffrant de la faim. Cette belle performance du Niger a été attestée récemment par la PAO. Par ailleurs, le Niger est un des quatre (4) pays admis à l’initiative du Partenariat renouvelé entre l’ Africaine, la PAO et l’Institut Lula contre la faim en Afrique. Notre pays est aussi un des 19 pays africains parties prenantes au « Pacte pour la nutrition et la croissance » qui est un engagement de la communauté internationale à améliorer l’alimentation de 500 millions de femmes enceintes et d’enfants de moins de deux ans et pour réduire de 20millions le nombre d’enfants de moins de cinq ans souffrant du rachitisme d’ici 2020.
Nous devons tout cela à l’initiative «3N » dont le financement, je le rappelle, d’environ 1100 milliards, est totalement acquis. Cette initiative a également très largement inspiré la formulation de l’Alliance entre les pays Sahéliens et de l’Afrique de l’Ouest avec la Communauté Internationale, dénommée « l’Initiative AGIR » pour réduire structurellement et de manière durable la vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle d’ici 20 ans dans la sous-région. Notre pays sera un des premiers bénéficiaires de cette initiative. Avec l’initiative « 3N », le Niger est devenu un modèle au point où il a fait naître le concept « les Africains Nourrissent les Africains » battant en brèche l’afro-pessimisme qui règne dans le domaine de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
C’est le lieu de signaler que pour le bon déroulement de la présente campagne agricole, le Gouvernement a pris les mesures nécessaires pour mettre à la disposition des paysans des semences, des engrais et des produits phytosanitaires. Des ventes à prix modérés et des distributions gratuites de céréales sont organisées ainsi que des transferts inconditionnels d’argent.
Sur le plan des infrastructures, nous avons fait démarrer le projet de la centrale thermique de l00 mégawatts de Gorou Banda, centrale qui permettra, à terme, de mettre la ville de Niamey à l’abri des coupures récurrentes. De nombreux projets de construction de routes bitumées et en terre sont aussi lancés.
Les discussions avec les autorités turques, sur le financement de la route dite des «Istanbuwas», est bien avancé. Le pont de Parié, sur le fleuve Niger, dont le financement est acquis, démarrera sous peu. Le projet de boucle ferroviaire Cotonou-Niamey-Ouagadougou-Abidjan progresse. Par contre, le projet de barrage de Kandadji connaît, malheureusement, un fâcheux contretemps, dû à des manquements graves de la société qui en avait la charge. Aussi après l’avoir différée pendant longtemps, avions-nous pris la décision de résilier le contrat. Une concertation avec nos partenaires en vue d’identifier les voies et moyens qui nous permettraient la réalisation de ce projet emblématique dans les plus brefs délais.
La conclusion, très prochaine, des discussions avec les responsables d’Eximbank Chine, en vue de l’obtention de prêts concessionnels, nous permettra de financer, entre autres, le projet de Salkadamna. D’ores et déjà les fonds nécessaires pour le renforcement des équipements de distribution d’eau pour la ville de Zinder sont acquis. Dans le cadre, toujours de la coopération avec la République Populaire de Chine, les études relatives à la construction de l’hôpital de référence de Niamey de 500 lits sont terminées et le projet démarrera très prochainement. Par ailleurs, le projet Niamey Niyala suit son cours avec la fin prochaine des travaux du 1eréchangeur, le démarrage prochain des travaux de bitumage de la route de Goudel ainsi que celui de la construction de deux tours jumelles du Waqf de 16 étages chacune sur financement de la Banque Islamique de Développement (BID).
S’agissant des secteurs sociaux de base, j’ai nommé les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’hydraulique, le Gouvernement a honoré les promesses du programme de renaissance. J’ai eu déjà à m’étendre largement sur les acquis obtenus dans ces domaines à l’occasion du 2eme anniversaire de mon accession à la magistrature suprême. La mise en œuvre du programme de la renaissance a généré naturellement des dizaines de milliers d’emplois dans les secteurs public et privé.
Mes chers concitoyens,
En l’espace d’un peu plus de deux ans, Je Gouvernement a abattu un travail colossal mais un déficit de communication n’a pas toujours permis d’en mesurer l’ampleur. Néanmoins je sais que les bénéficiaires, c’est-à-dire l’immense majorité des citoyens du Niger profond qui vivent en sécurité en dépit d’un environnement régional défavorable, qui ont été soutenu * au moment où ils manquaient de tout, qui ont bénéficié des semences et des engrais, qui constatent l’ouverture de plusieurs chantiers de routes bitumées ou en terre, qui voient des classes en matériaux définitifs et des centres de santé se dresser dans les villages, qui étanchent leur soif parce qu’ils ont désormais accès à l’eau potable en abondance, oui, les bénéficiaires, dis-je, saluent et louent les actions menées depuis 28 mois. Je félicite donc le Gouvernement pour le sens de responsabilité avec lequel il s’est acquitté de la mission que je lui ai confiée. En particulier, je salue son chef, le Premier Ministre Brigi Raffini, auquel je renouvelle toute ma confiance.
Mes chers Concitoyens,
A l’occasion du 54eme anniversaire de la République, au mois de Décembre dernier, j’avais renouvelé mon appel au rassemblement de tous les Nigériens et invité toute la classe politique à la mise en place d’un Gouvernement d’ Nationale. Je sais que certains de nos compatriotes s’interrogent, légitimement, sur les raisons qui m’amènent, depuis 1999, c’est-à-dire depuis 14 ans, àévoquer, de manière récurrente, la nécessité d’un tel gouvernement pour notre pays. Pour ma part, je vois deux raisons fondamentales : notre pays est toujours en transition démocratique d’une part et les problèmes sécuritaires se sont aggravés d’autre part.
S’agissant de la première raison, l’instabilité politique qu’a connue notre pays, pendant la première décennie de son expérience démocratique, m’a amenéà la conclusion que nous devons convenir d’une période pendant laquelle les institutions démocratiques doivent être consolidées et stabilisées. Poursuivant la réflexion, j’ai acquis la ferme conviction que cela nécessite le rassemblement de tous les Nigériens. D’ailleurs, la problématique du rassemblement a toujours été une préoccupation des dirigeants de notre pays. Ainsi, pour citer un exemple, le Président Diori Hamani disait au lendemain du vote par l’Assemblée Nationale, le 18 Décembre 1958, de la délibération portant proclamation de la République du Niger, Je cite :
«La République du Niger est née sous le signe de l’ de ses habitants.... L’étendue immense de notre territoire indique ses diversités régionales, ses différences ethniques, l’effort immense à faire pour rapprocher effondre dans le même creuset national nos populations différentes. Dans ce travail ardu, il nous faudra du tact et surtout de la patience pour nous aider les nits -et tes autres dans le labeur difficile qui doit préparer le bonheur de notre peuple. » Fin de citation.
Le Président Diori Hamani appréhendait ainsi déjà la vaste étendue et la complexité * des tâches à accomplir pour édifier une nation et construire un Etat viable sur un territoire immense, aux % désertique, enclavé et totalement démuni. On ne peut en effet, avec plus de pertinence, plus de vision et plus de sagesse cerner et définir les actions multiples et pressantes qu’il faut concevoir et mettre en œuvre et la lourde mission qui incombe aux dirigeants pour cela dans le contexte politique et l’environnement naturel de notre pays. Ce sont ces propos vertueux et perspicaces du premier Président de la République du Niger qui m’inspirent en ce moment où je m’adresse à vous.
Durant ces 53 ans écoulés d’indépendance, notre pays a connu une vie politique mouvementée, caractérisée par une grande instabilité. Il a connu sept républiques depuis la première en 1958, chacune avec sa constitution, alors pur des pays comme les Etats-Unis et la France n’ont connu respectivement, en plus de deux siècles d’histoire, qu’une et cinq républiques ! Dans notre pays, a aucun moment, la succession de dirigeants ne s’est faite de manière pacifique ou à tout le moins de manière constitutionnelle, y compris depuis l’avènement, il y a bientôt 23 ans, du multipartisme. Les changements de régimes se sont presque toujours opérés par la force.
Cet état de fait, à l’évidence, n’est pas un signe de progrès ; il doit en conséquence interpeller avec gravité et préoccupation l’ensemble de la classe politique nigérienne et des acteurs publics ainsi que chacun des citoyens de notre pays qui doivent se questionner sur le pourquoi et le comment. Cette instabilité politique est source de remises en cause permanentes et de perpétuels recommencements. Elle a en outre lourdement handicapé le succès des actions de développement qui ont été initiées dans notre pays par les gouvernements successifs durant ces 53 années passées. Un des indicateurs qui le confirment est le taux de consommation des crédits des investissements qui reste dramatiquement faible, notamment ces 20 dernières années.
En effet, une étude sur cet indicateur, datant du mois de Juillet 2013, relève la récurrence de cette thématique depuis deux décennies avec plus de 69% de recommandations faites jusqu’ici non exécutées du fait, entre autres, de l’instabilité politique. Autrement dit, celle-ci empêche à notre peuple de bénéficier des ressources que la communauté internationale met à sa disposition. Pire, il existe une corrélation entre crises politiques et baisse de l’Aide Publique au Développement en faveur de notre pays.
Je ne veux pas croire, pour ma part, qu’il s’agisse d’une fatalité qui frapperait irrémédiablement notre pays. Je suis d’avis que la classe politique nigérienne et les nigériens dans leur ensemble sont capables, comme d’autres peuples sous d’autres cieux, de conjuguer leurs efforts pour conjurer ce triste sort qui accable notre pays et empêche son plein épanouissement. Nous ne pouvons continuer à livrer le pays aux passions partisanes qui y ont marqué les débuts du multipartisme. Nous devons tous jeter la haine et la rancune à la rivière. Nous devons cesser de soumettre notre pays aux rudes épreuves d’une campagne politique permanente : il y a, en effet, un temps pour les campagnes politiques et une fois les élections terminées, un temps à consacrer à la gestion du pays, c’est-à-dire au service de notre peuple qui en a tant besoin.
Mes chers Concitoyens,
La deuxième raison fondamentale, relativement récente, qui milite en faveur de la mise en place d’un Gouvernement d’ Nationale, est la situation sécuritaire qui prévaut dans la zone sahélo-saharienne. Je disais plus haut que notre pays, situé au centre de cette zone, est particulièrement exposé et vulnérable. La menace que constitue le narco-terrorisme est autrement plus dangereuse, pour notre pays et ses institutions, que celle que faisaient peser les rébellions que nous avons connues par le passé. Or, cette menace ne disparaît pas après les défaites infligées au narco-terrorisme par les forces françaises et africaines au Mali. Au contraire, tout laisse croire qu’elle va s’aggraver.
En particulier, l’évolution de la situation, dans les pays dits du « printemps arabe » ne nous rassure pas. En effet, comme je le disais, récemment, à certains interlocuteurs, le « printemps arabe » est en train de se transformer en un hiver glacial, encore que, pour tentante qu’elle soit, cette comparaison saisonnière ne correspond pas à la réalité : le « printemps arabe » est plutôt un « chaudron arabe » et la chaleur qui s’en dégage ne manquera pas, à moins qu’on y prenne garde, de brûler les pays du Sahel. Le narco-terrorisme exploitera à fond cette situation : il se réorganisera et reprendra l’offensive. Pour cette raison, notre pays, en rapport avec les autres pays de la région et les pays amis, doit continuer à se préparer pour y faire face.
Voilà pourquoi je souhaite que nous soyons plus unis et plus déterminés face à cette terrible menace. En nous unissant nous pourrons mettre en place le môle capable d’endiguer les vagues de violence que ne manquera pas de générer le narco-terrorisme. En nous unissant, nous pourrons construire le mur d’airain sur lequel viendra se briser tout ennemi de notre peuple. Notre devoir, à tous, est d’anticiper. Nous devons tous ensemble faire preuve d’imagination afin de pouvoir faire face à tout, événements inopinés compris.
Mes chers Concitoyens,
Voilà exposées lès deux raisons fondamentales qui justifient à mes yeux la mise en place d’un Gouvernement d’ Nationale. Un tel Gouvernement n’est ni anticonstitutionnel, comme l’a indiqué la Cour Constitutionnelle, ni antidémocratique comme le prouve l’expérience de beaucoup de pays démocratiques d’Europe. Comme j’ai eu déjà à le dire dans mon message à la nation, à l’occasion du 54è anniversaire de la proclamation de la République, ce gouvernement n’est pas un complot politicien qui serait ourdi « contre le peuple souverain en vue de se partager les dépouilles de la république » ou pour créer « un sanctuaire de l’impunité» ou « un lieu géométrique de manœuvres et d’intrigues politiciennes. ».
Le Gouvernement d’u nion Nationale aura une feuille de route centrée sur le service exclusif du peuple Nigérien. C’est dans la perspective de sa mise en place que j’ai eu récemment plusieurs entretiens avec le chef de file de l’opposition et que j’ai reçu des responsables de la classe politique, notamment d’anciens Présidents de la République, d’anciens Présidents de l’Assemblée Nationale, d’anciens Premiers Ministres. Je relève, pour m’en féliciter, l’esprit de responsabilité et de patriotisme que j’ai décelé en chacun de mes interlocuteurs.
A la vérité, chacun s’en souvient, la recherche des voies et moyens « de réconcilier les nigériens, tous les nigériens » a toujours été au centre de mes préoccupations. C’est dans ce sens que dans mon discours d’investiture, après lui avoir rendu hommage pour l’esprit de fair-play, le sens de responsabilité et la maturité politique dont il a fait preuve à l’issue de l’élection présidentielle, j’invitais le Président Seyni Oumarou, avec tous ses camarades, à se joindre à moi « pour consolider la victoire du peuple nigérien, pour servir notre peuple qui a tant besoin (...) pour qu’ensemble on puisse organiser l’action gouvernementale ». J’ajoutais à son adresse; « Ne dispersons pas nos énergies Conjuguons nos efforts pour construire la nation ».
C’est cet appel que, parce qu’au dessus des partis, garant de l’indépendance nationale, de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire, de la stabilité des institutions, de la paix et de la sécurité du pays, je renouvelle encore aujourd’hui, en direction de l’ensemble des Nigériens, en direction de l’ensemble des partis politiques, notamment ceux de l’opposition.
Que Dieu fasse que mon appel soit, enfin, entendu en ce mois béni du ramadan.
Que Dieu bénisse le Niger.
Je vous remercie. ».