Nous l’avons souvent écrit, au Niger on se demande comment des hommes se réclamant musulmans, peuvent-ils se fatiguer à prier au nom d’une foi qu’ils ne portent pas ? Pourquoi et pour qui prie-t-on ? Pour Dieu ? Ou pour tromper les hommes qu’on veut rassurer d’une dévotion ? Tant il est vrai que dans ce pays pompeusement à 95% musulman, l’on joue plus sur le paraître que sur l’être car comment des gens peuvent vouloir le mal à l’autre, injustement, cyniquement au risque d’invalider des moments passés dans des mosquées, des mois de carême passés à s’affamer ? La foi de bien de gens habités par le mal n’est pas sincère.
Car à vrai dire, ce pays, dans ses crises morales, traverse un malaise profond. Il y a quelque chose de tragique dans l’âme de petits politiciens qui ne peuvent s’affranchir de calculs mesquins d’une jeunesse haineuse qui a appris à détester sans raisons objectives un homme qui rend jaloux des adversaires envieux et viscéralement jaloux, incapable de le toiser. Dans le troublant acharnement que rien ne peut expliquer sensément, ces questions tragiques se posent encore sur la conscience de chaque Nigérien. Pourquoi toujours Hama ?
Pour quel plaisir vouloir l’éliminer tant au figuré qu’au propre selon les propres aveux de Hama de la scène politique nigérienne ? Pourquoi se refuse-t-on à faire avec lui le débat contradictoire d’un point de vue intellectuel ainsi que le veut la démocratie ? Pourquoi use-t-on et abuse-t-on du pouvoir d’Etat pour vouloir chaque fois le vaincre ? Pourquoi ? Sans doute que les adversaires de l’homme ont conscience de leur faiblesse en face de l’homme et comme dans un conte de fée, ils usent de moyens qui ne sont pas les leurs…
Ces questions graves se ressentent dans les respirations palpitantes et haletantes même d’un peuple qui ne comprend pas la haine bestiale de gens qui font croire qu’ils sont des enfants de Dieu. Est-ce à dire que le socialisme tropical nigérien, comme Nietzsche, aurait tué Dieu ? Son « charlisme » hautain, à notre corps défendant, oblige à s’effrayer d’y voir la triste preuve de son incroyance à travers la pratique politique pour assumer tant d’avanies moralement insupportables.
Dans le refus de jouer balle à terre, pour laisser la contradiction triompher dans l’expression plurielle des opinions, le Guri a alors poussé les camarades à confisquer la parole, à traquer les libres-penseurs, à restreindre les libertés publiques, à embastiller l’Opposition, à ne laisser entendre que ses vérités corrompues qui mentent. Il est évident que cette attitude est en contradiction avec la démocratie et les normes morales de notre société où la bienséance commande le respect de l’autre, la tolérance, la civilité…
Pour salir et sortir hors-jeu des adversaires coriaces craints, les camarades ne se sont pas contentés de monter des complots concoctés souvent à la va-vite, ils ont aussi poussé certains de leurs ouvriers ramassés sur les bords de la route de la Renaissance à injurier, à mentir afin de se faire mériter une place dans leur empire. C’est ainsi qu’on avait entendu le président du « bas haut niveau », se débattre à renaître politiquement des cendres ardentes de la Renaissance mourante pour s’attaquer sans vergogne et sans raison sinon que de s’attirer les faveurs d’un régime qui semble l’oublier, à l’opposition, avec laquelle lui qui a des attaches historiques, ne peut, quand on écoute sa raison, rien a reprocher.
Mais c’est ainsi seulement qu’on peut se faire respecter dans la fazenda des camarades : savoir injurier comme eux. Mais Ganda c’est un piètre orateur pour oser un tel exercice et se faire à l’exemple de tant d’autres qui se sont avilis à passer devant les médias pour se faire les griots de la Renaissance.
Depuis plus d’un an, le Guri qui n’a pas trouvé mieux à faire, a sacrifié son mandat à trouver les moyens « d’isoler » Hama Amadou – ce fut son mot historiquement annoncé devant le monde qui nous regarde – ce gentleman politique qui leur cause tant d’insomnies. Il se trouve que contre les Justes, les méchants ne triomphent jamais. Jouant leur va-tout, ils sont allés jusqu’à sortir cette affaire de supposition de bébés que leur amateurisme dans la conception de dossiers juridiquement banquables n’a pas permis de faire prospérer. Bloqué dans la procédure déjà, on annonce encore que Hama pourrait être interpellé par la justice française pour en savoir davantage sur l’accident qui avait coûté la vie à Mano Dayak (paix à son âme !).
Mieux que pour une autre affaire, la justice française serait bien heureuse à avoir le dossier attendu des bébés importés pour lequel le Président Hama vit son combat asilaire en France.
Ce sera le meilleur cadeau que le Guri puisse faire à un monde qui a été blessé par le déroulement enfantin dans la rue d’une affaire aussi sensible. Encore une fois, cette autre manière vient dire que jamais les Camarades ne peuvent sortir de ses enfantillages. La peur clinique d’affronter Hama Amadou, montre des hommes qui ne peuvent avoir confiance en eux-mêmes pour jouer sur une trame au goût de polar de pacotille car pour qui réfléchit bien, pour quel besoin et pour quelle vérité agite-t-on cette histoire de l’accident d’avion ? Est-ce parce que l’affaire des bébés aura échoué et qu’il faut trouver un moyen de le maintenir à l’extérieur aussi longtemps que le Guri voudra rempiler ? Mieux que cette histoire d’accident d’avion, le régime aura mieux aidé une famille qui a porté plainte et qui attend depuis de longues années de savoir la vérité sur la mort de Baré.
Ceci est un événement encore plus proche de nous ! C’est de la diversion et bien ridicule de remonter plus loin dans le temps. Ou bien faut-il comprendre que cette affaire n’arrange pas les camarades qui, pourtant, pactisent aujourd’hui avec le RDP, le parti politique de Baré qui, si il avait été logique avec lui-même, aurait poussé « son » régime à creuser dans cette affaire pour rendre justice à une famille qu’il semble oublier dans sa quête de vérité ? C’est bien facile de dire que Hama serait (encore un conditionnel peu audacieux) des personnalités à auditionner. Mais on ne dit pas les autres personnes dont la parole aiderait à expliquer l’accident. Hama, encore lui seul !
Si Hama avait été le pilote de l’avion assassin, les Nigériens auraient pu comprendre l’accusation conditionnelle. Dans son obsession à vouloir coûte que coûte liquider politiquement Hama Amadou, on semble manquer de génie à trouver des alibis crédibles, plus ou moins vraisemblables. C’est pitoyable, franchement puérile !
Hama reste serein dans son exil qui ajoute aux peurs perceptibles de gouvernants qui n’ont jamais su mesurer la portée de certains de leurs actes. La victoire est avec les hommes qui savent attendre. Dans l’endurance de son martyr, Hama attend et est entrain de triompher. Il n’est contre personne. Il pense le Niger ; inquiet pour son avenir. Face à sa résistance, affrontant solitaire une horde de cannibales politiques, Hama, dans la sportivité de son combat, étonne, surgissant de l’inconfort et de la traque diabolique d’envieux. Panique au village de la Renaissance…