Au vu de l'instabilité actuelle en Tunisie et en Libye, le Niger cherche à éviter que le même scénario ne se reproduise chez lui, en créant une alliance intérieure avec les partis de l'opposition et d'autres acteurs de la société.
Le but est de resserrer les rangs face aux groupes terroristes, qui se livrent à des luttes intestines pour le contrôle de la région.
Un groupe dissident d'al-Qaida fondé par le terroriste algérien Mokhtar Belmokhtar (alias Khaled Abou El Abbas ou Laaouar) a revendiqué une évasion dans une prison nigérienne en juin, ainsi qu'un double attentat à la bombe qui a coûté la vie à au moins vingt Nigériens en mai dernier.
Deux Tunisiens et un Marocain se trouvaient parmi les kamikazes lors de cet attentat meurtrier en mai, a indiqué la "brigade des Signataires par le sang" de Belmokhtar le 8 juillet.
Ce groupe terroriste au Maghreb a promis "d'autres opérations" au Niger, qui partage ses frontières avec plusieurs pays, notamment l'Algérie, la Libye et le Mali.
L'instabilité en Libye a donné aux militants islamistes expulsés du Mali une ouverture, a mis en garde le Président nigérien Mahamadou Issoufou.
La semaine dernière, il a accentué ses efforts pour réunir autour de la même table ses partisans et ses opposants, pour tenter de les convaincre de mettre en place un gouvernement en mesure de répondre à la menace du terrorisme dans la région du Sahel.
La formation d'un gouvernement d'unité nationale "se justifie au vu des menaces sécuritaires et institutionnelles qui pèsent sur le Niger", a expliqué le conseiller présidentiel nigérien Kala Moutari le 31 juillet, des propos rapportés par l'agence APA.
Le Niger est face à deux menaces potentielles, a expliqué à Magharebia le politologue Said Ould Habib. "La première est l'infiltration de groupes armés en provenance du Nord-Mali dans les pays du Sahel, notamment la Libye, qui souffre à son tour de la fragilité de la situation sécuritaire sur ses frontières méridionales", a-t-il expliqué.
"Cela est particulièrement vrai à la lumière des informations concernant la présence du terroriste Laaouar dans le Sud libyen, après qu'il eut conduit l'opération à In Amenas ", le complexe gazier algérien où trente-huit otages avaient été tués.
"Le second spectre", a-t-il poursuivi, "est la crainte de voir se répéter le scénario de l'échec de l'État malien."
Et de poursuivre : "Les Nigériens entretiennent de nombreux liens sociaux avec le Mali, avec les Touaregs et les Arabes au nord et les Africains au sud. Ils ont pratiquement les mêmes revendications, souffrent de vulnérabilités économiques et sécuritaires, et comptent sur la France pour assurer leur protection."
Un gouvernement d'unité au Niger serait également une "soupape de sécurité" contre un quelconque groupe tentant d'exploiter la discorde, a-t-il ajouté.
"C'est la raison pour laquelle le Niger souhaite afficher une attitude de fermeté face à cette menace, en protégeant chacun du discours extrémiste", a conclu cet analyste.